Faute de personnel suffisant, le service des urgences du CHU Pellegrin à Bordeaux est contraint de n'admettre que les patients les plus prioritaires ce mois d'août. Cette nouvelle régulation se répercute sur l'activité des autres urgences de la métropole, sans pour autant être une solution à long terme.
Confronté à une activité sans précédent cet été, le CHU Pellegrin de Bordeaux ne peut plus prendre en charge tous les patients qui se présentent aux urgences. Depuis le 18 juillet, les modalités d'admission dans ce service ont évolué et seuls sont admis ceux qui ont été régulés par téléphone par le Samu.
"On détermine des catégories de personnes en fonction de l'urgence," explique Alain Es-Sebbar, secrétaire départemental CGT Santé. "Pour les autres, on leur propose des solutions, poursuit le Dr Philippe Revel, chef du service des urgences de Pellegrin. On tente de réduire l'activité, mais on reste très en tension. Cet été, c'est infernal : on a près de 2 500 appels par jour, c'est du jamais vu."
Pas assez de soignants
Si le service veut réduire son activité, c'est que son personnel, trop peu nombreux, ne peut plus suivre la cadence. "On est déjà en sous effectif de janvier à décembre, mais l'été, c'est encore pire, car tout le monde souhaite prendre des congés," note Philippe Revel. "Notre charge de travail augmente aussi car Bordeaux accueille beaucoup de touristes l'été," complète Alain Es-Sebbar.
Cette nouvelle régulation du CHU Pellegrin se répercute sur l'activité des urgences des autres centres hospitaliers de la métropole. D'autant plus que ce service de la clinique mutualiste de Pessac est fermé une dizaine de jours jusqu'au 21 août, "en raison d'un personnel médical insuffisant". "C'est une situation sous tension pour tout le monde," avoue-t-on du côté de l'hôpital Bordeaux Nord.
Si elle apaise un peu le service du CHU, la sélection des patients n'est qu'une solution à court terme. "Il y a davantage de travail et les services ferment, faute de personnel. Les gens appellent le 15 et ça augmente la charge de travail du régulateur," souligne le docteur Revel.
Difficile de recruter
Tous s'accordent pour dire que la solution passe par des recrutements dans le médical et le paramédical, d'autant plus que les effectifs de santé n'ont pas augmenté à la même vitesse que la démographie de la métropole bordelaise. Mais difficile de recruter : par les conditions de travail (la charge de travail, les horaires décalés notamment et le salaire, les urgences ne séduisent plus les médecins et aides-soignants.
Je suis très inquiet, les gens vont arrêter si on ne fait rien. On forme des gens, ils travaillent pour nous quelque temps et jettent l'éponge au bout d'une année. Ils partent faire de l'intérim dans le public ou travailler dans le privé.
Dr Philippe Revelchef du service des urgences du CHU Pellegrin à Bordeaux
Pour le médecin urgentiste, ces situations de tension aux urgences n'sont pas un problème d'établissement ou de gestion de l'ARS, "mais un problème au niveau de l'État". "On n'a pas de politique de santé qui accompagne au mieux les professionnels. Le salaire, les conditions de travail (...), ça doit être amélioré."