Présidentielle 2022. Les jeunes et la procuration : "Ça a l’air assez compliqué"

À onze jours du premier tour de l’élection présidentielle, France 3 Aquitaine est allé rencontrer celles et ceux qui vont voter pour la première fois le 10 avril prochain. ​À Bordeaux, les étudiants de l’école de commerce l’Inseec se préparent à voter, en présentiel... ou par procuration. Pas si simple, selon eux.

Mercredi 30 mars 2022, dans la cour de l’école de commerce de l’Inseec. Les étudiants profitent de leur pause avant de retourner en classe. À J-11 du scrutin présidentiel, le sujet s’invite dans les échanges. Au fil de la discussion, Titouan, 19 ans, mentionne qu’il est inscrit sur les listes électorales de la commune de ses parents, et non à Bordeaux. 

La procuration ? "Ça a l’air assez compliqué, je ne connais pas du tout… mais il faut que je le fasse pour que mes parents votent à ma place”, se décide-t-il. Avant de justifier de ne pas l’avoir fait avant : “C’est une question de temps.”

Des étudiants automatiquement inscrits dans leur ville d’origine

À 18 ans, tous les jeunes sont automatiquement inscrits sur la liste électorale de la commune indiquée lors du recensement citoyen. En cas de déménagement pour les études, il aurait fallu s’inscrire auprès de la nouvelle mairie avant le 4 mars dernier. Mais beaucoup n’ont pas pensé à le faire.

C’est le cas d’Hugo. Contrairement à Titouan, il a déjà fait sa demande de procuration en ligne. “Les démarches sont assez simples, il y a juste deux-trois informations personnelles à remplir”, affirme-t-il. Après les cours, il se rend au commissariat pour finaliser la procuration. “J’ai fait ça tranquillement, sans me prendre la tête.”

Une “fainéantise” de la part des jeunes ?

C’est lors d’une discussion avec ses proches que l’étudiant de 19 ans s’est rendu compte qu’il ne suffisait pas d’être inscrit sur les listes électorales s’il voulait voter. “Ce n’est pas le centre de nos conversations mais c’est un sujet qu’on aborde facilement. Plus les élections approchent et plus on en parle entre nous.”

Le jeune homme comprend ceux qui ne prennent pas le temps de faire une procuration. “Peut-être qu’il y a une fainéantise de la part des jeunes”, tente-t-il d’expliquer. “La sensibilisation reste assez légère.” 

C’est difficile d'y aller, de faire tous les papiers, de s’occuper de l’administratif.

Olivier, 18 ans

De son côté, Olivier, 18 ans, nous dit qu'il va “essayer” d’aller voter, en vrai, ou par procuration. “Le plus complexe dans tout ça, c'est qu'on est jeunes. C’est difficile d'y aller, de faire tous les papiers, de s’occuper de l’administratif.” 

“Je ne me sens pas vraiment concernée”

Si la plupart des étudiants interrogés dans la cour de l’Inseec prévoient de se déplacer le 10 avril prochain, certains ne cachent pas leur désintérêt de la politique. À l’instar de Théa, 19 ans : “Je ne me sens pas vraiment concernée”, explique-t-elle. “Mais je vais quand même aller voter, je sais qu’il faut le faire. Il faut bien choisir pour ne pas élire n’importe qui.”

Depuis près de 20 ans, le recul de la participation au scrutin présidentiel est une tendance lourde. Le 10 avril prochain, l'abstention s'annonce forte dans l'ensemble de la population, mais particulièrement chez les plus jeunes.

Ainsi, 43% des moins de 22 ans et, parmi eux, 46% des 18-19 ans ne devraient pas glisser de bulletin dans l'urne le 10 avril, selon un sondage Ifop de mars 2022.

Selon ce même sondage, la principale raison évoquée par les 18-25 ans prévoyant de s’abstenir est “parce que vous serez en week-end, en congé ou en déplacement” à 25 %, devant “parce qu’aucun candidat ne défend ou représente vos idées” à 23 %.