Depuis le début du confinement, les actes de malveillance se sont multipliés à l'égard des médecins de l'urgence dans Bordeaux et sa métropole. Même les plaques de leur véhicule sont volées. L'association appelle au respect de ses praticiens.
Les personnels soignants ne reçoivent pas que des applaudissements tous les soirs à 20 h. Depuis un mois, et la mise en place du confinement, ils sont aussi victimes d'actes de malveillance. Et pour certains, c'est une situation inédite.
À Bordeaux, les médecins de SOS Médecins travaillent en règle générale dans de bonnes conditions. Mais ces dernières semaines, la situation a évolué.
L'association enregistre des actes de malveillance dont elle n'a pas l'habitude. Le dernier en date, après le week-end de Pâques, dans la nuit du 13 avril.
Un médecin est appelé au domicile d'un patient, cité Chantecrit, dans le quartier des Chartrons. La visite terminée, il retrouve sa voiture souillée de projectiles alimentaires, lancés depuis les coursives de la résidence. Le véhicule n'est pas abîmé et le praticien pas blessé, mais cette agression suscite l'indignation de l'association qui lance un message sur les réseaux sociaux.
Elle appelle au respect des médecins :
Nous nous rendons au chevet de tous les malades, sans exception, nous mettons tout en œuvre pour notre sécurité et celle de nos patients. Respectez-nous, respectez notre engagement.
Un de nos médecins a été agressé (jet de projectiles) dans l’exercice de ses fonctions. C’est inadmissible.
— SOSMédecins Bordeaux (@SOSBordeaux) April 15, 2020
Subir une telle incivilité alors que #SOSMédecins se dévoue à la santé de tous les concitoyens sans exception, est condamnable.
Respectez-nous
Respectez notre engagement
Vols de plaques sur les véhicules
Pour le Dr Karl Moliexe, chargé de la communication de l'antenne bordelaise, " Cela ressemble aux agressions vécues par les infirmières qui se font huer quand elles rentrent de leur travail ou quand elles découvrent des messages peu sympathiques devant leur porte. "Ces dernières semaines, SOS Médecins a porté plainte à plusieurs reprises pour des vols de plaques sur les véhicules.
Quatre plaques ont été dérobées à Bordeaux et dans la métropole. Des faits qui peuvent paraître anecdotiques au regard de leur nombre mais qui ne le sont pas pour les généralistes, car il y a usurpation d'identité.
Si on nous les volent, c'est pour qu'elles soient mises sur d'autres véhicules, et ça, ce n'est pas possible.
Dr Karl Moliexe.
L'occasion, peut-être pour les malfrats, de s’affranchir d’une attestation dérogatoire de circulation ou de stationner plus facilement. L’association a également signalé des dégradations commises sur deux voitures qui ont été vandalisées et fouillées.
Les auteurs recherchaient probablement des masques car le matériel des médecins n’a pas été volé.
Les patients angoissés à l'idée d'attraper le covid 19
C'est l'un des effets du confinement : les patients ne consultent plus autant les médecins de SOS à Bordeaux. Le standard sonne beaucoup moins depuis un mois. La peur d’être contaminé par le Covid 19 est là.
Les gens sont angoissés, vis à vis du personnel médical au sens large. Et nous, même si nous faisons du domicile, les gens ont peur que nous colportions le virus du Covid 19 chez eux.
Pourtant le docteur Karl Moliexe rappelle que les dispositifs de sécurité et les mesures barrière sont respectés.
Des réactions inquiétantes pour le médecin et dont les conséquences pourraient être dramatiques dans certains cas en fonction des pathologies. Et de marteler "qu'il ne faut pas renoncer à se soigner, à consulter".On désinfecte notre matériel devant le patient. Avant l'examen, après l'examen. On a évidemment des masques. En fonction de la situation, on porte aussi des gants. Il est bien évident qu'on a une attitude responsable.
Le Covid 19 est une maladie qui semble faire disparaître toutes les autres. Depuis l'épidémie, les accidents vasculaires cérébraux, pourtant nombreux en temps normal, (un AVC toutes les 4 minutes en France) sont devenus rares. Idem pour les infarctus du myocarde.
Autre raison invoquée par Karl Moliexe pour expliquer la baisse des consultations : le confinement des enfants. Ils ne vont plus à l'école et toutes les maladies dites communautaires, comme la gastro-entérite, la varicelle, la rhinopharyngite qui se "propagent très vite habituellement n 'ont plus lieu d'être ".
Depuis le 17 mars et le début du confinement, SOS Médecins à Bordeaux et dans la métropole enregistre une baisse de près de 40 % d'appels.