Ils tirent la sonnette d’alarme. Au lycée Brémontier, à Bordeaux, une classe de SMTG vient d’accueillir son 37ᵉ élève, pour une classe initialement prévue pour 35. Pour les professeurs, la situation, perceptible dans de nombreux établissements de l'académie, n’est plus tolérable.
De la place, il n’y a plus dans les classes de STMG (sciences et technologies du management). Dernier en date, le lycée Brémontier, à Bordeaux, vient d’accueillir un 37ᵉ élève. Des effectifs toujours plus conséquents qui inquiètent les professeurs, d’une filière déjà “délaissée” par l’Éducation nationale. “Ce sont des élèves fragiles, qui sont pour certains là sans l’avoir réellement choisi. À 37, il n’y a plus de pertinence pédagogique”, confie Guillaume Léglise, professeur d’histoire géographie dans le lycée bordelais.
"On ne passe même plus dans les rangs"
Résultat, les professeurs sont usés, fatigués de devoir adapter des programmes qui ne correspondent pas à la réalité. “À 37, il n’y a plus de place dans les salles. Elles sont prévues pour 30 élèves. On ne peut plus passer dans les rangs, les élèves en retard doivent presque enjamber leurs camarades pour s’assoir, certains sont carrément perpendiculaires au tableau", regrette Guillaume Léglise.
On ne fait plus de pédagogie, on a l’impression de servir la soupe.
Guillaume Léglise, enseignant d'histoire-géographieà rédaction web de France 3 Aquitaine
Gardiennage
Jeudi 12 octobre, les professeurs ont décidé de distribuer des tracts devant le lycée pour alerter les parents et les élèves sur la situation. Car le lycée n’est pas une exception. “C’est le cas partout. À Condorcet, les professeurs ont réussi à obtenir un rendez-vous avec l’académie. Nous, on l’a demandé aussi, mais on a peu d’espoir”, confie le professeur d’histoire géographie.
Les conditions de travail dégradées s’appliquent aussi pour les élèves. “C’est comme si on vous demandait de partager votre bureau avec deux autres personnes”, illustre le professeur d'histoire géographie. Il dénonce une inégalité des chances pour ses élèves, confrontés à des conditions de travail différentes d’autres classes de l’académie.
“Ces effectifs envoient un message très négatif aux élèves. On a l’impression de faire du gardiennage et on ne leur donne pas les clés pour qu’ils s’en sortent. Dans ces conditions, c’est presque la moitié de nos élèves qu’on risque de perdre”, regrette Guillaume Léglise.
"Bientôt 40"
Dans les couloirs, pour tenter de tenir, les professeurs font de l’ironie. “On se dit que bientôt, on sera à 40”. Car depuis plusieurs années, la situation ne cesse de se dégrader. “On était avant à 30, on est passé à 35 et maintenant 37. La DSDEN nous met devant le fait accompli à chaque fois. On s’adapte, mais là, ce n’est plus tolérable”, avance Guillaume Léglise.
Pour cette année, ils “tiendront”, faute de mieux. Mais les professeurs préviennent déjà, “s’ils pensent pouvoir continuer l’année prochaine, nous nous mettrons en grève, il faut que ça change”, avertit Guillaume Léglise, au nom de ces professeurs bordelais, déjà à bout, un mois après la rentrée des classes.