Sa famille politique n'a pas survécu à la vague de la République En Marche en Aquitaine. Pas un seul siège n'a été conquis par les Républicains dans la région. Ce lundi, au lendemain du second tour des élections législatives, Alain Juppé livre son analyse. "Sachons prendre du temps", tempère-t-il.
Après avoir refusé de s'exprimer le soir du scrutin, Alain Juppé est revenu sur son blog sur le second tour des élections législatives. Aux côtés de la victoire indéniable d'Emmanuel Macron et la République En Marche, "les perdants sont nombreux", estime-t-il.
S'il ne livre pas d'analyse à l'échelle régionale ou locale, ses mots semblent s'appliquer à l'Aquitaine. En effet, il note que "la famille de la droite et du centre" est "perdante" et dans la région, le scrutin n'a pas épargné les membres de sa famille politique. Il ne reste plus aucun député des Républicains en Aquitaine, même sur la Gironde qui est pourtant son fief. Un fait qui n'a pas échappé à Grégoire de Fournas, conseiller municipal FN dans le Médoc :
En Gironde, fief de Juppé, aucun député LR sur les 12 circonscriptions. Juppé ce boulet !
— Grégoire de FOURNAS (@gdefournas) June 19, 2017
Ni à Michèle Delaunay, députée sortante de la Gironde éliminée dès le premier tour :
AJuppé a voulu 12 candidats EM en GIronde pr se débarrasser des députés socialistes, il s'est débarrassé de la totalité de ses candidats LR
— Michèle Delaunay (@micheledelaunay) 18 juin 2017
Pour ceux qui parviennent à garder un siège à l'assemblée, un triple défi s'annonce selon lui : "celui de son attitude vis-à-vis du gouvernement : opposition frontale ou travail constructif. Le défi du renouvellement de ses équipes dirigeantes. Les anciennes ont été remerciées (je m'applique le constat à moi-même) et nos électeurs attendent une vraie relève. Enfin et surtout, le défi de la ligne politique et plus profondément de la vision qu'une droite humaniste régénérée pourra proposer au peuple de France".
Pour le maire de Bordeaux, la victoire de la République En marche s'inscrit par ailleurs dans une très forte abstention qui "affaiblit la démocratie", écrit-il. En Aquitaine, elle a oscillé entre 45% et 57% en moyenne, "d'un niveau jamais vu dans une élection législative". Selon lui, c'est le résultat d'une élection présidentielle qui s'est "déroulée dans des conditions telles que le trouble et la confusion se sont installés dans les esprits".
Par ailleurs, Alain Juppé note la défaite du PS "qui a été dynamité". Dans la région, le parti parvient quand même à conserver 3 sièges.
Les partis extrêmes "réduits à la portion congrue dans la nouvelle Assemblée" sont également perdants pour Alain Juppé. "Ce qui ne manquera pas de relancer le débat sur la proportionnelle. Vieille tentation de changer le thermomètre pour faire baisser la fièvre".
Le risque d'instabilité gouvernementale est loin d'être écarté dans notre pays, il suffit pour s'en convaincre de voir le morcellement des votes au premier tour de l'élection présidentielle. Même une dose de proportionnelle suffirait à fragiliser nos institutions et la capacité à gouverner, sauf à inventer un système qui, comme dans les élections municipales, garantisse une majorité de gouvernement à la formation arrivée en tête.
"Sachons prendre du temps", conclut-il.