A Bordeaux, de plus en plus de parents cherchent une solution pour garder leur bébé. Cent places en crèches sont actuellement gelées, faute de personnel. Dans la petite-enfance, les candidats ne se bousculent plus.
Une belle surprise en arrivée en octobre : elle s'appelle Apolline et elle a un mois. Un heureux événement entaché par une difficulté pour ses parents : même en s'y prenant bien avant la naissance, ils n'ont pas encore réussi à trouver une solution de garde pour leur bébé.
Aucune place en crèche n'est disponible avant septembre 2024. "C’est très stressant, beaucoup d’angoisse et je ne trouve pas ça normal qu'il n'y ait pas assez de places pour tout le monde", témoigne la maman, Clémence Dunis.
Comme elle, des centaines de jeunes parents peinent à faire garder leur bébé à Bordeaux. Pourtant, les locaux existent. La mairie a cofinancé des extensions de crèches afin de pouvoir accueillir plus d'enfants. Mais faute de personnel, cent places sont actuellement gelées dans la capitale girondine.
Des locaux flambants neufs, mais pas de personnel
C'est le cas à la crèche Armand Faulat dans le quartier de Caudéran, qui pourrait théoriquement accueillir quarante enfants grâce à des locaux flambants neufs. "Mais actuellement, nous sommes à trente, car nous manquons de personnel", regrette Lauren Guillard, la directrice. "C'est sûr qu'il y a une forme de frustration qui s'installe, mais notre objectif, c'est de garantir la qualité d'accueil."
Mais alors pourquoi est-ce que les métiers de la petite enfance n'attirent plus ? Conditions de travail difficiles, manque de reconnaissance et faible rémunération... Les explications sont souvent les mêmes dans ces métiers, qui comptent une majorité de femmes.
Comme dans les secteurs de la santé ou de l'aide à la personne, les vocations d'auxiliaire de puériculture se font de plus en plus rares. Et les CV ne s'accumulent plus sur le bureau de Nathalie Auriac, directrice adjointe à la crèche associative des Pitchoun'. Chargée du recrutement, elle constate un réel un manque d’intérêt pour la profession.
Usure professionnelle et manque de reconnaissance
Une panne de vocation qu'elle explique d'abord par un nombre de places insuffisantes dans les formations. "On a du mal à trouver des auxiliaires de puériculture diplômées", observe Nathalie Auriac. Mais ce n'est pas la seule raison à cette pénurie. Elle pointe aussi des conditions de travail difficiles et les bas salaires.
La rémunération devrait être à la hauteur du travail fourni, qui est essentiel, afin qu'il y ait une vraie reconnaissance.
Nathalie Auriac, directrice adjointe à la crèche associative des Pitchoun'
Elle estime que leurs compétences ne sont pas reconnues à leur juste valeur. Elle remarque aussi "un certain épuisement des professionnelles". Notamment, selon elle, à cause des taux d'encadrement fixés à un adulte pour cinq tout-petits qui ne marchent pas (et un adulte pour huit enfants qui marchent). "C'est un rythme de travail difficile, c'est un métier très exigeant, et il y a une perte de sens dans le travail pour certaines et une usure professionnelle."
Soixante-dix postes à pourvoir
Cette pénurie de personnel inquiète la municipalité de Bordeaux, qui gère une partie des crèches de la ville. Alors, pour attirer les candidats, en plus de la revalorisation des salaires, la ville assure travailler "à améliorer les conditions de travail des agents et agentes".
Ce sont des professions qui ne sont pas suffisamment valorisées au niveau salarial et au niveau de l'image, de la valeur de ces métiers extraordinaires auprès des tout-petits.
ville de Bordeaux
Pour attirer les candidats, la mairie a lancé une grande campagne de recrutement et espère embaucher les soixante-dix professionnels qui manquent actuellement dans les crèches municipales.