LÉGISLATIVES 2024. Un sud ouest ancré à gauche, une percée du RN en Dordogne, ce que révèlent les résultats en Aquitaine

La vague du Rassemblement national contingentée à la Dordogne, retour de la gauche socialiste, dans la région, le second tour de ces élections législatives accorde un sursis à la majorité présidentielle. Elle témoigne aussi d'un ancrage de gauche séculaire.

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Ils ont remporté 11 circonscriptions, sur les 28 qui composent la région. Ce dimanche, le second tour de ces élections législatives a particulièrement surpris tant au niveau régional que national, et dénote plusieurs dynamiques. “Il y a eu des scenarii inattendus, loin de ceux qu’on a projetés”, avance Ludovic Renard, politologue à Sciences Po bordeaux.

Le Rassemblement National, pas encore étatique

Au premier tour, les élections législatives ont porté le Rassemblement National dans 17 circonscriptions d'Aquitaine. Au second tour, seul un candidat accède à un siège de député en Gironde, Edwige Diaz qui a été élue dès le premier tour. Même scénario en Lot-et-Garonne. Le parti de Marine Le Pen est même totalement absent des Landes et des Pyrénées-Atlantiques.

Une cartographie qui s’explique d’abord par une nouvelle dynamique de campagne du parti de Marine Le Pen. “On a découvert beaucoup de candidats qui n’étaient absolument pas connus des électeurs, n’avait pas de discours construit, et qui n’avaient donc pas l’envergure pour endosser le rôle d’un député”, explique Ludovic Renard. Si le parti confirme sa position de contestation, voire d’opposition étatique, il n’aurait pas encore réussi à convaincre pour incarner un nouveau gouvernement.

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Dans la région, seule la Dordogne permet l’élection de trois candidats du Rassemblement National. Comme en Lot-et-Garonne ou dans l’Entre-deux-Mers, le vote de désillusion y est très présent. “Ce sont des territoires où les services publics se sont désengagés, où les problématiques d’agriculture sont très présentes. Dans les agglomérations, c’est la question de l’immigration et de sa gestion”, analyse Ludovic Renard, soulignant la “porosité” de ce département, historiquement plus ancré à droite que le reste de la région.

Si les circonscriptions ont révélé certaines dynamiques, au niveau départemental, le nombre de voix par bloc politique montre des différences, liées notamment à la répartition de la population en fonction des circonscriptions. Ainsi, la Dordogne, malgré ses trois députés RN a d'abord voté NFP. À l'inverse, les Landes, où tous les députés sont issus de la gauche et d'Ensemble, ont en premier voté le Rassemblement National.

La gauche en héritage

Cette digue à la vague bleu marine n’étonne pas vraiment sur ces terres ancrées depuis des décennies à gauche. “Ce sont des terres radicales, socialistes, qui possèdent quelques bastions bleus, de droite traditionaliste, mais nous sommes loin du sud-Est ou du Nord”, envisage Ludovic Renard. Pour lui, ces ancrages sont notamment visibles par l’implantation d’élus socialistes au niveau départemental, voire régional.

Le Sud-Ouest n’est pas tourné vers les partis nationalistes.

Ludovic Renard

Politologue à Sciences Po Bordeaux

Ils ont également permis, contrairement à l’alliance de la Nupes, de 2022, de réintégrer des candidats socialistes sur les terres qui les ont portées. C’est notamment le cas dans le Médoc. Pascale Got, sortie victorieuse face au député sortant, Grégoire de Fournas, en est une “illustration”. “Elle a été députée avant d’être sortie, lors des élections, pour un candidat LFI qui a perdu face à Grégoire de Fournas. Elle est allée vers ses soutiens dans le Sud-médoc, pour mieux reconquérir le nord", précise le politologue.

L’ultime mise en garde

En France, l’élection des candidats de la majorité présidentielle ou de la gauche émane directement du front républicain, appelé dès le premier tour. Une évidence, loin de témoigner d’un fatalisme généralisé. “La majorité des Français n’adhèrent pas aux idées du Rassemblement National. Ce front républicain, c’est la représentation de valeurs communes de vivre ensemble, qui sont pour certains à l’origine du désarroi des électeurs”, analyse le politologue.

Pour autant, ce vote traduit une “mise-en-garde” lancée à la majorité présidentielle, et plus précisément, Emmanuel Macron. “Il va désormais falloir redonner son rôle initial au Parlement, débattre sur les nouveaux enjeux comme la transition écologique, l'immigration”, avance Ludovic Renard. Dans ces votes, c’est la gestion de la France comme une “start-up nation” qui est dénoncée avec virulence. “Ce qui marche pour General Motors ne marche pas pour la France”, résume le politologue bordelais.

Emmanuel Macron et ces élections législatives mettent fin à 30 ans de politique centrée autour du président.

Ludovic Renard

Politologue

Loin d’une Assemblée plurielle “ingouvernable”, cette pluralité pourrait permettre d’être “en désaccord pour trouver de nouveaux accords”. “Nous avons tous les moyens pour que cette cohabitation fonctionne. C’était la norme sous la IIIe et IVe république”, rappelle Ludovic Renard. Pour le politologue, Emmanuel Macron a tenté de gouverner “sans parti, ni presse”. “Une foutaise. S’il faut parfois sortir des logiques partisanes, on ne peut plus gouverner sans prendre en compte le rôle crucial du travail parlementaire”, explique-t-il.

Si le Front républicain a permis de réaffirmer la majorité présidentielle au pouvoir, ses fragilités flagrantes en sont une mise ne garde : “c’est un grand souffle qui appelle désormais à une plus grande responsabilité”.

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