Au CHU de Bordeaux, deux patients ont été opérés, ce mardi 5 avril, de malformations cardiaques grâce à une prothèse résorbable. Une première en France et un premier pas vers la médecine de demain.
Ce mardi matin, au CHU de Bordeaux, c'est le grand jour. Pour Léo Lerbaudiere, 11 ans, pour sa mère Helen mais aussi pour le service de cardiologie pédiatrique et congénitale de l'hôpital. Léo, ainsi qu'un autre patient, sont les premiers en France à être soignés à l’aide d’une prothèse biodégradable.
Avant de s’installer sur la table d’opération, Léo assis sur son lit joue aux cartes avec sa mère. “C’est ma toute première opération ! J’ai peur que ça se passe mal” confie le collégien qui tente tout de même de se rassurer “je sais que les médecins savent faire, qu’ils connaissent les manœuvres”.
Léo est un élève de sixième comme les autres. Il court et fait du sport sans problème. Mais le jeune garçon est atteint de communications inter auriculaires, l'une des malformations cardiaques congénitales les plus fréquentes. La cloison qui sépare les deux parties de son cœur n’est pas totalement étanche. “J’ai un trou dans le cœur", simplifie Léo. Ses deux oreillettes communiquent et le sang de la partie droite circule dans celle de gauche.
Au quotidien, cette maladie bénigne n'handicape pas l’adolescent, “ça ne m’a jamais embêté” confie t-il. Mais elle peut conduire avec le temps à des troubles du rythme cardiaque ou à des complications pulmonaires. Alors pour éviter tous les risques, mieux vaut privilégier l'intervention. “Au quotidien, ce n’était pas lourd pour Léo, mais on se posait beaucoup de questions, alors ce sera un soulagement” avoue Helen Meyer, la mère de Léo.
D'autant plus que depuis vingt ans, l'opération n'est plus si invasive qu'auparavant, fini la chirurgie à cœur ouvert. “On va passer par la jambe de Léo jusqu’à son cœur, on va traverser le trou et positionner la prothèse pour étanchéifier la cloison” explique le cardiologue Xavier Iriart.
Et aujourd’hui, c’est une grande première. Contrairement aux prothèses classiques, le plus souvent composées de nickel et de titane, cette prothèse reSept ne contient aucun élément métallique et la moitié de ses composants sont biodégradables.
Avec le temps et la cicatrisation, les composants de la prothèse vont être digérés par l’organisme, le patient à terme ne portera que très peu de corps étranger au sein de son corps.
Docteur Zakaria Jalal, cardiologue interventionnel au CHU de BordeauxFrance 3 Aquitaine
Même si son fils est le premier patient français à bénéficier de cette technologie, Helen est rassurée par cette innovation "si on peut éviter des matériaux au sein du corps, c’est une très bonne chose”. A côté de sa mère, Léo approuve “moi aussi je trouve que c’est une très bonne chose !”
Un pas vers "la médecine de demain"
Une grande première en France qui fait la fierté de l'équipe du CHU de Bordeaux. "On œuvre toujours pour essayer d'offrir les meilleurs dispositifs pour nos patients donc on est très content de pouvoir opérer avec ce dispositif aujourd'hui" se félicite le cardiologue interventionnel Zakaria Jalal.
Le Professeur Jean-Benoît Thambo, chef du service de cardiologie pédiatrique et congénitale au CHU de Bordeaux, l'assure. Ces prothèses sont "la première phase de la médecine de demain", une médecine qui opte pour du "matériel adapté à l'organisme, biologique, par conséquent plus résistant aux infections, aux inflammations, du matériel qui sera capable d'évoluer et de grandir avec le patient."
Au bout de quinze minutes, l'intervention est terminée. La prothèse est posée et le trou dans le cœur de Léo a bien été comblé. Il pourra rentré chez lui dès le lendemain.
Regardez le reportage de Maria Laforcade et Sébastien Lelalot