Lutte contre l'homophobie dans le sport : l'association Ovale Citoyen met en place la cellule d'écoute "Le Cri des vestiaires"

Une cellule d’écoute et de conseil pour les joueurs victimes de discriminations sexuelles et homophobes, appelée "Le Cri des vestiaires", est lancée par l'association Ovale Citoyen en collaboration avec la Ligue nationale de rugby. L'objectif est de permettre la libération de la parole sur un sujet tabou dans le sport professionnel comme amateur.

Lancée en 2018, l'association Ovale Citoyen s'est tournée vers l'insertion durable dans la société de personnes discriminés ou exclues à travers le sport.

Cette année et pour la journée de lutte contre l'homophobie, mardi 17 mai, l'annonce de la mise en place du "Cri des vestiaires", une cellule d'écoute et de conseil, qui vise à accompagner dans les prochaines semaines tout individu dans sa démarche de concilier identité de genre ou orientation sexuelle dans le sport professionnel ou amateur, a permis de mettre en lumière un sujet encore tabou au sein de la société.

Plusieurs ligues et associations de sport professionnel (LNR, LFP, UNFP, LNH, Provale...) ont ainsi soutenu un outil devenu "nécessaire pour libérer la parole dans le sport et les clubs, à l'image du mouvement Me Too et des violences sexuelles dans la vie quotidienne", reconnaît Lucas Puech, directeur de la lutte contre les discriminations à Ovale Citoyen, dont l'association est bien implantée à Bordeaux.

Un documentaire à l'origine du déclic

Face à cette situation, le rôle du documentaire "Faut qu'on parle" diffusé sur les antennes de Canal + en juin dernier a servi d'électrochoc et de prise de conscience. Face caméra, six sportifs professionnels y prennent la parole pour expliquer les difficultés de révéler son homosexualité dans le sport, la culture du secret, les relations dans le vestiaire marqué par la virilité et leurs réactions face aux moqueries et autres "blagues" homophobes.

Un moyen de rendre visible et concernant le problème auprès des coéquipiers et des clubs sportifs pour éviter des polémiques comme celle récente sur le joueur du PSG, Idrissa Gueye, qui est suspecté d'avoir refusé de porter un flocage arc-en-ciel, symbole de soutien aux personnes LGBT. 

"J'ai grandi avec cette idée que le sport avait cette notion de famille, où l'on pouvait être qui on voulait, avoir des amis et créer des souvenirs, explique Lucas Puech. Mais ces personnes n'arrivent pas à vivre ces expériences pleinement comme d'autres sportifs hétéros, du fait qu'elles cachent leur identité pour éviter des situations de honte".

Accompagner le discours de la personne et aider à la formation "concrète" des clubs pro 

Dans un rôle d'écoute, d'orientation et d'information, l'association a décidé de mettre en place une cellule "Cri des Vestiaires" pour recueillir les témoignages de sportifs, anonymisés ou pas, ayant des difficultés à révéler leur orientation sexuelle.

Une plateforme d'appels auprès d'un personnel issu du monde médico-social ou tout simplement de personnes passées par cette même situation, doublée d'un site avec une médiathèque (films, documentaires, livres...) doivent être mise en service dès septembre prochain.

L'initiative n'a aucune "visée punitive" vis-à-vis des structures prévient Lucas Puech. "Ce que l'on va chercher à faire, c'est vraiment accompagner une personne qui aurait subi des violences et non pas chercher à punir le club incriminé. On transmettra les informations à des associations ou des personnes qui sont plus qualifiées pour cela si la personne le souhaite, précise-t-il. Ensuite, on va se pencher sur la formation et la pédagogie dans les clubs, avec les encadrants et les joueurs, pour les sensibiliser à ces questions et décloisonner ces tabous dans le sport."

Rassembler des données quantitatives pour recenser une "réalité cachée"

Un "tour des stades" en partenariat avec la Ligue nationale de rugby est déjà sur les rails dans les 14 clubs de Top 14 et les 16 clubs de Pro D2. Une expérience également utile pour tenter de recueillir des données et des témoignages afin "d'avoir un panel de ce qui existe dans le sport, car les statistiques actuelles ne sont pas réalistes si on les compare au nombre de personnes homosexuelles ou trans en France et même dans le monde".

Des cas isolés d'homosexualité révélés par des "coming out", mais encore trop peu pour permettre une généralisation de la parole, surtout dans le sport amateur et ses "nombreux oubliés". Le manque de place accordée et de structures d'écoute peuvent en grande partie expliquer ce qui est considéré comme une rareté statistique, mais une "réalité cachée" et qui "peut provoquer l'intériorisation des sentiments ou même le dégoût et l'arrêt soudain des sports collectifs pour certains".

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