À 46 ans, Guillaume Fort, professeur d’EPS au collège Ausone du Bouscat en Gironde, va intégrer l’équipe de France de judo en tant qu’entraîneur pour les Jeux olympiques de Paris. La consécration pour cet ancien international.
Chez lui, confortablement installé dans son canapé, Guillaume Fort se replonge dans le passé, pas si lointain. Les Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Sur son écran: " Monsieur Teddy" comme il l’appelle. Ce jour-là, l’équipe de France remporte la médaille d’or par équipe mixte, et Teddy Riner, devient le judoka le plus médaillé de l’histoire des Jeux. En revoyant ses images, l’émotion le submerge.
Entraîneur des Bleus pour Paris 2024
Bientôt, lui aussi, sera dans l’arène. Sa vie est en train de basculer. Il vient d’être détaché pour rejoindre l'encadrement de l'équipe de France masculine de judo. En 2024, pour la première fois, Guillaume Fort sera l’entraîneur des Bleus. Un rêve devenu réalité pour l’ancien international aujourd’hui âgé de 46 ans.
"Je l’ai vécu cette phase-là en tant que spectateur, ça m’a donné des frissons, donc là, être au cœur de l’exploit sportif, j’imagine que c’est encore mieux ".
Dès lors, il va devoir quitter son quotidien en Gironde pour rejoindre Paris et l’INSEP, l’Institut national du sport, de l'expertise et de la performance.
"Avec l'arrivée de Guillaume Fort dans l'encadrement de l'Équipe de France masculine, les équipes d'encadrement de nos Équipes de France sont désormais au complet.
Je tiens à remercier chaleureusement le corps de l'Éducation nationale, grâce à qui le détachement de notre nouvel entraîneur élite a été possible. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 arrivent à grands pas et notre priorité est que l'ensemble des membres de notre Équipe de France puissent travailler de concert et sereinement,afin d'atteindre les objectifs qui ont été fixés" écrit dans un communiqué Frédérique Jossinet, Vice-Présidente de la fédération française de judo, en charge du Haut Niveau et de la Performance.
De spectateur à acteur
Une aventure qui se prépare loin de sa famille avec des rendez-vous internationaux pour suivre les compétitions à l’étranger. Ses proches le soutiennent, admiratifs, même si sa fille, Clémence, regrette déjà les câlins du soir. : " savoir que mon papa va partir et que je ne vais plus le voir comme avant, que je n’aurai plus de câlins le soir, dans mon lit, ça fait du mal, mais je suis très heureuse pour lui. C’est une opportunité incroyable ", se réjouit-elle. Son frère, Axel, ne cache pas son admiration pour son père.
Ça m’inspire d’avoir un papa comme ça et franchement, je lui souhaite que du bonheur et du courage pendant toute cette aventure.
Axel, fils de Guillaume Fort,France 3 Aquitaine
Petits signes
Guillaume Fort, qui a été l’un des meilleurs judokas français au début des années 2000, s’apprête à dire au revoir aux siens, notamment au collège Ausone du Bouscat, où il enseigne le sport depuis 23 ans. Pour son dernier cours, ses élèves de sixième n’ont pas voulu le voir partir sans lui faire un cadeau. Une lettre et des petits mots.
"Ce n’est pas tout le temps qu’on a cette chance-là et c’était aussi pour le remercier de nous avoir appris des choses, on l’aimait bien" confie Ninon. Pas très loin, Thomas espère qu’il "fera des petits signes quand il aura gagné la médaille d’or".
Un professeur aimé dans son collège et tout autant apprécié à l’association sportive de Saint-Médard-en-Jalles où il a donné des cours de judo pendant quatorze ans. Pour ses membres, cette consécration est amplement méritée.
"C’est cool", explique Evan Leclerc, "ça veut dire que tout le travail qui a été mis en place, était le bon et que ça marche". Pour Christophe Martinhita, Guillaume est avant tout "un technicien". "C’est quelqu’un d’extrêmement doué dans ce qu’il fait. Pour moi, c'était une évidence. J'étais persuadé, qu’un jour, il aurait cette gratitude qu’il mérite tant".
Guillaume Fort espère désormais transmettre toute son énergie à l’équipe de France de judo avec l’espoir de revenir chez lui, en Gironde, une médaille d’or autour du cou. Ce sera à l’été 2024.