Près de deux cents personnes sont rassemblées à 14 heures ce samedi 25 mars place Pey Berland, à l'appel national des associations de défense des étrangers et des sans-papiers. En ligne de mire, le projet de loi sur l'immigration et l'asile de Gérald Darmanin, jugé liberticide et injuste pour les demandeurs d'asile.
L'ambiance est calme et bon enfant, mais la colère est là. Le collectif antiCRA qui demande la régularisation de tous les sans-papiers et la fermeture des centres de rétention administrative pour étrangers, dénonce le projet de loi immigration défendu par Gérald Darmanin. Il a appelé à manifester ce samedi 25 mars et a donné rendez-vous en centre-ville, place Pey Berland, à Bordeaux.
Loi "saucissonnée" et reportée
La France "a besoin" d'un "texte ferme contre l'immigration irrégulière", a déclaré hier le ministre de l'Intérieur. Il a promis le retour, "dans quelques semaines" de son projet de loi, reporté par le président de la République cette semaine. De quoi attiser la colère des manifestants.
Selon le collectif, il s'agit d'un "nouveau déni démocratique". "Le projet de loi est suspendu et va être redécoupé, saucissonné en quelque sorte, en plusieurs textes dont certains seront appliqués par décret. Et cela pour contourner les débats devant l'assemblée nationale et contourner le problème d'absence de majorité", dénonce le collectif, pour qui cela revient à un passage en force.
Selon une jeune manifestante interrogée par France 3, "il y a une convergence des luttes aujourd'hui".
Je suis là pour envoyer un message au gouvernement et à Emmanuel Macron. On est contre cette loi immigration et contre la réforme des retraites. On reste mobilisés, et n'arrêtera pas de l'être !
Inès Fizazi, une jeune femme manifestanteFrance 3 Aquitaine
Par ailleurs, le projet de loi va considérablement "limiter le nombre de régularisations, par exemple, en restreignant les critères pour les sans-papiers notamment aux métiers en tension qui ont besoin de main d'œuvre et aux territoires en demande.
La durée des titres de séjour sera également plus courte. Une obligation d'empreintes et une photo d'identité sera imposée aux personnes sans-papiers."
Préparé depuis plus d'un an par Gérald Darmanin, ce projet de loi immigration comporte deux principaux volets, l'un pour faciliter les expulsions des étrangers représentant une menace pour l'ordre public, l'autre sur l'intégration, notamment pour régulariser certains travailleurs dans les secteurs " en tension". "Pas admissible, trop répressif" pour le collectif antiCRA et la Cimade, qui réclament le retrait du texte.
Edwige Diaz au centre de rétention de Hendaye
Samedi matin, Edwige Diaz, la députée RN de la 11ème circonscription de Gironde et porte-parole du parti de Marine Le Pen, était en déplacement au centre de rétention administrative (CRA) de Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour elle, "le report de la loi immigration démontre le manque de courage politique des macronistes" . Elle préconise notamment "l'expulsion de tous les sans-papiers".
La députée RN a échangé avec les policiers du centre de rétention administrative de Hendaye qui accueille une trentaine de migrants originaires d'Afrique du nord et sub-saharienne, mais elle n'a pas rencontré les retenus, qui sont restés dans leur chambre.
A l'extérieur du centre de rétention, des membres de l'association de soutien aux migrants Etorki Nekin ont manifesté dans le calme, contre la venue de la députée d'extrême-droite.
Aucun heurt à déplorer : il n'y a pas eu de rencontre entre les manifestants et Edwige Diaz, qui a pu terminer sa visite comme la loi l'autorise pour tous les députés.