Plomb, hydrocarbures, arsenic : à Izon, les riverains inquiets après la découverte d'une parcelle hautement polluée

Les habitants d’Izon, en Gironde sont encore sonnés de la nouvelle. Lors d’une réunion publique, organisée jeudi 15 février par la mairie, ils ont découvert une concentration élevée de plomb et d’arsenic dans les sols d’une ancienne entreprise de recyclage de verre.

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Invisible, inodore, mais sûrement pas inoffensive. La pollution à l’arsenic, au plomb ou encore au fer d’un ancien site industriel de 5000 m² d’Izon, situé entre la rue du Pont du Bois et la rue de Carreau, inquiète les habitants.

Plomb, fer, hydrocarbures et arsenic

Les premiers prélèvements, confié au cabinet d’étude Tauw, ont révélé “des taux d’arsenic, d’ammonium et de fer dans les eaux souterraines à des niveaux inhabituels”. Sur la parcelle, certaines zones présentaient 31 g/kg de plomb, 60 g/kg de fer ou encore 8 g/kg d’hydrocarbures.

Une nappe souterraine est également polluée, indique le bureau d’étude, “par des métalloïdes, de l’arsenic et du fer ainsi que de l’ammonium, vraisemblablement dû aux déchets enfouis sur le site”. Les taux seraient, eux aussi, supérieurs aux valeurs de références. 

Elle proviendrait d’une ancienne usine de broyage et recyclage de déchets, Ipaq. Installée en 1979, elle en est partie en 1991. “Cette pollution a été mise au jour par la société Maltha Glass Recycling, propriétaire du terrain, le 30 janvier 2024. La préfecture a immédiatement pris un arrêté imposant au propriétaire la réalisation d’un diagnostic complet et l’évacuation des zones les plus polluées du site”, indique la préfecture de la Gironde.

Pourtant, la municipalité et la mairie ont découvert la présence de ces métaux récemment. “J’ai été informé il y a deux semaines par le sous-préfet que le site était très pollué”, indique le maire de la commune, Laurent De Launay.

L’entreprise qui a repris la parcelle depuis, Matha, aurait été elle-même informée de la pollution il y a deux ans, lorsqu’elle a souhaité céder le site à un promoteur. “Lorsqu’ils ont acheté, on se souciait surement moins de la pollution et de ses dangers”, avance le maire de la commune.

"Je suis ici depuis 1998"

Problème, depuis plus de trente ans, le site a été urbanisé. Une quarantaine de riverains sont aujourd’hui concernés partiellement ou totalement par ces polluants. “On a demandé à Maltha et à son bureau d’étude d’élargir le périmètre pour faire la lumière sur la pollution de sols”, explique Laurent De Launay. 

Difficile à envisager, ce périmètre pourrait en effet concerner bien plus d’habitations que celles aujourd'hui dans le viseur. “Les nappes souterraines ainsi que le lac à proximité seraient concernés. Il faut mener des analyses”, avance le maire d’Izon. 

Si la pollution est constatée au nord et nord-ouest, le nombre pourrait être beaucoup plus dense.

Laurent De Launay

maire d'Izon

Christelle Lequest a acheté sa maison en 1998. De la parcelle contaminée, seul un voisin la sépare. “Je vis ici depuis longtemps, j’espère ne pas avoir de souci de santé. J’ai un potager, j’ai mangé les fruits et les légumes, mon mari pêchait au lac. On voudrait avoir des réponses”, s'inquiète, à demi-mot, la riveraine.

Quelques mètres plus loin, Thierry Dubreuil entretient son élevage de poule et de cailles, qu’il possède depuis trois ans. Son terrain se situe à la pointe de la zone aujourd’hui identifiée comme contaminée. “On ne sait pas dans quelle mesure est le danger. J’ai toujours consommé les œufs de mes poules et je ne suis pas malade. D'ailleurs, je n’ai pas entendu de maladies particulières autour”, tente de rassurer celui qui est dans ce quartier d’Izon.

Mesures préventives

Face aux inquiétudes, les autorités se veulent mesurées. “Cette situation n’a pas d’impact sur la qualité de l’eau du robinet de la commune d’Izon qui est alimentée en eau potable par le Syndicat des Eaux d'Arveyres”, précise ainsi la préfecture. 

Depuis, elle a tout de même conseillé aux habitants de ne plus consommer les œufs des poules de leur jardin, ou encore de “bien laver les légumes de leurs potagers”. L’eau du puits est également à éviter. “Concernant le lac, j’ai fait passer un arrêté municipal pour obliger au “no kill”, afin que les poissons pêchés ne soient plus consommés tant que nous n’avons pas de résultats”, indique Laurent de Launay.

Les premiers prélèvements dans les habitations voisines et dans le lac sont prévus pour le mois prochain. Sur la parcelle de 5 000 m² fortement polluée, les excavations sont prévues d’ici à cinq mois. 

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