Les chenilles processionnaires sont de retour : pièges, protections, la lutte s'organise

Les chenilles processionnaires ont commencé à sortir de leurs nids en ce mois de février, un peu plus tôt que d'habitude. Après une présence moins forte en 2021 et 2022, elles semblent plus nombreuses depuis l'an dernier. Attention : ni vous, ni vos animaux domestiques ne doivent s'en approcher.

"Tous les ans, nous avons des cas", témoigne le docteur Audrey Lhote, vétérinaire installée en Lot-et-Garonne depuis dix ans. "Là, nous en avons eu un la semaine dernière, ça commence".
Cette spécialiste des animaux domestiques doit, chaque saison, traiter "un à deux cas par semaine". Des animaux victimes de poils urticants de chenilles processionnaires, essentiellement des chiens. "Les chats se méfient beaucoup plus, les cas sont plus rares" explique-t-elle. "En général, les chiens lèchent les chenilles, ce qui provoque une brûlure inflammatoire de leur langue.

La langue gonfle, devient très ulcérée et l'infection peut provoquer une nécrose, une mort des tissus. Cela peut aller jusqu'à la moitié de la langue.

Audrey Lhote

Vétérinaire dans le Lot-et-Garonne

Pour les cas les plus graves, la vétérinaire doit alors amputer. "En cas de contact, il faut immédiatement rincer la langue sans frotter et donner des anti-inflammatoires et des antibiotiques". 

Des chenilles nuisibles à la santé humaine

Langues, mais aussi palais, truffes ou babines peuvent être touchées chez un chien. Chez l'Homme, ce sont les voies respiratoires et la peau qui peuvent être attaquées. Avec comme conséquences des démangeaisons, conjonctivites ou problèmes pour respirer. Les réactions sont plus ou moins graves selon les personnes. Les personnes allergiques et asthmatiques sont les plus à risques.

 Attention notamment à la tentation de les ramasser ou les balayer pour s'en débarrasser, comme le rappelle cet internaute géologue sur X (ex Twitter).

 Au vu de leur prolifération sur l'ensemble du territoire français et de leurs effets sur la santé publique, les chenilles processionnaires ont été déclarées "nuisibles à la santé humaine" dans un décret paru en avril 2022. Une décision qui oblige les autorités à traiter les zones à risques pour protéger les populations.
Un observatoire des chenilles processionnaires a également été créé en 2021. Il est piloté par le Fredon, l'organisme chargé de la surveillance, de la prévention et de la lutte contre toutes les problématiques liées au végétal.

Pas forcément plus nombreuses, mais plus précoces

"Nous n'avons pas d'informations précises sur leur nombre, il n'y a pas de comptage", indique Alice Samama, animatrice au sein de l'observatoire. "Si on en voit davantage, c'est que leur aire de répartition a augmenté : on en trouve pratiquement dans toute la France". Elle explique aussi recevoir plus de signalements de personnes ou d'animaux ayant fait des réactions. "Pas forcément parce qu'il y a plus de chenilles, mais parce que les gens sont mieux informés et savent qu'ils peuvent nous contacter". 

Autre constat récent : la précocité de certaines chenilles. "Quand les températures sont douces, elles trouvent à se nourrir plus tôt dans l'année et certaines arrivent à terminer leur cycle de croissance plus vite. Celles qui sont prêtes sortent de leurs nids, on a pu en observer en octobre ces dernières années alors qu'en général, elles sortent en fin d'hiver". 

Une fois descendues de leurs arbres, pins ou chênes, les chenilles processionnaires s'enterrent dans un sol meuble, durant plusieurs mois, avant de se transformer en papillons de nuit. Sabine Llobet, inspectrice en santé des végétaux du Fredon de Nouvelle-Aquitaine, assure qu'"elles peuvent ainsi rester entre une et cinq années enfouies dans le sol. C'est par cycle, on ne se l'explique pas. En 2021 et en 2022, on n'en voyait pas beaucoup, elles étaient moins présentes dans les espaces. Depuis l'an dernier, elles sortent beaucoup plus". 

"En Lot-et-Garonne, on commence à en voir depuis début janvier", témoigne Jean-Jacques Masson, le directeur du Fredon Lot-et-Garonne. "Avant, on les voyait davantage en février, maintenant leur présence est plus étalée".

Nichoirs à mésanges

Son service est de plus en plus sollicité par des collectivités ou des particuliers souhaitant éviter tout contact avec ces chenilles. "Beaucoup de mairies nous demandent d'intervenir dans des parcs, des centres de loisirs, des cours d'écoles. On traite soit au mois d'octobre dans les pinèdes, soit en décembre pour les captures", poursuit Jean-Jacques Masson.

On pose des pièges autour des troncs et on récupère les chenilles dans des poches.

 Jean-Jacques Masson

Directeur du  Fredon Lot-et-Garonne

L'observatoire des chenilles processionnaires a édité un "recueil des méthodes de lutte" à destination du grand public afin d'aider chacun à mettre en place des outils adaptés à sa situation. "On détaille chaque méthode en expliquant ses avantages et ses inconvénients.
Pour les particuliers, on propose par exemple la pose de nichoirs à mésanges qui sont les principaux prédateurs des chenilles. Mais il n'y pas de méthode miracle et le but n'est pas de les éradiquer complètement. Il ne s'agit pas d'une espèce invasive exotique, elle fait partie intégrante de la chaîne alimentaire d'autres animaux"
.

Alice Semama recommande de contacter les mairies ou des professionnels s'il s'agit de faire retirer des nids. Il ne faut en aucun cas intervenir sans gants, masque et combinaison jetables. "Il est possible de n'avoir aucune réaction une année et d'en être victime l'année d'après", prévient la spécialiste.

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