Après un hiver sans fin et des giboulées jusqu’au mois de mai, l’heure est au constat : la fameuse dépression saisonnière n’a que trop duré. Face à ce coup de déprime, de plus en plus de monde part chercher la lumière de manière artificielle.
À Météo-France, les jours se ressemblent depuis ce début d'automne. Quand, au bureau, votre collègue vous parle d'un temps de Toussaint pour le week-end pascal, sachez que les prévisionnistes ne le démentent pas.
Jusqu'au "triple des normales saisonnières"
Dans la région, c'est dans le Limousin qu'il a le plus plu, avec "3 fois de plus de pluie sur ces 20 premiers jours" par rapport aux normales de saison, précise Thomas Beauquesne, prévisionniste à Météo France. Des normales largement dépassées également en Gironde et sur le Pays Basque.
Mais au-delà de ces pluies discontinues, le prévisionniste, reconnaît par ailleurs un plafond bas et des températures en berne. "Pour le mois de mai qui est bien entamé, on a un déficit de un à deux degrés sur toute la région". Avec une exception, apprécie-t-il, "ce samedi 11 mai, Tout le monde se le rappelle, il faisait 29,6 degrés à Bordeaux". Avant de commenter "C’est ce genre de journée qu’on est habitués à avoir".
Pas étonnant que personne n'ait eu son quota de soleil et de temps sec. C'est pourquoi certains décident de se le procurer, même artificiellement.
Lumières artificielles
Célène Joachim dirige un centre d’esthétique bordelais, spécialisé dans la luminothérapie depuis treize ans. Une cliente, qui vient tout juste de terminer sa séance, s’exclame "ça va beaucoup mieux !" . "Vous avez l’air beaucoup plus détendue", lui répond Célène, avant de commenter, "Souvent les gens arrivent avec les visages fermés et ils repartent avec le sourire."
Cette professionnelle observe à quel point les gens la sollicite en ce moment : "j’ai eu sept soins ce matin". Elle en est persuadée, "le temps joue sur le moral des gens, ils sont un peu en dépression. La luminothérapie ça rebooste le moral."
Plusieurs rayonnements de différentes couleurs peuvent être utilisés. C’est la lumière rouge qui imite le rayonnement du soleil, "mais sans UV" insiste la praticienne. Les lumières jaunes et bleues qui traitent la qualité de la peau, sont plus utilisés par des médecins esthétiques.
Un acte médicalisé
Dans cet institut, les plannings sont aussi remplis avec l'aide des praticiens. "Il y a des psys qui m’envoient du monde pour des séances", assure Célène. Des psychologues et des psychiatres, conquis par les bienfaits de cette méthode "inventée depuis plus d’un siècle et que l’on a peu exploitée" répète la responsable du centre. D’ailleurs, à Bordeaux, des cabinets de psychologues et psychiatres se sont dotés de cette invention, pour réaliser ces soins en interne.
Le soleil ça rend heureux et même faire un soin une fois par mois, ça fonctionne.
Célène JoachimGérante d'un institut de luminothérapie à Bordeaux
Une méthode également exploitée dans le monde médical, comme au centre hospitalier de la Côte Basque, qui s’est doté de matériel de luminothérapie. Une technique qui selon ses communicants, combinée à de la relaxation, permet de "favoriser la détente, diminuer le stress et améliorer le sommeil", très utile auprès des patients stressés.
Sous forme de masque, ce dispositif est mis en place depuis quelques mois au service de cancérologie de l’hôpital Saint-Léon de Bayonne, explique Laurent David, responsable du service. C’est, dit-il "apaisant et reposant", avant de regretter, "on ne le propose pas assez, je pense", car ce n’est pas encore complètement rentré dans les mœurs.
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Attention aux lampes à bas coûts
En dehors d'une prescription médicale, ce petit luxe en institut se paye cher et Célène Joachim le sait. "5 séances pour 390 euros tout de même" reconnait-elle "ça reste quand même cher, mais on a du monde". Sa machine, dernier cri, lui a coûté 65 000 euros.
Ainsi, comme au début de l’utilisation des lasers pour une épilation définitive, elle a peur que certaines personnes malhonnêtes vendent des produits peu efficaces, voire dangereux. Elle alerte sur les lampes à bas coûts que l’on trouve sur les sites marchands ou dans les boutiques de petit électro-ménager: "Ce ne sont pas du tout les mêmes lampes" insiste la responsable. "Je les déconseille fortement à mes clients" car explique-t-elle, elles peuvent envoyer des lumières bleues, et des ondes qui n’ont pas la bonne longueur. Elle indique souvent à ces clients qui ont acheté des lampes à 50 euros sur les sites marchands, "attention, c'est dangereux".
"On devrait retrouver un peu de moral la semaine prochaine"
Pour ceux qui n'ont pas les moyens de tester la lumière artificielle, il ne reste qu'à patienter. "Le printemps arrive la semaine prochaine", indique Thomas Beauquesne, prévisionniste à Météo-France, qui précise "On devrait retrouver un peu de moral une partie de la semaine".
Il faut en effet attendre vendredi pour avoir une journée sans pluie, la fin de week-end pourrait être entachées de quelques orages. Mais, dès mardi, la météo devrait se stabiliser, aux vues des données aujourd'hui accessibles et commentées par le professionnel.
Ce dernier prédit un retour à des températures de saison également. Mais "attention", précise Thomas Beauquesne, "il peut y avoir une journée très ensoleillée et un orage en soirée". Avant d'apprécier "Ça va déjà remettre un peu de moral pour les gens qui attendent la douceur impatiemment".