Le Grand hôtel de Bordeaux devra-t-il fermer ses portes ? Depuis le placement en redressement de la Financière Immobilière Bordelaise, mercredi 15 février, la question est dans tous les esprits. Une nouvelle étape dans l’effondrement financier de son propriétaire, l’homme d'affaires Michel Ohayon.
La décision est tombée mercredi 15 février. La Financière Immobilière Bordelaise, détenue par Michel Ohayon est placée, comme ses deux autres holdings, en redressement judiciaire. La société, peu connue des Bordelais, est pourtant la propriétaire des murs du Grand Hôtel de Bordeaux, ainsi que deux autres hôtels de luxe à Versailles et Roissy.
Menace sur le Grand Hôtel
Michel Ohayon rachète le Grand Hôtel de Bordeaux, alors en ruine, en 1999. Après huit ans de chantier, il livre, ce qui deviendra l’un des bâtiments emblématiques de Bordeaux. L’hôtel est ensuite confié à Intercontinental Hotels Group, pour son exploitation.
Aujourd’hui, ce n’est donc pas l’activité du Grand Hôtel qui est menacée, mais bien le bâtiment en lui-même, qui pourrait, selon la décision du tribunal de commerce de Bordeaux, être vendu afin de permettre à l’homme d’affaires de rembourser des crédits contractés auprès de la Bank of China (56, 70 et 75 millions d’euros).
Contacté par téléphone, le groupe IHG, qui gère l’hôtel, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Une culture du silence qui s’étend à ses autres sociétés, Camaïeu, GO Sport ou encore les Galeries Lafayette.
Deux administrateurs ont été nommés. Ils ont entre un an et dix-huit mois pour prendre leur décision. Un laps de temps pendant lequel les créances de l’homme d’affaires bordelais sont gelées. Une association de gestion des créances a été mandatée pour permettre aux salariées de percevoir tout de même leur salaire.
Chute libre
Ce modèle financier, c’est pourtant ce qui fera la fortune de celui qui a débuté par une simple boutique, située dans la rue Sainte-Catherine dans les années 1990 : rénover des bâtiments abandonnés, puis les proposer à des locataires lucratifs, souvent rattachés au luxe. Michel Ohayon multiplie les rachats et devient propriétaire de quartiers entiers de Bordeaux.
Mais l’homme d'affaires veut revenir aux sources : convaincu de l’avenir de la vente physique, il rachète, parfois à de modiques sommes, La Grande Récré, Camaïeu, Go Sport et Gap en 2021. Mais les promesses de vente ne sont pas au rendez-vous. En septembre 2022, Camaïeu et ses 500 boutiques sont liquidés. Suivent, en février 2023 Go Sport et Gap, eux aussi placés en redressement judiciaire. Les potentiels acheteurs ont jusqu’au 10 mars pour se manifester.
Face à la justice
Dans la tourmente, Michel Ohayon est aussi dans le viseur de la justice. Une enquête, pour abus de bien social, vise Hermione Retail, la maison mère de 25 établissements Galeries Lafayette, notamment à Bayonne, Dax ou encore Libourne. Le maire de la ville se dit d’ailleurs inquiet pour l’avenir.
“Les Galeries, c’est ce qui fait vivre notre cœur de ville tant au niveau des emplois que de l'activité du bourg ”, confie Philippe Buisson, qui attend des garanties fortes, alors que Michel Ohayon avait déjà mis la main sur les anciennes casernes de la ville pour les réhabiliter en site oenotouristique.
Cette semaine, les employés des Galeries Lafayette étaient en débrayage pour protester contre le manque de transparence de leur maison mère sur leur situation financière.