Alors que la saison des incendies approche à grands pas, les acteurs de la filière bois dans la région peinent à obtenir des réponses de l'Etat concernant le renforcement de la prévention. Une réunion était organisée ce lundi 23 janvier à Bordeaux avec des élus régionaux.
Après les paroles, les acteurs de la filière bois en Aquitaine attendent des actes. Le 28 octobre 2022, le président Emmanuel Macron annonçait une série de mesures de prévention et de lutte contre les incendies. Parmi celles-ci, figuraient notamment le renouvellement et l'extension de la flotte de Canadair, ou encore le développement d'une cartographie des zones à risque.
Mais la filière regrette de ne plus avoir de nouvelles de l'Etat depuis ce discours. Ce dernier n'a pas donné suite au document de travail élaboré, à sa demande, par l'association de Défense des forêts contre les incendies en Aquitaine (DFCI) et l'ONF. "Nous avons fourni ce plan stratégique de prévention fin septembre-début octobre, mais nous n'avons pas eu de retour depuis", déplore Bruno Lafon, président de la DFCI.
Les acteurs de la filière bois se réunissaient ce lundi 23 janvier à Bordeaux avec plusieurs élus régionaux, afin de les alerter et d'obtenir leur appui. Pour la DFCI, le temps presse : la saison des feux démarre en mars dans la région. Bruno Lafon souhaitait ainsi renforcer les mesures de prévention dès le printemps 2023.
"Les feux qu'on a connus sont beaucoup plus puissants qu'avant. Donc il faut plus de moyens de prévention : il faut que les pistes soient parfaitement entretenues, avoir des chemins plus larges, faire respecter les obligations de débroussaillement autour des lotissements, faire de la surveillance pédestre... Tout cela a un coût"
Bruno LafonFrance 3 Aquitaine rédaction web
Bruno Lafon était l'invité de nos confrères de France Bleu Gironde ce 23 janvier
20 000 hectares ravagés cet été
L'enjeu est de taille : en juillet et août 2022, les incendies ont ravagé plus de 20 000 hectares de bois, rien qu'en Gironde. Une prévention accrue doit permettre d'éviter que l'histoire ne se répète. Le 14 janvier, le feu continuait d'ailleurs de brûler à Hostens: il s'agit du lignite, une roche proche du charbon, qui se consume en sous-sol.
"La position qui est portée par les Néo-Aquitains, c'est de dire qu'on a aujourd'hui un risque d'ampleur nationale. Donc il faut avoir une politique de protection de la forêt contre les incendies qui soit réellement nationale", explique Pierre Macé, directeur de la DFCI Aquitaine et Gironde. Selon lui, la prévention doit se faire aussi bien sur le temps long qu'à court terme, "car si on commence des choses, il faut que ce soit durable".
"On a vécu un séisme"
Mais l'association ne sent pas de réelle volonté de la part de l'Etat. "On est un peu abasourdis. On a vécu un séisme cet été, on pensait que ça ferait beaucoup bouger les lignes, mais force est de constater que les choses sont retombées", s'agace Emmanuel de Montbron, sylviculteur. "On a fait des propositions, et on a très peu d'écho au niveau national [...] On est un peu révoltés de voir qu'on n'a pas tiré les leçons de cette catastrophe", déplore-t-il.
Selon la sénatrice Monique de Marco (EELV), présente lors de la réunion ce lundi, le sud-ouest de la France est défavorisé par rapport au sud-est, en termes de moyens alloués pour la prévention des incendies.
Le député Eric Poulliat (Renaissance) dit entendre cet agacement. "Je comprends que le traumatisme est profond, qu'on ait envie que les choses bougent vite. Mais il faut un petit peu de temps, attendre un projet de loi de finances. Il y a le temps administratif. On va pousser au maximum et je suis convaincu qu'à la fin, nous serons entendus."
"On part moins armés qu'on ne l'était hier"
Emmanuel de Montbron ne voit pas les choses du même œil. "On est assez inquiets pour la campagne qui arrive en matière de feux de forêt", glisse-t-il. "On part moins armés qu'on ne l'était hier", poursuit le sylviculteur, en faisant référence au manque de matériel de lutte, celui-ci ayant été mis à rude épreuve durant l'été.
Le SDIS de Gironde se montre pourtant plus optimiste. Si 40% des camions de pompiers étaient toujours hors service au 18 janvier 2023, le capitaine Etienne Barthélémy tient à rassurer : "le principal objectif est de couvrir la totalité du territoire girondin en ayant plus d’une centaine de camions disponibles. Et on les aura", certifiait-il sur notre antenne.