L'ancienne porte-parole de l'UMP Lydia Guirous a officiellement pris ces fonctions de préfète déléguée à l'Égalité des chances à Bordeaux. Sa nomination contestée par la gauche en raison de ses "violentes saillies" sur les récentes émeutes, l'ex-polémiste (Sud Radio, CNews) assure ce 28 août qu'elle fera preuve de "neutralité" dans ces nouvelles fonctions.
Ses prises de positions sont-elles compatibles avec son nouveau poste ? La nomination de Lydia Guirous, ex-cadre de l'UMP, comme préfète déléguée à l'Égalité des chances en Gironde, fait grincer des dents à gauche depuis l'annonce de son arrivée à Bordeaux en juillet dernier.
"La nomination de Lydia Guirous est une honte, déplorait alors Loïc Prudhomme, député Nupes de Gironde. C'est une personne ouvertement xénophobe, raciste et sexiste à un poste clef de l'administration d'État. (...) Elle doit partir."
Ses points de vue ancrés à droite, très critiques à l'égard des banlieues et de l'islam, l'intéressée les a exprimés depuis de nombreuses années en politique, sur des plateaux de télévisions, mais aussi dans une poignée d'ouvrages.
Garantie de neutralité
"J'ai eu une vie avant d'être nommée (...) pour rejoindre le corps préfectoral, j'ai eu des engagements politiques, c'était il y a quelques années. J'ai eu une exposition médiatique, j'étais éditorialiste, surtout dans le privé avec des activités en communication, reconnaît Lydia Guirous, rencontrée ce 28 août. Cette page est tournée, c'est un changement radical mais avec une continuité : celle de vouloir servir les Français, à travers cette nouvelle mission de préfète déléguée [chargée de la lutte contre les discriminations, de la cohésion sociale et de l’intégration des étrangers, NDLR]."
Cette fonction de préfet délégué à l'Égalité des chances a été instauré en 2005 pour suppléer le préfet sur les questions d'intégration des populations immigrées en France, mais aussi sur la lutte contre les discriminations à l'égard des femmes. Première à occuper ce poste en Gironde, Lydia Guirous assure que sa nouvelle fonction administrative requiert de la "neutralité".
Cette neutralité fait partie de ma fonction, je suis là pour protéger ces populations des quartiers prioritaires. Je savais que cette neutralité était une obligation. (...) Je pense que je n'aurai pas de difficultés à travailler avec l'ensemble des acteurs qui souhaitent améliorer leurs conditions de vie.
Lydia Guirous -préfète déléguée de GirondeFrance 3 Aquitaine
À gauche, on est sceptique quant à ces déclarations. "Elle donne l'impression de retourner sa veste. On espère que ce soit le cas, mais on ne croit pas à un tel retournement de situation. Tout ce qu'elle a pu dire depuis des années à propos des banlieues, nous avons de bonnes chances de croire qu'elle le pense, non ? sourit Jonathan Pénicaud, chargé des relations extérieures de La France insoumise de Gironde. On ne demande pas à Madame Guirous d'être "neutre" mais de s'engager réellement contre les discriminations," complète-t-il.
Ce qui nous choque, c'est que la nomination de Mme Guirous a été la seule réponse politique, en Gironde, aux émeutes dans les banlieues [suite à la mort du jeune Nahel à Nanterre]. Au vu des saillies qu'elle a pu répandre dans les médias, nous trouvons cette réponse aberrante.
Jonathan Pénicaud -La France insoumise de GirondeFrance 3 Aquitaine
Engagée à droite et sur les thématiques féministes, Lydia Guirous fut porte-parole du parti Les Républicains à sa fondation en 2015, puis écartée de ce poste en 2016 pour ses prises de positions publiques radicales, notamment sur le port du voile, l'islam ou encore les banlieues.
Les émeutes, actes de "barbarie"?
Autrice de nombreux livres, elle intervient régulièrement sur BFMTV, CNews ou encore Sud Radio. Elle y déclarait encore en juin que les émeutes des banlieues étaient l'expression d'une "barbarie". "Ce n'est absolument pas une colère, il faut utiliser les mots justes : c'est de la délinquance, des homicides, des agressions, des pillages (...) La vérité, c'est que derrière ces émeutes s'expriment la haine et le rejet de la France. Ils veulent détruire ce pays qu'ils n'aiment pas, alors qu'ils sont pour beaucoup Français," affirmait-elle en juillet 2023.
La Ligue des droits de l'Homme, comme de nombreuses associations, se sont perdues dans un militantisme gauchiste presque wokiste, parfois pro-islamiste. Elle est comme le planning familial et une grande partie de la gauche, qui a perdu sa boussole républicaine.
Lydia Guirous (extrait d'une chronique sur Sud Radio)à propos du rapport de la LDH critique sur la gestion policière des émeutes de juillet 2023
Comme le dénonce La France insoumise, est-ce "une provocation manifeste et une insulte grave envers les habitants des quartiers" de nommer l'ex-polémiste comme préfète déléguée en charge de ces questions ? Lydia Guirous se veut rassurante : "ma volonté est d'être à l'écoute, d'être dans le dialogue permanent, de rassembler tous les acteurs de bonne volonté pour améliorer la vie de ces populations les plus vulnérables."