Movember. Prévention des cancers masculins : "on peut sauver des personnes, à condition de le faire à temps"

Les hommes ne sont pas épargnés par les cancers de la prostate ou des testicules notamment. L'Institut Bergonié à Bordeaux veut briser les tabous pour libérer la parole.

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"J'ai senti qu'à l'annonce des effets secondaires, il l'a ressenti comme un choc. Il n'était pas en capacité de les recevoir..." Ces mots sont extraits d'une discussion entre un médecin et de Dominique Chort. Tous deux échangent à propos d'un homme souffrant d'un cancer de la prostate.

S'il est, lui aussi, vêtu d’une blouse blanche, Dominique Chort n’est pas médecin, il est patient partenaire. Atteint d’un cancer chronique depuis douze ans, il a reçu une formation pour intégrer le groupe des soignants de Bergonié. Sa mission : accompagner les autres patients dans leur parcours de soins. 

Quand on est un homme de plus de 75 ans, le médecin n'est pas celui vers qui l'on va spontanément exprimer ses sentiments ses doutes et ses angoisses.

Dominique Chort

Patient Partenaire à l'Institut Bergonié

Au-delà du dépistage et du diagnostic, dans cet Institut spécialisé dans la lutte contre le cancer, le corps médical essaie chaque jour d'améliorer la communication entre patient et médecin, essentielle à une bonne prise en charge. 

Un "tabou" pour les hommes

L’institut Bergonié veut briser le tabou des cancers masculins à l’occasion de "Movember", la campagne de prévention pour libérer la parole. Une bonne information médicale doit être au cœur des prises de décisions conjointes pour ces cancers qui touchent à l'intime, à l'histoire personnelle, affective et sexuelle de chacun.

Soulager les angoisses et faire accepter les traitements d’une maladie qui fait peur, le rôle du patient partenaire participe à la prise en charge du patient. Il fait le lien entre le médecin et le patient, et inversement, pour s'assurer de la bonne compréhension des traitements et d'un meilleur échange sur le vécu du patient.

De nombreux hommes préfèrent cacher les symptômes, rappelle le Dr Guilhem Roubaud, oncologue à l'Institut Bergonié : "le cancer de la prostate ou des testicules sont des cancers qui touchent la sphère intime. L'homme, pudique, va encore moins parler de sa maladie".

Accepter la maladie, comprendre les traitements

Le service de radiothérapie de l'Institut Bergonié reçoit 250 hommes par an pour des cancers de la prostate. La machine est impressionnante pour le patient, mais la séance est indolore et dure une seule minute.

Guetter une rechute

Il est aujourd'hui possible d'être mieux informés sur ces cancers, qui sont parfois sans symptôme. En cas de doutes, ne pas en parler ou reporter à plus tard son rendez-vous chez le médecin traitant ou l'urologue peut être délétère. 

Un tabou aboutit à un retard de diagnostic. On peut sauver des personnes, à condition de le faire bien et à temps.

Dr Guilhem Roubaud,

Oncologue à l'Institut Bergonié 

Le Dr Roubaud le rappelle, les taux de rémission du cancer de la prostate sont "excellents". L'importance également est donnée à la surveillance du marqueur du cancer, "le fameux PSA", "que les patients apprennent assez vite à gérer, et qui nous permet de contrôler et guetter une rechute assez précocement".

"Movember" 2023 en Nouvelle Aquitaine

La campagne Movember incite les hommes à prendre soin de leur santé. Une grande partie des interventions et animations concerne les cancers masculins du testicule et de la prostate et les dépistages.  Il est également question de santé mentale pour prévenir des suicides. Il s'agit désormais de mettre l'accent sur le rapport des hommes à leur corps et la nécessité, dès le plus jeune âge, de procéder à l'autopalpation pour identifier une grosseur ou anomalie et consulter au plus vite son généraliste. 

Le cancer du testicule survient essentiellement chez l’homme jeune. "On détecte en France près de 2 800 nouveaux cas par an (estimation année 2018)", indique-t-on sur le site oncologique de Nouvelle-Aquitaine . C'est un cancer qualifié "de bon pronostic" car le taux de survie est de 93% à 5 ans.

Le cancer de la prostate, premier cancer masculin, concerne, en revanche, des sujets plus âgés. C'est un cancer rare avant 50 ans.  60 000 nouveaux cas sont détectés chaque année (en 2018). Avec une survie à cinq ans de 93%, le cancer de la prostate est également considéré comme de bon pronostic.

La campagne Movember vise à sensibiliser les hommes à la protection de leur santé. De façon ludique et militante, chacun peut se laisser pousser la moustache durant tout le mois de novembre. Une façon visible de soutenir la campagne. C'est aussi l'occasion de créer des événements et des appels aux dons, pour mettre en lumière des projets encadrant cette campagne d'informations auprès des hommes.

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