90 % des étudiants vivent avec un budget inférieur au seuil de pauvreté, et un étudiant sur deux, vit avec moins de 400 euros par mois. Les associations étudiantes tirent la sonnette d'alarme : la précarité étudiante n'a jamais été aussi importante, selon un rapport réalisé auprès des étudiants de l'université Bordeaux Montaigne.
Le précédent rapport, réalisé en 2021 pendant la fermeture des universités lors de la crise sanitaire, avait déjà mis en lumière la détresse psychologique et financière des étudiants. Réalisée par l'organisation étudiante de gauche Le Poing Levé (Révolution Permanente), avec les syndicats étudiants Etudiant.e.s de Bordeaux Montaigne (EBM), la FSE et l'UNEF, ainsi que l'aval de la direction de l'université, une nouvelle enquête dresse un constat pire que le précédent. Le contexte d'inflation (6,2 % sur un an en février, 14,5 % sur l'alimentation selon l'INSEE) pèse d'autant plus sur le budget déjà très serré des étudiants.
De très faibles revenus
Sur les 1 400 étudiants sondés sur le campus de Bordeaux Montaigne, 40 % ne touchent pas de bourses, 55 % déclarent ne recevoir aucune aide financière de leurs proches. Résultat : un étudiant sur quatre occuperait un emploi à temps plein ou partiel, dans le commerce ou la restauration, avec les conséquences sur le bon suivi du cursus qui en découlent souvent. 16 h par semaine en moyenne, pour 490 euros par mois. Au final, une grande majorité des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté.
91% des étudiants ont un budget inférieur au seuil de pauvreté, soit moins de 940 euros par mois
Grande enquête contre la précarité étudiante à l'Université Bordeaux MontaigneLe poing levé, Révolution Permanente
Alimentation, énergie : des privations pour boucler le mois
Avec leur tout petit budget, les étudiants sont d'autant plus vulnérables à l'inflation : les trois-quarts d'entre eux disent avoir vu leur pouvoir d'achat baisser. Beaucoup n'osent pas en bénéficier, mais 14 % des étudiants sondés avouent avoir ponctuellement recours à l'aide alimentaire fournie par des associations telles que les Restos du cœur ou la Banque Alimentaire.
Certains étudiants précaires tentent également de faire des économies sur leurs factures d'énergie : un quart dit avoir laissé le chauffage éteint cet hiver. Un comble alors que 43 % d'entre eux déclarent avoir une mauvaise isolation thermique de leur logement. Logement qui reste d'ailleurs la principale ligne de dépense avec en moyenne 542 euros de loyer à payer chaque mois. Près d'un étudiant sur deux est locataire dans le parc privé.
Un rapport pour faire bouger les lignes
Jeudi 9 mars, l'assemblée nationale rejetait à une voix près un texte qui proposait des repas du Crous à un euro pour tous les étudiants. Les organisations étudiantes avaient alors manifesté à Bordeaux, dénonçant un mépris pour leur situation de précarité. Pour les militants du Poing Levé, l'objectif de ce rapport : visibiliser une situation qui n'a fait qu'empirer au gré des politiques économiques, et réformes de l'enseignement supérieur.
Depuis la crise sanitaire, la précarité a perduré et s'est aggravée. Face au contexte d'inflation, aucune aide n'est apportée aux étudiants. Ce sont toujours les mêmes emplois précaires, les mêmes salaires à la baisse. Il y a un véritable mépris quand on refuse de voter le repas Crous à 1 euro, ou d'étudier un revenu étudiant à hauteur du Smic ou parler de l'abolition des critères de sélection. Ce sont des politiques qui cherchent à détruire l'université publique et favorise toujours la minorité des plus aisées.
Jahan LutzLe Poing Levé, élu étudiant au conseil d'administration de Bordeaux Montaigne.
Avec ces données, les organisations espèrent réussir à mobiliser les étudiants sur le sujet de la précarité et leurs revendications, enfin entendues.