Privé d'une partie de ses subventions, le Planning familial craint pour son avenir : "c'est une situation grave ! "

Conseils sur la contraception, dénonciation des violences sexuelles... Les activités du Planning familial de Gironde pourraient bien être menacées. Son principal financeur, l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, divise cette année par deux ses subventions à l'association, qui se retrouve à envisager un plan de licenciements.

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"On nous met un couteau sous la gorge", s'agace Annie Carraretto, coprésidente du Planning familial de Gironde. L'association de défense des droits et d'éducation à la sexualité perd cette année une large partie de ses subventions. Son principal financeur, l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine (ARS), divise sa contribution par deux et invite les salariés à réorienter leurs actions, tandis qu'ils font face à un plan de licenciements et des pertes de moyens.

Conseils sur la contraception, sensibilisation aux infections sexuellement transmissibles, dénonciation des violences... Pour assurer ses missions de service public, le Planning familial de Gironde perçoit chaque année près de 300 000 euros de subventions. Une somme délivrée essentiellement par des acteurs de la région, à l'image du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, de la Délégation régionale des droits des femmes et de l'ARS, qui verse habituellement la somme de 170 000 euros. Pourtant, cette année, elle prévoit de verser au Planning familial environ 81 000 euros.

Une réorientation du travail

Cette décision a été annoncée à l'association lors d'une réunion de travail avec l'ARS, en début d'année. "Cette baisse de subventions, l'agence la défend en avançant une restructuration de nos interventions", explique Annie Carraretto. Dorénavant, l'agence régionale ne financerait plus les actions du Planning familial auprès de la jeunesse scolarisée. "Elle considère que c'est au ministère de l'Education nationale de les financer, rapporte la coprésidente. Mais il n'a ni argent, ni moyens."

Pourtant, la sensibilisation auprès du jeune public est fondamentale. "Toutes les trois minutes, un enfant est victime d'inceste, de viol ou d'agression sexuelle, rappelle Annie Carraretto. Il faut continuer à agir dans ces établissements pour libérer la parole. Et même si l'on est conscient de ne représenter qu'une petite goutte d'eau, à chaque fois que l'on se rend dans une classe, il y a toujours un enfant qui vient se confier sur ces sujets."

Durant cette même réunion, l'Agence régionale de santé a aussi affiché sa volonté de concentrer les actions du Planning familial dans certains territoires, pour qu'elles soient plus efficaces. "Cela pose problème puisqu'on ne pourra plus agir partout. On va même devoir refuser d'intervenir dans des établissements avec lesquels on travaille depuis longtemps, regrette Annie Carraretto, qui déplore un comportement de technocrate, loin de la vision réelle du terrain."

  

Le fait de cibler des endroits revient à en exclure d'autres.

Annie Carraretto

Co-présidente du Planning familial de Gironde

Des licenciements envisagés

Dans les couloirs de l'association, "il y a une angoisse permanente. Ce n'est pas la joie", rapporte la coprésidente. Pour cause, les sept salariés de l'association ont participé, lundi 8 juillet en fin d'après-midi, à une réunion pour envisager un plan de licenciements. Résultat : deux postes en temps plein seraient menacés sur les sept et demi que compte le Planning familial, "si la situation ne s'améliore pas".
En 2020, Annie Carraretto détaillait, sur le plateau de France 3 Aquitaine, les missions du Planning familial.

Pour l'heure, l'association avertit ses autres financeurs. Mairie de Bordeaux, Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Délégation régionale des droits des femmes... "Il faut qu'ils fassent pression sur l'ARS, parce que la situation est grave, indique Annie Carraretto. On se retrouve, encore une fois, souffle-t-elle, à envisager une nouvelle campagne de dons".

Déterminée à changer la donne, Annie Carraretto appelle à un rassemblement devant le siège de l'ARS, situé au 103 B rue Belleville, à Bordeaux, ce vendredi 12 juillet entre midi et 14 heures. Contactée, l'Agence régionale de santé n'a pas répondu à nos sollicitations.

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