La décision a été votée par le conseil municipal en janvier dernier. 17 espaces extérieurs deviennent des zones "sans tabac" dans la commune de Pessac, près de Bordeaux. Portée par la radiologue, conseillère municipale Zeineb Lounici, cette interdiction vise à "débanaliser" le tabagisme.
Comme la forêt du Bougailh, le poumon vert de Bordeaux Métropole, une quinzaine de parcs et jardins sont concernés ainsi que trois marchés de plein air. 17 espaces extérieurs en tout, placés sous le label "sans tabac". Zeineb Lounici, élue municipale et radiologue chargée du dépistage du cancer du sein au CHU de Pellegrin justifie la mesure.
Le but, ce n’est pas d’être contre les fumeurs mais de donner un signe fort de lutte contre le tabagisme. Ces espaces aérés sont des espaces ouverts mais ce sont aussi des espaces de repos, de détente, de loisirs, d’activités sportives où les familles viennent avec leurs enfants. De dénormaliser l’usage du tabac, de ne pas voir des adultes fumer, c’est très important pour prévenir la première cigarette.
C'est La ligue contre le cancer qui a initié le label et propose aux collectivités territoriales une convention pour "changer les attitudes face à ce qui est considéré généralement comme un comportement normal et acceptable. L’interdiction de fumer dans les lieux publics contribue à la dénormalisation du tabagisme dans la société" indique sur son site le premier financeur privé et indépendant de la recherche contre le cancer en France.
La conseillère municipale déléguée à la promotion de la santé et au logement a proposé le projet lors du conseil municipal de janvier dernier. Il a été voté à l'unanimité et le maire de Pessac a pris un arrêté municipal, suivant l'exemple de plusieurs villes françaises comme Nice, Auxerre, Cannes, Cornimont, Menton, Ouistreham et Saint-Quentin.
VIDEO : Pourquoi interdire l'usage du tabac dans ces lieux publics >
Zeineb Lounici estime qu'il permettra d'agir sur plusieurs axes. L'environnement en luttant contre les mégots de cigarette. 30 milliards sont jetés dans l’espace public en France chaque année chiffre l'élue municipale. A Pessac, l'an dernier, 7 kilos de mégots ont été collectés dans 14 parcs de Pessac à l'occasion du world cleanup day. Or, ces déchets mettent entre un à cinq ans pour se dégrader. Ils libèrent des toxiques comme l’arsenic qui vont polluer les sols rappelle-t-elle.
Cette mesure limitera aussi les départs d'incendie. Rien que l'été dernier, on en a dénombré deux dans la forêt du Bourgailh, et ses 110 hectares aménagés.
Mais cet arrêté municipal est avant tout une décision de santé publique. Cet ancien médecin de l'Institut Bergonier, le centre régional de Lutte Contre le Cancer de la Nouvelle-Aquitaine connaît le sujet :
La lutte contre le tabagisme et le tabagisme lui-même passif et actif est un vrai problème de santé publique. C’est 78 000 morts par an qui peuvent être évités. Par cancer du poumon mais également du sein, du colon, les cancers ORL, de la vessie mais c'est aussi des maladies chroniques non transmissibles qui comptent très cher à la protection sociale.
Pas de précipitation pour autant. La municipalité de Pessac veut d'abord faire oeuvre de pédagogie explique Zeineb Lounici
Il faut faire les choses tranquillement, se donner un temps pour faire de la pédagogie avant de commencer à verbaliser.
La signalétique sera progressivement déployée pour indiquer l'interdiction de fumer dans ces espaces.
Généralement, l'interdiction est bien acceptée par les habitants des villes qui l'appliquent, qu'ils soient fumeurs ou non fumeurs. Un sondage IPSOS réalisé par l’Alliance contre le tabac en 2014 indiquait que 84 % des personnes interrogées soutiennent l’interdiction de fumer dans les parcs et jardins publics dédiés aux enfants. Ce sondage a démontré également que 84 % sont favorables à la protection de la fumée de tabac aux abords des établissements scolaires selon la ligue contre le cancer.