Le rassemblement organisé à l'appel de l'association Ukraine Amitié et qui fait suite à l'invasion russe du territoire ukrainien a réuni, dimanche à midi, environ 1 500 personnes sur la place de la Bourse à Bordeaux.
"Stop Poutine", "Ukraine We Stand With You" ou "Zelensky We Hear You"... Au milieu des drapeaux ukrainiens et autres slogans ou pancartes anti-Poutine, plusieurs centaines de personnes se sont amassées au fil des minutes et répondu présents à l'initiative de l'association Ukraine Amitié, dimanche 6 mars à la mi-journée, place de la Bourse.
Onze jours après le début des offensives russes sur le territoire ukrainien, des rassemblements se sont tenus un peu partout en France et dans la région ce week-end pour une prise de conscience générale. Un élan national pour une guerre aux portes de l'Union européenne, en plus des premiers colis humanitaires envoyés depuis Bordeaux et des familles déplacées déjà accueillies dans la région pour certaines.
Tous unis sous le même drapeau
Dans la masse de manifestants, des Bordelais de toutes les tranches d'âge, des franco-ukrainiens ou encore des étudiants Erasmus. Pour tous, le mot d'ordre était l'unité avant tout. "C'est important d'être là, même si on ne peut pas faire grand chose et que cela est sûrement dérisoire par rapport à ce qui se passe là-bas, assure Nicolas, venu en famille assister à ce rassemblement. Ce que je sais c'est que cela est terrifiant. Des histoires de menace nucléaire, dissuasion nucléaire... Je n'aimerais pas être aux manettes en ce moment. Mais est-ce qu'il faut engager un engrenage où on a bien compris qu'après on ne maîtriserait rien du tout ?"
À la tribune et sur une scène improvisée, les prises de paroles de responsables associatifs et politiques. Et plusieurs moments forts se font ressentir, malgré un sentiment d'impuissance en raison de la distance du conflit. Des minutes de silence en hommage aux victimes et millions d'Ukrainiens toujours prisonniers des bombes de l'armée russe, entrecoupées de musiques ukrainiennes aux accents tragiques. L'émotion était donc plus que vibrante ce dimanche sur les bords de la Garonne.
La nécessité de se mobiliser même à distance
Au premier rang de cette mobilisation, le maire de la ville Pierre Hurmic, a tenu à remercier la présence des Bordelais avant de se pencher sur le concret : "La ville s'est déjà mobilisée en envoyant deux convois [samedi] de matériel médical et de vêtements, mais aussi pour accueillir des ressortissants ukrainiens qui viendront progressivement, a-t-il annoncé.
"La mairie centralise toutes les possibilités d'hébergements ici à Bordeaux, mais aussi en mettant à disposition des bâtiments municipaux comme l'auberge de jeunesse. [...] Nous avons pour le moment plus de propositions d'hébergements que de demandes, mais nul doute que nous aurons besoin dans les semaines à venir de toutes les offres à disposition."
Un mouvement porté également par la communauté ukrainienne de Bordeaux. "Cette guerre met en danger tout le peuple européen, car on voit que la sécurité n'est plus là maintenant que des centrales nucléaires sont touchées, déclare Olga Voubnev, membre de l'association Ukraine Amitié.
"En plus des solutions apportées par la mairie de Bordeaux pour accueillir les déplacés, la mairie de Mérignac avec la maison des associations a mis en place un point de collecte pour récupérer, trier et envoyer les dons. On remercie la population pour toute cette générosité, mais notre demande la plus importante reste la fermeture totale du ciel par l'OTAN (ndlr : une zone d'exclusion aérienne) pour arrêter que des bombes tombent tous les jours sur des milliers de civils innocents."
Des Russes apportent leur soutien en faveur de l'Ukraine
Dans la foule également, plusieurs Russes venus apporter leur soutien par rapport à la situation actuelle et se désolidariser de la stratégie d'invasion de leur président Vladimir Poutine. Parmi eux, une chorégraphe, Nadia Larina, arrivée en France en 2008 et pour qui être présente en ce jour était une évidence. "Je suis Russe et je me réveille tous les jours et toutes les nuits avec honte. Parce qu'au nom de la Russie, Poutine a organisé cette guerre et cette invasion."
Elle dénonce notamment la désinformation et la mainmise du gouvernement russe à la fois sur les médias et la population : "Ce qui est terrible, c'est qu'une partie des Russes croit en cette propagande depuis 20 ans, mais on ne doit surtout pas se décourager et sortir manifester même pour ceux qui sont en Russie."
"Une partie de la population pense que ce n'est pas une invasion, mais seulement une opération de libération des Russophones par rapport au reste des Ukrainiens. C'est surréaliste, mais vrai malheureusement."
Nadia Larina, chorégraphe franco-russe
"Si depuis quelques jours, cela est passible de prison, nous ne devons pas baisser les bras et convaincre nos familles qui croient en cette propagande d'Etat. [...] Je veux dire que tous les Russes sont contre l'invasion. Sauf qu'une partie de la population pense que ce n'en est pas une, mais seulement une opération de libération des Russophones par rapport au reste des Ukrainiens. C'est surréaliste, mais vrai malheureusement."
Entre dimanche et samedi, plus de 40 000 personnes ont défilé ou se sont rassemblées dans une centaines de villes en France pour apporter leur soutien au peuple ukrainien. Un mouvement intergénérationnel, aussi très représenté sur les réseaux sociaux, et qui prend de l'ampleur dans plusieurs autres pays européens comme en Allemagne, République tchèque, Italie ou Royaume-Uni.