Jusqu'au bout de la nuit, l'issue de l'élection aura été incertaine. Dans la nuit du 8 au 9 novembre, les électeurs américains ont voté la succession de Barack Obama à la maison Blanche. A Bordeaux, les étudiants en journalisme ont suivi en direct cette soirée électorale sur le fil du rasoir.
"Le choix est entre les mains du peuple américain", a déclaré en début de soirée Dan Hall, consul des Etats-Unis. Il était présent à Bordeaux pour inaugurer la "nuit américaine", une soirée dédiée à l'élection présidentielle organisée dans la nuit de mardi à mercredi, dans les locaux de l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA).
Toute la nuit, étudiants et une trentaine d'expatriés américains ont suivi les résultats du vote. Des débats, concert, quiz et échanges autour de la politique américaine ont rythmé la nuit. Et jusqu'au premières lueurs du jour, personne n'a été en mesure de se prononcer avec certitude.
Mardi soir, une seule chose était sûre : ce vote mettait un terme à une campagne féroce. "C'est bien qu'elle se finisse", a commenté le consul Dan Hall, une pointe de soulagement dans la voix.
Dès l'ouverture des portes, les participants ont investi le plateau de télévision. Après quelques photos, ils ont été invités à prendre part à un vote fictif, pour déterminer qui devrait selon eux remporter l'élection.
Si la majorité des étudiants bordelais ont avoué avoir voté pour Hillary Clinton, Meghan, étudiante américaine habitant à Bordeaux, a déclaré avoir voté (pour le vote fictif et réel) Donald Trump, promesse selon elle "de payer moins d'impôts". Valentin, étudiant en journalisme à l'IJBA, s'est, lui, abstenu de voter :
Puis, l'heure du premier débat organisé est arrivée. Orchestré par deux étudiants de master 1, il accueillait Gertrude Bolter, représentante ce soir-là du parti démocrate, et James Gillespie, interviewé quelques jours auparavant, pour représenter le parti républicain. A leurs côtés, les experts Lionel Larré, Michael Stombolis et Nicolas Labarre.
Avant de débattre de la position des candidats sur des questions de politique intérieure des Etats-Unis, chacun a donné son pronostic. "Rationnellement, je pense qu'Hillary Clinton va gagner, déclarait Gertrude Bolter. Mais il y a tellement d'irrationnel dans cette campagne".
Les invités se sont penchés sur des questions telles que les premières mesures prises par leurs candidats, leur positionnement sur la question du port d'armes, de la surveillance de masse, des tensions raciales.
Une forte participation
Irruption par vidéo-conférence d'Amélie Petitdemande, étudiante de l'IJBA actuellement en Californie. Se trouvant à la sortie d'un bureau de vote, elle a annoncé que peu de gens avaient participé au scrutin en fin de matinée. "Les jeunes sont très impliqués dans la campagne, mais quand vient l'heure d'aller voter, l'engouement retombe un peu et le taux de participation au vote s'en ressent", a-t-elle déclaré.
Des propos nuancés cependant par un autre correspondant, Maurin Picard, envoyé spécial à New York par le journal Sud Ouest qui, lui, a révélé que le taux de participation serait très haut. "La participation moyenne est habituellement d'environ 60%. Cette fois, elle devrait être autour de 70%".
Cette élection ne ressemble à aucune autre, a-t-il ajouté. Les gens ont l'impression que c'est une question de bien ou de mal, donc ils sont plus enclins à aller voter".
En fond sonore, la chaîne CNN diffusée sur grand écran se préparait à la fermeture des premiers bureaux de vote. Elle annonçait : 62% des Américains ont décidé de voter avant le mois de septembre, 38% veulent que le nouveau président apporte un vrai changement.
Puis, le second débat a commencé, animé par Elie Abergel et Manon Monnier, pour traiter des retombées de l'élection américaine sur la politique extérieure du pays. Quelles relations avec la Chine, avec l'Europe ? Quelle est la position des deux candidats sur la question de l'implication dans la guerre en Syrie ? Qu'en sera-t-il de l'immigration ?
Début de la nuit, premiers résultats
Dès 00h10, les premiers résultats sont tombés : Donald Trump est donné vainqueur à 79% dans le Kentucky. Murmures dans l'assemblée. Murmures de nouveau, à mesure que le résultat s'affine : 77%, 75,8%, puis 72%.
Vers une heure du matin, alors que le dernier débat est terminé et que la foule s'est dispersée, les premiers résultats définitifs sont tombés : Donald Trump peut déjà compter sur 19 grands électeurs, Hillary Clinton sur 3. Certains arguent alors que la bataille ne fait que commencer, qu'Hillary Clinton remportera à coup sûr les "swing states", ces états incertains sur lesquel le sort de l'élection repose. Tous assuraient alors que rien n'était joué.
Pour détendre l'atmosphère, un quiz est organisé par le consulat des Etats Unis. Combien de membres siègent au Sénat ? Quelle est la capitale de la Californie ? Qui fut la première femme à se présenter aux élections américaine ? Chacun s'est prêté au jeu, mais le spectre de l'élection est resté bien présent.
Peu de temps après, le résultat du vote fictif est donné : les membres de l'IJBA ont donné Hillary Clinton gagnante avec plus de 70% des voix. Mais vers trois heures du matin, alors que de plus en plus d'Etats se rangeaient du côté républicain, la foule s'est à nouveau dispersée. Le café manque pour tenir les étudiants éveillés.
Plus les Etats tombent dans le rouge, plus les étudiants semblent dépités. "Ca y est, il a gagné... J'y crois pas", s'exclame l'un deux.
A 4h30, alors que les 35 grands électeurs de l'Ohio tombent côté Trump, les visages blêmissent. "Après le Brexit, c'était certain que Trump allait gagner", on entend dans l'assemblée. Tous les espoirs semblent perdus.
Vers 5 heures, la désillusion se confirme : la Floride, un Etat avec 29 grands électeurs à la clef, est remportée par Donald Trump, qui creuse l'écart avec la secrétaire d'Etat.
Un sursaut d'espoir
Peu de temps plus tard, un sursaut d'espoir renaît parmis les étudiants : Hillary Clinton reprend une courte tête en remportant la Californie. Mais les étudiants, très connectés, croisent les données et estiment que Donald Trump est en bonne passe de remporter la maison Blanche.
Le chef des Républicains a cependant rapidement repris l'avantage. Les étudiants, dépités, sont rentrés chez eux au compte-goutte. A 6 heures du matin, six Etats ne s'étaient pas encore définitivement prononcés. Les quelques résistants étaient unanimes : que Donald Trump ou Hillary Clinton soit choisi pour succéder à Barack Obama à Washington, l'élu(e) aura bien de la peine à constituer une majorité au Sénat et dans la Chambre des représentants.
► VOIR le reportage réalisé par Hadrien Claveau et Gérémy Charrier, étudiants en journalisme à l'IJBA :