Les réquisitions du procureur Michel Sastre sont attendues, ce jeudi, au procès des effondrements d'immeuble de la rue d'Aubagne. Fait rare, la présence du procureur de la République de Marseille souligne l'importance du dossier. Trois ans de prison ferme ont été requis contre Julien Ruas, ex-adjoint de Jean-Claude Gaudin.
Après 23 jours d'audience, l'heure des réquisitions a sonné ce jeudi 12 décembre au procès des effondrements d'immeubles de la rue d'Aubagne qui ont provoqué huit morts en novembre 2018.
Trois ans de prison ferme ont été requis contre Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille au moment du drame, que le procureur estime être un "auteur indirect" du drame.
Julien Ruas, alors en charge de la police des immeubles en péril, est pour le procureur Michel Sastre "un auteur indirect du drame par son comportement blâmable, inadmissible": "C'est quoi la proactivité? Ces 40.000 logements insalubres (dans Marseille) il fallait les chercher, on ne l'a pas fait".
Présence de Nicolas Bessone
Les effondrements de la rue d'Aubagne ne sont "pas une simple affaire judiciaire" mais "une blessure dans le cœur de Marseille", a lancé jeudi le procureur de la République de Marseille au début de ce réquisitoire à "deux voix".
Depuis plus d'un mois, c'est le procureur Michel Sastre qui représente le ministère public à ce procès du logement indigne. Mais jeudi, celui-ci a été rejoint par le procureur de la République de la deuxième ville de France, Nicolas Bessone, signe de l'importance de ce dossier.
Le 5 novembre 2018, "il y a six ans, le cœur de huit personnes s’arrêtait de battre", a expliqué Nicolas Bessone et "il est important que le ministère public requière également pour ces victimes" parce qu'"il est de la quintessence du rôle du ministère public de protéger les plus faibles".
Ces effondrements ne doivent rien à la fatalité, au hasard, et encore moins à la pluie.
Nicolas Bessonne, Procureur de la République de Marseille
"Cette catastrophe est venue apporter un terrible éclairage sur l'habitat indigne dans la cité phocéenne, d'un chaos silencieux à une réalité criante", a-t-il insisté.
"Une association d'imprudents et négligents"
Le procureur Michel Sastre, tout au long des audiences, s'est étonné de l'"absence de doutes" d'un expert sur son travail bâclé en une heure, des petitesses de propriétaires rechignant à faire intervenir un plombier pour réparer la douche de leur locataire, et a tancé le seul élu de l'exécutif municipal de l'époque, Julien Ruas, lui demandant s'il n'avait pas "pensé à démissionner".
"Pas une association de malfaiteurs mais une association d'imprudents et de négligents", qui chacun à leur manière "se sont détournés de leurs obligations", avait fustigé de son côté Me Brice Grazzini, conseil de nombreuses parties civiles, lors de sa plaidoirie.
Au nom de huit occupants du numéro 65 emportés, mais aussi pour toute une ville, le fils d'Ouloume Saïd Hassani, morte ce jour-là, avait demandé lui au tribunal un jugement "à la hauteur".
Le procès doit se terminer le 18 décembre, avant un jugement attendu en 2025.