La colère monte. Depuis lundi, enseignants et élèves dénoncent un protocole sanitaire « incohérent » avec les mesures de confinement. Si le dialogue est toujours de mise, les syndicats menacent d’une journée de mobilisation, mardi 10 novembre.
Professeurs et syndicats appellent à la mobilisation mardi 10 novembre, pour demander une modification du protocole sanitaire mis en place dans les établissements scolaires. Les lycéens béarnais n'ont quant à eux pas attendu l'appel pour se rassembler : ce jeudi matin, trois lycées palois et un lycée à Mauléon et à Orthez ont été bloqués.
"C'est mieux d'être confinés que de mourir"
Le lycée agricole d’Orthez et le lycée Francis Jammes de Pau se sont donné rendez-vous, aux alentours de 8 h ce jeudi matin. Ils dénoncent un protocole sanitaire « pas adapté à la réalité ».Parmi les élèves manifestants, Elsa, une élève au lycée Francis Jammes. Ce matin, elle s’est levée tôt pour préparer les pancartes qu’elle brandira quelques minutes plus tard devant la grille de son lycée. Pour elle, cette mobilisation est un appel à plus de sécurité.
Ici, les revendications sont les mêmes : fermer les écoles ou trouver une solution pour continuer à étudier tout en respectant le protocole sanitaire. « C’est mieux d’être confinés quatre mois et de mettre en parenthèse notre scolarité plutôt que de mourir ou de devenir une source de danger pour notre famille », assume Elsa.C’est bizarre d’être confinés mais de se retrouver à trente dans une classe, ou d’être entassés dans les couloirs ou à la récréation.
Le mouvement, qui a rassemblé plusieurs centaines d’élèves s’est déroulé sans heurt. « Tout le monde a les masques et on demande au maximum de respecter les distances de sécurité », précise Elsa.On débarquent dans un autre lycée de Pau pic.twitter.com/me99o7LMaF
— Léon (@LeTrapa) November 5, 2020
L'école en alternance
Du côté des professeurs, fermer les écoles n’est pas une option viable. « Contrairement à ce que dit le gouvernement, nous ne sommes ni techniquement, ni pédagogiquement prêt à faire cours uniquement en visioconférence, martèle Jean-Pascal Meral. Si on referme les écoles, cela va être ni plus ni moins le même fonctionnement qu’au premier confinement ! »Des difficultés supplémentaires pour les professeurs qui craignent de rompre à nouveau le lien avec les élèves. « Fermer les écoles nous renvoie aux inégalités du premier confinement. Nous avons à cœur de maintenir les écoles ouvertes, mais pas dans les situations actuelles », concède Hélène Allain, professeur de lettres au lycée Kastler.
Le lycée talençais accueille près de 1600 élèves, auxquels il faut ajouter le personnel de l’établissement. « Ça fait beaucoup trop de monde. Les élèves sont dans un brassage constant, dans les couloirs, à la cantine », illustre Hélène Allain.
Pour de nombreux professeurs, il est nécessaire d’établir, dès lundi prochain, des demi-groupes. Une proposition qu’ils ont avancée auprès des directions et des autorités. « Nous proposons des alternances entre deux groupes. Tandis qu’un groupe est en présentiel, l’autre se voit confier un travail régulier en vue du prochain cours », explique Jean-Pascal Meral, secrétaire général du Snes-Fsu de Gironde. Il assure ainsi que des modules vidéos, « et les manuels » sont prêts à être utilisés.« 1 600 élèves, ça fait beaucoup trop de monde. Les élèves sont dans un brassage constant, dans les couloirs, à la cantine. »
Une alternance à moitié entendue par le ministère qui propose quant à lui de scinder les classes en deux avec un groupe en présentiel, l’autre en visioconférence. « C’est impossible de faire cours dans ces conditions. On ne peut pas être à la fois attentif aux élèves en visio et ceux en présentiel », explique Hélène Allain.
Le Snes-Fsu ne perd pas pour autant espoir. « On n’est pas bloqués sur une décision au 9 novembre, car il faudra aussi décliner cette alternance aux spécificités de chaque lycée », explique Jean-Pascal Meral.
Surcharge de travail
Professeurs et élèves dénoncent également une surcharge de travail, qui concerne particulièrement les agents d’entretien, pas assez nombreux pour faire face aux nouvelles consignes sanitaires. « Normalement, les tables doivent être nettoyées à chaque passage. Mais comme nous changeons de salle à chaque cours, ils ne peuvent pas venir nettoyer à chaque fois », regrette Hélène Allain.Un traitement différent, ce qu’on également ressenti professeurs et parents du lycée Kastler à l’annonce du maintien d’une réunion parents-professeurs ce jeudi soir. « Nous sommes en discussion permanente avec la Fcpe, et nous leur avons annoncé que de nombreux professeurs ne viendraient pas à cette réunion », détaille Hélène Allain. Cette réunion aurait dû rassembler près de 500 personnes dans le lycée. Une scène inconcevable pour les professeurs. « Déjà que les parents sont inquiets, mais là… Tous les lycées autour ont annulé ces réunions. Nous, on a proposé d’appeler les parents. Mais maintenir cette réunion, c’est l’inverse du confinement imposé au-dehors », s’insurge Hélène Allain.
En Dordogne, le lycée Gatet a envoyé une lettre au gouvernement, récapitulant leurs revendications. Prochaine étape, une journée de grève annoncée mardi prochain par cinq fédérations syndicales : FSU, FO, CGT éduc'action, Snalc et Sud éducation.