Le cabinet ministériel de l'Enseignement supérieur a annoncé la fin du gel des droits d’inscription à l'université pour tous les étudiants, excepté les boursiers et les apprentis,dès la rentrée 2024. Les associations étudiantes s'alarment d'une situation qui renforcerait une précarité déjà très présente chez les jeunes.
Chaque mois, Diego paie 270 euros chaque mois pour un logement CROUS à Pessac, dans la métropole bordelaise. Dans sa chambre de 13 m², décorée aux couleurs du FC Barcelone, l'étudiant en BTS communication s'inquiète : “Comment équilibrer le temps que je vais consacrer à mes études et celui dédié à mon job étudiant ?”. Mardi 28 mai, le cabinet de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, a annoncé une hausse des frais d’inscription universitaires. Un nouveau coup dur pour le budget des étudiants.
Une décision qui va avoir des répercussions
Depuis maintenant quatre ans, faute à la crise sanitaire de la covid-19, les frais d’inscription à l’université étaient figés : ils n'étaient plus indexés sur l’inflation. Ce gel permettait de soulager légèrement le budget des étudiants. Avec cette annonce du cabinet de l’enseignement supérieur, les frais d’inscription ainsi que la CVEC (Contribution de Vie Étudiante et de Campus) augmenteront à la rentrée prochaine, et vont donc être de nouveau indexés sur l’inflation. Pour les élèves étrangers, les frais d'inscriptions seront multipliés par 16.
Les tarifs pour suivre les cours en licence vont s’élever à 175 euros, soit une augmentation de 5 euros, et les frais d’inscription en master vont passer à 250 euros, soit une hausse de 7 euros. Les étudiants souhaitant poursuivre en doctorat devront débourser la somme de 391 euros, soit 11 euros supplémentaires par rapport au tarif pratiqué ces quatre dernières années.
La contribution à la CVEC passera, quant à elle, de 100 euros à 103 euros. Si cette augmentation peut sembler dérisoire, elle envoie un mauvais signal en ces temps d’inflation pour les étudiants, premiers touchés par la précarité.
“Un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim”
Pour Marine, jeune membre du syndicat l’Union Étudiante au campus de Pessac, cette décision témoigne d’un “réel mépris pour les étudiants” de la part du gouvernement. Ces 3 % d'augmentation vont venir fragiliser une catégorie déjà dans une situation précaire, et visent à exclure “les plus pauvres de l’université”, selon la jeune femme. “Cette augmentation est loin d’être négligeable lorsque l’on sait qu’un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim”, souligne la représentante syndicale, inquiète. Nombreux sont les étudiants, qui, comme Diego, sont dans la nécessité de travailler en parallèle de leurs études, ou alors qui, comme Marine, doivent réaliser un prêt étudiant, et ce, parfois dès leur première année d’étude.
Sensibiliser les étudiants
Face à cette nouvelle, qui tombe en pleine période de partiels et à quelques jours des élections européennes, l’Union étudiante s’efforce de continuer à informer et à alerter les étudiants à travers une campagne sur les réseaux sociaux.
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Nombreux sont ceux qui anticipent la rentrée 2024, qui, selon Marine, s'amorce dans “des conditions qui ne permettent pas à la jeunesse de vivre dignement”. Une rentrée 2024 qui peut s'annoncer tendue face à la force du mouvement étudiant.