"On peut accepter cette hausse, mais il faut que la qualité augmente". Nouvelle augmentation des tarifs des transports à Bordeaux

Dès le mois de juillet, le ticket unique passe à 1,90 €. C'est la rengaine de l'été, l'augmentation des tarifs du tram. À coups de lancement de lignes et de remplacement des vélos de prêt, la métropole bordelaise et Kéolis justifient cette hausse de prix nécessaire. Les usagers, eux, devront mettre la main au porte-monnaie, tandis qu'ils pâtissent toujours du mauvais entretien des structures.

Comment reporter les frais engagés toute cette année avec le lancement de nouvelles lignes de bus, de tramway, et de bateau dur la Garonne, tout en remplaçant les vélos de prêt, en pleine inflation ? Réponse : faire payer les usagers. Cette nouvelle hausse de 3,6 % intervient un an après une hausse similaire.

Une augmentation qui touche tout le monde, mais surtout les usagers occasionnels. Cette décision prise en conseil de la métropole devrait être votée en juin prochain et appliquée dès le mois de juillet.

Une nécessité d'augmenter les tarifs

"Avec l'inflation et la mise en place des nouveaux services, nous devions répercuter ces frais." Béatrice de François, adjointe aux transports de la ville de Bordeaux, reprend un petit inventaire à la Prévert des dernières grandes avancées réalisées en lien avec TBM : "Le vélo musculaire est intégré dans l’abonnement annuel alors qu’avant, c'était en plus, le bus express qui arrive, le pont Simone Veil qui arrive aussi avec une nouvelle ligne de bus, la gratuité que nous avons mise en place en mars pour les PMR en invalidité de plus de 50 % ; à l’automne, nous allons avoir une nouvelle ligne de bateaux fluviaux, tout ça fait que nous avons besoin de recettes supplémentaires".

Pour le représentant des usagers, Christian Broucaret, Président de la Fédération nationale des usagers du transport de Nouvelle-Aquitaine, cette hausse se justifie. "On était resté sur la dernière mandature où il n’y avait pas eu de hausse".

On se rend bien compte que l’inflation étant ce qu’elle est, il était indispensable d’augmenter les tarifs.

Christian Broucaret,

président de la FNOT

Avec deux hausses des tarifs deux années de suite, les usagers des transports en commun de Bordeaux Métropole voient le prix de leur titre de transport augmenter.

Les passagers occasionnels visés

Le titre unique passe de 1,80 euro à 1,90 euro, tandis que l'abonnement annuel jeune n'augmente que de 40 centimes d'euros par mois. Le tarif deux voyages augmentera aussi de 10 centimes, passant à 3, 30 euros. Le carnet de dix voyages passera à 15 euros au lieu de 14, 50 actuellement. Mais ce sont surtout les "touristes" ou "passagers occasionnels" qui devront accuser la mise en place de cette hausse de tarification : le Pass 24 h passera de 5 euros à 6, 60 euros ; celui de sept jours de 14,20 euros à 17 euros.

Nous avons décidé de répercuter cette augmentation sur les tickets uniques et les occasionnels, car quand on fait le comparatif avec les autres grandes villes, nous étions moins chers.

Béatrice de François

Adjointe aux transports de la ville de Bordeaux

Ces passagers occasionnels qui "représentent les 2/3 des recettes", selon l'élue. Le représentant des usagers se réjouit de cette hausse ciblée : "La hausse est essentiellement focalisée sur les abonnements 1 voyage, 2 voyages et 10 voyages. On a milité pour que les abonnements n’augmentent que du taux d’inflation."

On a la chance d'avoir la tarification solidaire

À Bordeaux, il existe une spécificité mise en place par la métropole et que souligne non seulement l'adjointe aux transports métropolitains, mais également le Président de la fédération des usagers : la tarification solidaire.

"On a quand même eu la chance aussi, sur Bordeaux métropole, d’avoir la Tarification solidaire : même les gens qui n’ont pas d’argent ne payent pas le prix plein pot" insiste Christian Broucaret. Cette tarification, mise en place depuis 2021, et appliquée au public le plus fragile, concerne 83 000 usagers sur les 235 000 que comptabilise le réseau TBM. Parmi eux, 80 % bénéficient de la gratuité des transports. Par ailleurs, les tarifs spéciaux sont étendus, relève Christian Broucaret. "À Bordeaux, on est jeune à partir de 28 ans et on est vieux à partir de 60 ans" avant de compléter "vous regarderez sur beaucoup de réseaux, Toulouse par exemple, on est jeune jusqu’à 24 ans et on est vieux à partir de 65 ans".

Manque de qualité du réseau

Pour le Président de la Fédération nationale des usagers du transport de Nouvelle Aquitaine, reste "Toujours en suspens le problème de la qualité du réseau". S'il excuse TBM dans sa difficulté à recruter des conducteurs,"les difficultés d’embauche, on les rencontre partout", insiste-t-il, il est bien moins tendre avec la métropole et le problème général de maintenance de la voirie et la mise en place de travaux d'entretien.

Il y a très souvent des bus qui n’ont pas les affichages qui fonctionnent à l’intérieur dû aux soubresauts qui cassent les connecteurs.

Christian Broucaret

Président de la FNAUT de Nouvelle Aquitaine

"Quand on voit qu’il y a des travaux qui sont effectués sur 1 m² et qu’on fait des réfections, soit creusées, soit bombées, quand vous passez, quel que soit le mode de transport, à pied, à vélo en transport en commun ou en voiture, vous n’avez pas une bonne qualité de revêtement"déclare le représentant des usagers, avant de compléter "Ça donne Mauvaise image des transports en commun, parque ce n’est pas confortable et ça abîme beaucoup le matériel".

Car souligne-t-il, "Le prix s’oublie, la qualité reste, et malheureusement la qualité aujourd’hui, elle n’est pas vraiment au rendez-vous."

Les pannes de Tram

Christian Broucaret désigne directement la ligne B, comme étant la ligne sur laquelle il y a le plus d'incidents, et notamment un échangeur en particulier.

"St Nicolas / Peixotto, qui est l’une des principales cause de panne sur la ligne B, ça fait plus de 10 ans qu’on les dénonce et les travaux vont à peine se faire cet été.", déplore-t-il.

On a peut-être trop attendu pour faire les travaux d'entretien

Christian Broucaret

President de la FNAUT de Nouvelle Aquitaine

Ainsi, il ne remet pas en cause le système d'électrification par le sol du tramway, mais dénonce le fait que celui-ci ne conduise pas à assez de maintenance : "Pour les trams, il y a l’usure qui se fait aux carrefours, et le système APS est beaucoup plus fragile que le système par la ligne aérienne de contact". Une réalité dont se défend l'élu de l'agglomération : "L’entretien des lignes suit, ce qui a été compliqué, surtout cette année, c'est le nombre de conducteurs".  Mais précise-t-elle, "Quand on change un aiguillage, on met des bus de substitution".

Avant d'évoquer les répercussions en cascade d'une quelconque défaillance : "Ce n'est pas comme le train : quand vous êtes abonnés, c'est sur une ligne. Là, vous achetez un ticket, c'est pour toutes les lignes". Après, tempère, le représentant des usagers : "il faut noter qu’il y a une augmentation de la fréquentation, c’est bien la démonstration aussi que ça ne fonctionne pas si mal que ça" car pragmatique. "Si ça ne fonctionnait pas, les gens ne prendraient pas les transports en commun."

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