Plus de 2 000 personnes ont manifesté ce samedi 25 novembre pour dénoncer les violences faites aux femmes. En Gironde, les violences conjugales ont encore augmenté de 15 % cette année, selon la préfecture.
À Bordeaux, la manifestation est partie à 14 h place de la Victoire. Dans le cortège défilaient plusieurs associations et organisations telles que le planning familial, la CGT, ou encore l'AG Féministe. Des hommes et des femmes venus dénoncer "des chiffres insupportables". "Si vous regardez tout ce qui se passe au quotidien, cela n’avance pas, c’est pour cela qu’on est là", nous explique une jeune femme bordelaise. Plus loin, un homme défile aux côtés de sa compagne. "Cela me parle bien sûr", dit-il. "J’ai des femmes autour de moi et des amies proches qui ont été victimes de violences. Et je soutiens donc cette cause".
À #Bordeaux départ de la manif organisée par l’AG Féministe de Gironde et le Planning Familial pour la journée internationale du droit à l’avortement. Départ de la place de la Comédie pic.twitter.com/4MiCfeShEN
— Rue89 Bordeaux (@Rue89Bordeaux) September 28, 2023
"Justice pour les victimes de l’Université Bordeaux Montaigne"
Sur des panneaux, les slogans défilent. "On ne se taira pas", "Tu n’es pas seul.e", ou encore "Heureusement que c’était censé être la grande cause du quinquennat". Un peu plus loin, on aperçoit une banderole sur laquelle on peut lire "Justice pour les victimes de l’Université Bordeaux Montaigne". Elle fait référence à une situation très tendue cet automne au département philosophie de la faculté. Une dizaine d’étudiantes et d'enseignants de l'université de Bordeaux Montaigne, dont la philosophe Barbara Stiegler, dénoncent en effet des violences sexistes et sexuelles, perpétrées par un professeur.
Derrière cette banderole, une femme préférant garder l'anonymat. "Je suis militante au planning familial, on accompagne depuis plusieurs mois les victimes de violences sexistes et sexuelles à l’université (...)", explique-t-elle. "Et cela nous donne la mesure du chemin qui reste à parcourir et de la manière dont il faut faire pression y compris sur les institutions pour qu’elles acceptent et qu’elles reconnaissent enfin le statut de victimes d'un certain nombre d’étudiantes, d’enseignantes. Et rien n’est gagné. Donc ma présence dans la manif aujourd’hui s’imposait comme une évidence".
"On est à 80 % de classement sans suite" (N. Chairaï)
Dans le cortège, marche une figure incontournable de la lutte contre les violences faites aux femmes à Bordeaux. Naïma Charaï ex-conseillère régionale (PS) est aujourd'hui la directrice de l'APAFED, l'Association Pour l'Accueil des Femmes En Difficulté. Si elle avait un mot à dire au gouvernement, ce serait celui-ci : "Pas une de plus", répond-elle instinctivement. "En 2022, c'est 118 féminicides en France", dénonce Naïma Charaï. "Il y a eu une augmentation du 15 % des violences conjugales, avec 244 000 victimes en France. Il y a eu une mobilisation sans précédent depuis MeToo. Voilà cinq ans que les femmes ont libéré leur parole. Aujourd’hui, on demande des actes forts pour que chacune des femmes qui parle puisse être prise en compte".
On est à 80 % de classement sans suite. C’est scandaleux.
Naïma CharaïDirectrice de l'Association Pour l'Accueil des Femmes En Difficulté
À Bordeaux, des femmes afghanes et iraniennes ont également défilé pour rappeler les conditions dans lesquelles vivent leurs compatriotes et la privation de liberté à laquelle elles font face. Des manifestations ont également été enregistrées à Paris, Lyon, Strasbourg ou encore Marseille. Elles ont mobilisé plusieurs milliers de personnes.