"On est à deux doigts de faire des actions commando" : les agriculteurs de la Coordination rurale refoulés aux portes de Paris

Ils l'avaient annoncé tout en restant discrets. Malgré l'annonce d'une rencontre le 13 janvier prochain avec le Premier ministre François Bayrou, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole du pays, n'a pas renoncé à une opération contestataire d'envergure.

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"On étaient coincés sur Orveaux dans l'Essonne et on vient de libérer le campement avec l'accord des gendarmes et du préfet". Sébastien Héraud est maraîcher à Lamonzie-Saint-Martin, près de Bergerac, et vice-président de la Coordination rurale de la Dordogne. Il faisait partie des Aquitains en route pour bloquer Paris et faire entendre la voix des agriculteurs en colère, à l'appel de la Coordination rurale. Venus de toute la France et convergeant vers Paris, ils tiennent à manifester leur rejet de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur.  

Le Périgourdin appelait encore, ce lundi matin sur France info, les agriculteurs à venir manifester à Paris, alors que de nombreux collègues en voitures et tracteurs étaient rassemblés aux portes de Paris, dans l'Essonne. "Nous allons forcer les barrages" pour entrer dans Paris, promettait-il. Au même moment, dans les Yvelines, la circulation sur la RN 10 était neutralisée vers Paris au niveau du Perray-en-Yvelines, en raison de la présence de tracteurs sur les voies. Un autre point de rassemblement était prévu ce lundi matin à Heudebouville, dans l'Eure, sur le bord de l'A13, avant de converger vers la capitale.

Ce matin, il y a six tracteurs qui ont réussi à passer les barrages. Ensuite, on a négocié une sortie digne.

Sébastien Héraud

CR 24, maraîcher en Dordogne

En début d'après-midi, les agriculteurs ont cédé, face aux blindés. Ils n'iront peut-être pas en tracteurs à Paris mais ils restent, selon lui, "des électrons libres"... mobilisés pour dénoncer les méfaits du Mercosur en manifestant devant une sucrerie Tereos d'Arthenay, "un groupe qui n'a rien fait pour sauver la filière sucre en France", estime Sébastien Héraud.

"Des décisions au plus vite"


"Tout ce qu'on veut, c'est rencontrer nos politiques et que les décisions soient prises au plus vite", indiquait l'agriculteur sur l'antenne de France Info ajoutant son syndicat "n'a pas l'intention d'attendre le 13 janvier" pour rencontrer François Bayrou. La date, proposée par l'exécutif, est jugée trop tardive par d'autres syndicats, comme la Confédération paysanne, qui dénonce le fait que l'agriculture ne soit jamais vue comme une problématique de premier plan. 

"La rencontre du 13, c'est la Coordination rurale qui l'avait demandée" au premier ministre François Bayrou "une réunion en urgence". "Et pour Monsieur Bayrou, l'urgence, c'est 10 jours", déplore Sébastien Héraud. "Ca fait un an qu'il y a des discussions ! Pour ma part, j'ai fait plus de 40 réunions à Paris à la suite des manifestations et en suivant, qui n'ont strictement rien donné !"

Nos politiques ne veulent plus prendre de décisions. Ils sont complètement muselés ou incompétents...

Sébastien Héraud

CR 24

Le porte-parole de la Coordination rurale rappelle leurs revendications :  "qu'on aligne les normes françaises sur les normes européennes, et qu'ils arrêtent les contrôles". "Ça nous permettrait de produire correctement et d'éviter cette distorsion commerciale et de production par rapport à nos voisins européens", explique-t-il. Des mesures qui, selon lui, "ne coûtent pas un sou aux contribuables". 

Des "opérations commando" ?

L'élu syndical met l'accent sur la réponse du gouvernement face à leur détermination à se faire entendre à Paris. "Ce qui nous a surpris ce sont les moyens que le ministre Retailleau a mis en œuvre pour une centaine de paysans et cinquante tracteurs : quatre blindés Centaure sur moins de 300 mètres pour nous encercler. Il devait y avoir deux compagnies de gendarmerie !".
"Porter un bonnet jaune, c'est 135 euros d'amende à Paris", s'insurge le représentant syndical.

Mais il prévient que ceux qui sont venus ne comptent pas en rester là. Il émet même quelques inquiétudes.

Vu comme on a été traité avec M. Retailleau ou avec le mépris de M. Bayrou, je pense que ça va être très très compliqué pour tenir la base et qu'il n'y ait pas de dégradation.

Sébastien Héraud

CR24

"Là, j'ai croisé des collègues qui sont au fond du trou. Ils vont perdre leur ferme, leur matériel et même peut-être leur famille aussi", assure l'agriculteur périgourdin 

Pour autant, il n'hésite pas à le dire, "il ne cherche plus à calmer le jeu". Sébastien Héraud craint surtout "l'usure". "Quand je vois ce qui est en train de se passer en 2024 et ce qui commence en 2025, ça me rappelle le conflit des mineurs avec Magareth Thatcher. Ça va mal finir".

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