Le tribunal correctionnel de Bordeaux a rendu un délibéré sévère dans cette affaire de fraude massive aux vins de Bordeaux. Condamnant les prévenus à plus d'un million d'euros d'amendes et pénalités fiscales. Deux prévenus écopent de prison ferme.
Les condamnations sont lourdes : plus d'un million d'euros d'amendes et de pénalités fiscales et jusqu'à un an de prison ferme dans cette affaire de vaste escroquerie aux vins de Bordeaux.
Combler un déficit de production
Les faits remontent aux années 2014 - 2016. À l'époque, en 2013 notamment, les rendements viticoles se sont avérés plus faibles que prévu. Ils ne permettaient pas de répondre à la demande. Plutôt que de perdre des marchés, certains ont préféré remplacer le vin manquant par du vin acheté en Espagne.
Les cinq personnes condamnées ce jeudi ont permis d'acheminer près de 35 000 hectolitres de vin espagnol bas de gamme, à bord de 131 camions citernes. Soit l'équivalent de 4,6 millions de bouteilles. Certaines étaient revendues estampillées Margaux, St-Julien, St-Emilion ou Pomerol.
Les vrais responsables absents ?
Ce sont des commerciaux de maisons de négoce, un viticulteur et un transporteur qui viennent d'être condamnés dans cette affaire.
Leurs avocats dénoncent des peines extrêmement sévères alors même que les commanditaires n'ont pas été inquiétés. "À qui a profité le crime et le délit ?" interroge Maître Sophie Benayoun.
Qui a encaissé l'argent, qui a vendu le vin au final ?
Me Sophie Benayoun - avocate d'un condamnéà France 3 Aquitaine
"Ces gens n'ont jamais été ceux qui ont fait de l'argent avec cette histoire. Ils ont été employés par des sociétés pour trouver des fournisseurs" ajoute Maître Lucas Tabone.
Les donneurs d'ordre n'ont jamais été inquiétés"
Me Lucas Tabone - avocat de l'un des condamnésà France 3 Aquitaine
De son côté, Dominique Techer, porte-parole de la confédération paysanne et partie civile, regrette lui aussi que "certaines choses n'aient pas été élucidées". "Tout le monde sait comment ça se passait. 2013, 2014, ça manquait de vin. Des gens ont donné des ordres disant "tu me trouves du vin". C'est un secret de polichinelle. Et ces donneurs d'ordre n'ont pas été poursuivis dans ce procès.
Ce sont de pauvres bras cassés qui prennent
Dominique Techer - porte parole de la confédération paysanne, partie civileà France 3 Aquitaine
Prison ferme et lourdes peines fiscales
Deux hommes, un courtier de Saint-Loubès et un commercial du négoce dans le blayais, ont écopé de deux ans de prison dont un ferme pour le premier et vingt mois de prison dont dix ferme pour le second. Des peines qu'ils purgeront à domicile, munis d'un bracelet électronique. Ils ont aussi interdiction d'exercer toute activité en lien avec le négoce du vin pendant cinq ans.
Les trois autres prévenus ont été condamnés à du sursis et/ou des peines d'amende.
Au total, amendes, pénalités fiscales et dédommagements aux représentants de l'interprofession (fédération des grands vins de Bordeaux, fédération des négociants de Bordeaux et Libourne, conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, confédération paysanne constitués parties civiles) s'élèvent, pour l'ensemble des condamnés, à plus d'un million d'euros.
Voir le reportage d'Hélène Chauwin et Ludovic Cagnato :