Ce jeudi soir, à 21h55, après six mois de voyage, Perseverance sera aux portes de l'atmosphère martienne. Les chercheurs retiendront leur souffle pour cet atterrissage et parmi eux, les bordelais qui ont conçu Supercam, les yeux et les oreilles du robot explorateur.
Ce robot "Perseverance" s'était envolé, le jeudi 30 juillet, direction Mars avec pour mission de découvrir des traces de vie, sur la planète.
Avant de toucher le sol, peu après 20h30 GMT (21h30 en France), le Rover devra en passer par une descente semée d'embûches. Il tente jeudi une très périlleuse manoeuvre, sur le site d'atterrissage le plus risqué jamais tenté, en raison de son relief: le cratère de Jezero.
Peu après 20h30 GMT (21h30 en France), il entrera dans l'atmosphère martienne à une vitesse de 20.000 km/h, protégé par son bouclier thermique qui ne sera largué qu'après l'ouverture d'un immense parachute supersonique.
Huit moteurs pointés vers le sol finiront de le ralentir avant qu'il ne déploie ses six roues, suspendu le long de câbles jusqu'au contact avec le sol.
"Le ciel a l'air clair pour atterrir demain. Mais même avec un ciel clair, l'atterrissage est la partie la plus dangereuse de la mission, et nous ne pouvons garantir son succès", a rappelé lors d'une conférence de presse Allen Chen, responsable de la vertigineuse descente.
Avons-nous toujours été seuls dans l'univers?
La Nasa est de retour sur Mars pour tenter de répondre à cette question en prélevant des indices sur place. Sept mois de voyage spatial, des décennies de travail et des milliards de dollars pour répondre à une seule et unique question: la vie a-t-elle un jour existé ailleurs que sur Terre? La quête de la Nasa culmine jeudi avec l'atterrissage sur Mars de son dernier rover, Perseverance.
Pour la première fois, la mission de l'agence spatiale américaine a comme but explicite de trouver des traces de vie ancienne sur la planète rouge, en collectant pendant plusieurs années jusqu'à une trentaine d'échantillons de roche. Les tubes scellés devront ensuite être rapportés sur Terre par une future mission, dans les années 2030, afin d'être analysés.
Perseverance est le véhicule le plus gros et le plus complexe jamais envoyé sur Mars. Construit au mythique Jet Propulsion Laboratory en Californie, il pèse une tonne, est équipé d'un bras robotique de plus de deux mètres et de 19 caméras. Si Perseverance arrive intact, de premières images pourraient être transmises peu après.
Des Bordelais parmi les chercheurs
Preuve que la mission est également le fruit d'une coopération internationale: le président français Emmanuel Macron, dont le pays a conçu l'un des nombreux instruments scientifiques du rover, assistera à l'atterrissage au siège parisien du Centre national d'études spatiales (Cnes).
A Bordeaux également, les astrophysiciens retiendront leur souffle. Ils ont participé à la conception de "supercam", la tête du robot.
Reagardez le reportage de Karim Jbali et Pascal Lécuyer.
Des prélèvements signes de vie ?
Les chercheurs pensent que le cratère de Jezero abritait, il y a plus de trois milliards et demi d'années, un profond lac d'environ 50 km de large.
"Nous avons de très fortes preuves que Mars aurait pu abriter de la vie dans un lointain passé", a déclaré mercredi Ken Williford, responsable
adjoint de la mission. "La question est: la (vie sur) Terre est-elle une anomalie, un coup de bol?"
Nous, astrobiologistes, rêvons de cette mission depuis des décennies.
Les premiers prélèvements devraient commencer cet été. Plusieurs trajets sont envisageables afin de creuser dans différents milieux, notamment le rivage de l'ancien lac, et le delta formé par une rivière qui s'y jetait. Les scientifiques cherchent ce qu'ils appellent des biosignatures: des traces
de vie microbienne qui "peuvent prendre toutes sortes de formes", par exemple "chimiques" ou de "modifications de l'environnement", a expliqué Mary Voytek, directrice du programme d'astrobiologie pour la Nasa.
Perseverance sera seulement le cinquième rover à fouler le sol martien. Depuis le premier, en 1997, ils sont tous américains, et l'un d'eux, Curiosity, est toujours en activité.
Mais la Chine a récemment placé sa sonde "Tianwen-1" en orbite autour de Mars, contienant un robot téléguidé qui devrait tenter d'atterrir vers mai.