Le Crédit municipal de Bordeaux doit faire face à une restructuration majeure. Pour retrouver l'équilibre, l'institution doit cesser son activité de prêt bancaire. Elle est aussi contrainte de fermer plusieurs agences, avec des licenciements à la clef, et de se concentrer sur son activité originelle : le prêt sur gage.
Au Crédit Municipal de Bordeaux, il ne sera plus possible d'obtenir un prêt bancaire. C'est une des nouvelles mesures issue de la restructuration de l'institution, effective depuis le 1ᵉʳ Janvier 2025.
En revanche, il sera toujours possible de venir mettre ses bijoux "au clou" comme on disait autrefois. Comprenez : déposer des objets de valeur en gage, en contrepartie d'une somme d'argent. Une démarche qui permet aux particuliers d'obtenir des liquidités rapidement leur permettant de passer un moment financier difficile. À charge, pour le déposant, de rembourser la somme dans le délai d'un an. Si ce n'est pas le cas, les objets ou bijoux laissés en gages deviennent la propriété de l'organisme prêteur.
Restructuration vitale
En proie à une crise financière sévère, le Crédit municipal fait le choix de la rentabilité. La restructuration prévoit également la fermeture pure et simple de certaines antennes.
Un plan d'accompagnement a été mis en place pour les salariés, déplacés ou licenciés, car au total sept antennes vont cesser leur activité. Périgueux et Nevers ont déjà fermé et, à terme, cinq autres agences sont concernées. Celle de Poitiers est prévue pour le 15 janvier. Pau, comme Bordeaux, pourra continuer le prêt sur gages.
Pour Yann-Olivier Badour, le responsable d'agence de Bordeaux, il y a un équilibre à respecter pour garantir cette rentabilité. "On considère qu'il faut avoir au moins deux millions d'euros d'encours de prêts sur gages sur un site à effectif équivalent de trois personnes pour qu'il soit rentable. Et Pau en fait partie".
En septembre dernier, le crédit municipal de Bordeaux et ses différentes agences comptaient 85 salariés. D'ici à trois ans, ils ne seront plus que 30
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La "tante" du prince de Joinville"
Après de multiples interdictions puis restaurations des monts-de-piété à Avignon, Lille, Nancy et Paris depuis le 17ᵉ siècle, c'est au 19ᵉ siècle, à Paris, que le prêt sur gage connaît son véritable essor. Un engouement qui va alors au-delà de son usage pour les miséreux.
Ainsi, on dit que le propre fils de Louis-Philippe, le prince de Joinville François-Ferdinand d'Orléans, aurait ainsi déposé sa montre pour honorer une dette de jeu. Quelque peu honteux, il avait prétendu l'avoir oubliée "chez sa tante". D'où l'expression "ma tante" pour qualifier le fait de laisser des objets en gage contre un prêt d'argent au mont-de-piété.
C'est en octobre 1918 qu'un décret transforme les monts-de-piété en caisses de Crédit Municipal. Le mont-de-piété de Paris devient ainsi le Crédit municipal de Paris. Le changement de dénomination correspond au développement de ses activités bancaires parallèlement aux prêts sur gages. Il en est de même pour le crédit municipal de Bordeaux qui aujourd'hui pourtant doit réduire ses activités comme ses effectifs.