La prudence s'impose pour le professeur Malvy, en pointe sur l'épidémie de coronavirus. Les gestes barrière ont tendance à ne plus être réalisés par tous ce qui pose question à l'infectiologue membre du conseil scientifique.
L'épidémie de coronavirus est toujours là pour le Professeur Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et en première ligne durant cette crise sanitaire inédite. Il fait partie du conseil d'experts scientifiques, une équipe nationale qui se réunit pour avis régulièrement.
En cette mi-juin, il est un peu inquiet.
Les gens anticipent trop vite la fin du déconfinement.
Les fameux gestes-barrières toujours plus que recommandés sont un peu oubliés quand la vie reprend son cours. En tous cas, c'est qu'il observe notamment à Bordeaux où il exerce et c'est un élément de préoccupation pour le grand spécialiste des infections : " Je viens de voyager dans le tramway du CHU à la gare Saint-Jean, c'était bondé. Les gens n'avaient pas de masques et étaient collés les uns aux autres ".
Alors, comme à chaque fois, il reprend les principes qu'il met en avant depuis des mois, depuis qu'il a senti la gravité et l'ampleur des dégâts causés par ce virus Covid19.
Il faut continuer la distanciation physique, porter des masques. C'est un minimum, et se laver les mains régulièrement.
Même si la Nouvelle Aquitaine a eu très peu de cas, l'épidémie n'est pas terminée insiste-il. Le virus circule et il y a des cas, des foyers sporadiques dans la région classée zone verte depuis la fin du confinement le 11 mai dernier.
Les nombreux tests permettent de bloquer l'extension de l'épidémie. Le procédé et sa rapidité d'exécution fait ses preuves pour l'instant, comme prévu.
La prudence s'impose donc toujours comme l'avait déjà souligné le professeur Malvy début mai.
Peu de monde a rencontré le virus
C'est une circulation à bas bruit du SARS-CoV-2 en Nouvelle Aquitaine comme le souligne le dernier point de Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique.
Le 10 juin, dernières données fournies par cette agence, les indicateurs épidémiologiques sont toujours stabilisés à un niveau relativement faible. L’activité des associations SOS Médecins pour suspicion de COVID-19 est au plus bas depuis 13 semaines, comme le nombre de passages aux urgences, d’hospitalisations et de patients en réanimation pour COVID-19. Le nombre de signalements de malades du COVID-19 en établissement médicaux et sociaux est également en diminution significative dans la région.
Partout, les soignants capitalisent leurs expériences. Ils surveillent beaucoup l'activité du centre 15 et de SOS Médecins pour déceler l'activité du virus. Cette observation va durer encore dans les mois à venir. " Car très peu de monde a enfin de compte rencontré le virus..."
La commission médicale a beaucoup de mal à prévoir ce qui va se passer. Quatre scénarii sont prévus et personne ne sait celui qui va se jouer. Les rassemblements et regroupements de ces derniers jours posent question aux observateurs scientifiques. Les soignants attendent les dix prochains jours pour voir s'il y a recrudescence de cas ou pas.
Et puis il y a tout le contexte international qui est aussi source d'interrogations pour le Professeur Denis Malvy : " L'épidémie n'est pas terminée, ça flambe en Guyane, Inde, Asie du Sud Est, Afrique, Brésil."
Il faut être très vigilant et éviter de voyager à l'étranger.
D'autres échéances se profilent aussi avec leur lot de questions : " On va surveiller dans l'hémisphère sud la grippe qui arrive, et ses conséquences dès octobre en France".
A deux jours de son allocution dimanche à 20 heures, le chef de l'Etat s'est entretenu à 10 heures avec les membres du Conseil scientifique Covid-19 qui le conseille sur la gestion sanitaire de l'épidémie.
Plusieurs voix se sont élevées, ces derniers jours, pour réclamer d'aller plus vite, alors que le Conseil scientifique a déclaré la situation sanitaire "sous contrôle".