Le nouveau plan de gêne sonore (PGS) de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, approuvé par le préfet de la Gironde le 18 décembre 2023, est entré en vigueur le 30 décembre 2023. Ce plan délimite les zones d’exposition au bruit aérien, au sein desquelles les logements peuvent, sous conditions d’éligibilité, bénéficier d’une aide à l’insonorisation.
Vous habitez près de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac ? Vous pouvez peut-être obtenir une aide pour insonoriser votre maison. Un nouveau plan de gêne sonore (PGS) est entré en vigueur en cette fin d'année 2023. Un dispositif qui satisfait les plus proches riverains, qui tiennent néanmoins à rester mobilisés.
Le périmètre du bruit élargi
Du bruit, beaucoup de bruit. Même la nuit. Lors des décollages et des atterrissages, les avions sont bruyants, une vraie nuisance pour les riverains. Le plan de gêne sonore (PGS) en vigueur depuis 2004, a été révisé en tenant compte de l'évolution du trafic aérien et des appareils. Ainsi, l'aérodrome de Bordeaux-Mérignac fait partie des dix aéroports les plus actifs de l'Hexagone : sur ces cinq dernières années, plus de 20 000 mouvements annuels d'appareils aéronefs de plus de 20 tonnes ont été comptabilisés.
Dans le secteur de l'aéroport, les niveaux sonores se situent entre 55 dB (décibels) et plus de 70 dB, selon où l'on habite. Sachant que le bruit d'un avion fait 75 dB. À titre de comparaison, un marteau-piqueur émet 100 dB, un lave-vaisselle 45 dB, et un intérieur de train 70 dB. Trois zones de gêne sonore ont été identifiées par les pouvoirs publics selon l'intensité du bruit.
De plus en plus de bruit
L'aéroport de Bordeaux-Mérignac s'étend sur une superficie de 870 hectares, à 12 km à l'ouest de Bordeaux, dans un secteur fortement urbanisé. En 2022, il comptait 64 642 mouvements (décollage et atterrissage) et 84 331 mouvements en 2019, les chiffres du trafic aérien ayant chuté après le Covid.
Pour 2024, les chiffres sont à la hausse par rapport à 2022, les perspectives sont de 69 996 mouvements, peut-on lire dans le rapport de présentation du nouveau PGS de la préfecture de la Gironde. 69 % du trafic aérien se fait de jour entre 6 heures et 18 heures, 23 % en soirée entre 18 h et 22 h, et 8 % de nuit entre 22 heures et 6 heures du matin.
Pour les habitants qui vivent sous le couloir aérien, c'est un enfer quotidien, selon l'association AEHDCNA, l'association Eysino-Haillanaise de défense contre les nuisances de l'aéroport qui compte un millier de riverains.
"L'aéroport de Bordeaux a un impact sur la santé", assure Pierre Arnal, membre de l'association qui bataille depuis dix ans pour obtenir l'interdiction des vols de nuit et la limitation du trafic. "Personne se pose la question de la santé ni de la planète", déplore-t-il.
Il faut arrêter de casser les prix pour attirer les voyageurs qui prennent l'avion tous les week-ends à un tarif dérisoire !
Pierre ArnalAssociation AEHDCNA
Où s'informer ?
Des exemplaires du PGS peuvent en outre être consultés dans les mairies des communes de Bruges, d’Eysines, du Haillan, de Mérignac et de Saint-Jean d’Illac. Il peut aussi être consulté à la préfecture de la Gironde. Il est également consultable sur le site geoportail.gouv.fr.
Les demandes d’aides à l’insonorisation doivent être envoyées à l’exploitant de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, en charge de leur instruction. Un formulaire de contact est disponible sur le site internet de l’aéroport via le lien ci-après : https://www.bordeaux.aeroport.fr/laeroport/environnement/contact-aide-linsonorisation
Aide financière pour l'insonorisation
Si vous habitez dans une zone particulièrement exposée aux nuisances sonores et identifier dans le PGS révisé, vous pouvez obtenir une aide financière pour insonoriser votre maison. Cette aide est financée par les recettes de la taxe des nuisances sonores aériennes (TNSA) qui représente 400 000 euros. Selon l'association AEHDCNA, cette taxe doit être doublée afin de financer tous les travaux des logements concernés. "Certaines factures s'élèvent à plus de 25 000 euros, il faudra 20 ans pour tout financer !", déplore Pierre Arnal.
Cette aide financière concernant les demandes individuelles s'élève à 80 % des prestations réalisées, comprenant les travaux et les études acoustiques. Ce taux peut être porté à 90 % et même 100 % selon les ressources du demandeur. Il y a par ailleurs des critères de date de construction de l'habitation.
Les logements éligibles en hausse
Avec la révision du PGS, de nouveaux logements sont éligibles. Par exemple à Mérignac, 45 habitations peuvent prétendre à une aide dans les quartiers de l'Ermitage, Beaudésert et la zone du phare. En revanche, le quartier de Beutre n'est plus inclus dans le nouveau périmètre.
La commune d'Eysines, la plus concernée par l'évolution du trafic et de la courbe du bruit, comporte un parc de logements nouvellement éligibles très important avec 707 maisons et 438 appartements soit un total de 1 145 logements. En 2004, seuls 175 logements avaient été identifiés. Les quartiers concernés sont Le Vigean, Le Caillou, La Gravade, ou encore La Bilbanque et Les Sables.
"Ça cache quelque chose"
"Le périmètre a été élargi d'1,2 km, voilà dix ans que nous le réclamons et que l'on nous répond par la négative. Et là, sans prévenir, le périmètre est agrandi, ça cache quelque chose !", se méfie Pierre Arnal. Lui-même habite le quartier du Vigean, à Eysines, depuis 45 ans. "Il y a entre 80 et 90 avions qui passent au-dessus de ma maison chaque jour. Le quartier du Vigean a été sorti du PGS en 2009, et il y est à nouveau aujourd'hui", note-t-il. Ce membre de l'association AEHDCNA n'en démord pas : "La prochaine mobilisation sera plus dure.
On ne lâchera pas, car on veut une vraie limitation du trafic aérien dans les prochaines années.
Pierre ArnalAssociation AEHDCNA
Le nouveau PGS comprend par ailleurs le rallongement de 400 mètres de la piste "Taxi Way", cette voie de circulation destinée au roulage des avions entre la piste de décollage et la piste d'atterrissage. "Les avions vont décoller de plus loin par rapport aux habitations, donc la gêne sonore sera diminuée. C'est une de nos demandes depuis dix ans", souligne Pierre Arnal.
Une étude d'impact est en cours et des membres de l'association de riverains AEHDCNA y participent. Cette étude vise à diminuer les mouvements aériens dans tous les aéroports d'Europe dans les prochaines décennies pour une question de pollution et de réchauffement climatique.