Les personnel de l'hôpital public dans les rues de Bordeaux et Bayonne pour réclamer plus de moyens

Des personnels du secteur de la santé publique et du médico-social sont descendus dans la rue dans toute la France ce mardi. Ils étaient notamment 1500 à Bordeaux, 500 à Bayonne pour réclamer des hausses de salaires, mais aussi l'arrêt des fermetures de lits, et "des moyens" et des "postes" pour l'hôpital public lessivé par les vagues successives de Covid-19.

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Les malades du Covid-19 continuent d'affluer dans les hôpitaux, qui comptent plus de 22.000 patients, dont près de 4.000 en soins critiques, selon les derniers chiffres publiés hier soir, lundi par Santé publique France.

Pourtant ils étaient plusieurs milliers de soignants à avoir fait le choix douloureux de laisser leurs patients ce mardi 11 janvier 2022. Répondant à l'appel de plusieurs syndicats (CGT, SUD et CFE-CGC) et de plusieurs collectifs de soignants (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences, Inter-Blocs, Printemps de la psychiatrie...), ils ont manifesté pour "sauver leur peau" comme l'explique Sandra Pereira - Ostanel, représentante de la CGT au Conseil départemental 64 : 

"Tout ce personnel, que je qualifie souvent d’invisible, c’est-à-dire qui travaille dans l’ombre, ne s’autorise pas à faire grève habituellement. Parce qu’il s’occupe des gens les plus vulnérables, de la population la plus fracassée, la plus précaire mais aujourd’hui, ils sont en train de sauver leur peau, sauver aussi la qualité de leur mission."

Crise du recrutement

A Bayonne, la manifestation a réuni environ 500 participants, 1 500 à Bordeaux,  selon les organisateurs. "On en a plein le CHU", "Ségur pour tous", "les premiers de cordée, c'est nous", pouvait-on lire sur les pancartes des participants.

Pour Hakim Cherifi, médecin urgentiste à l'hôpital bordelais Saint-André, l'hôpital public a souffert de "20 ans de politique comptable" et a "besoin de plus de moyens" pour "ne pas mourir". "Avoir des patients aux urgences 24 heures sur un brancard par manque de lits, c'est ce qui me gêne le plus", confie-t-il. 

De nombreux techniciens et ouvriers hospitaliers étaient présents dans les cortèges en colère contre leurs conditions de travail et leur rémunération. "On a des protocoles de nettoyage de nos machines extrêmement rigoureux et toujours plus de patients pour Covid, cancers, maladies graves, à soigner. On travaille comme à l'usine", dénonce Cécile Mata, 39 ans, manipulatrice en radiologie au CHU de Bordeaux, réclamant "les mêmes primes" pour les techniciens que pour les soignants afin de recruter des jeunes.

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Cinq cents manifestants ont réclamé des embauches et une revalorisation de leur pouvoir d'achat. Ils veulent défendre le service public et replacer l'humain au cœur de leur mission. ©France télévisions

Car selon ces manifestants, le Ségur de la santé n'a rien changé. Il s'est traduit par des hausses salariales pour certains personnels et des investissements, mais n'a pas provoqué le choc d'attractivité attendu. Comme le confirme Pierre Accini manipulateur en radiologie, élu CGT au Centre Hospitalier Côte basque : 

"Qui va remplacer le personnel qui part à la retraite ? Aujourd’hui, il y a un abandon massif des élèves parce qu’ils se rendent compte que ce sont des métiers très difficiles. Le covid n’ a pas arrangé la situation. On travaille tout le temps, le week-end, le soir. Ce sont des métiers qui attirent moins les jeunes. En plus, quand ils découvrent les salaires, ils ne sont pas rassurés. Ce sont des métiers où ils ne veulent plus aller."

Usés par deux années de Covid, les manifestants demandent des réouvertures de lits, des budgets en hausse et des recrutement de personnels qualifiés. 

Un manque de personnel qui pèse 

Selon une enquête rapide dirigée par le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, en octobre dernier, environ un lit sur cinq était fermé dans les grands hôpitaux publics faute de personnel. Certains seraient partis dans le privé. D'autres auraient quitté la profession. Hannah et Muriel sont infirmières au centre hospitalier universitaire de Bordeaux. Elles refusent de quitter le navire secoué par la crise de la Covid et font le choix de rester au CHU. Hannah est diplômée depuis à peine deux ans. Toute jeune dans la profession, elle y trouve son compte. Dans son service de gériatrie, la moyenne d'âge est jeune. L'entraide et l'ambiance l'aident à tenir : 

"Il faut aimer ce métier. Si on ne l'aime pas, on ne peut pas l'exercer correctement. C'est une vocation. Je comprend pourquoi il y a des soignants qui partent parce que c'est compliqué. Nous, on est jeunes, on est pleins d'énergie."

Muriel exerce son métier depuis presque vingt ans. Infirmière thérapeutique, elle s'occupe des malades souffrant de cancer du sang. Elle se dit du genre "têtu et persévérant" et se reconnaît "dans les valeurs de l'hôpital public -on soigne toute le monde- et les valeurs universitaires, le partage d'expérience, on forme les jeunes".
Mais elle l'admet, "Avant la Covid, on était à flux tendu en termes de personnel. Depuis la crise de la Covid, c'est très, très difficile. Il manque vraiment de personnel". 

En moyenne, le personnel de l'hôpital public a perdu 17% de son pouvoir d’achat. Le point d’indice est gelé depuis onze ans. 

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