"Quand une moto commet une infraction, on n'interdit pas toutes les autres", l'arrêté contre les jet-skis jugé illégal par ses adeptes

Les communes d’Arcachon et du Cap-Ferret ont franchi une nouvelle étape dans la lutte contre les jet-skis. Ce 30 avril, elles ont pris un arrêté pour interdire la mise à l’eau de ces véhicules du 15 juin au 15 septembre. Une action contestée par les principaux concernés, qui dénoncent une décision illégale.

Les jet-skis, c’est fini. Ou presque. Le 30 avril, la mairie d’Arcachon a pris un arrêté interdisant la mise à l’eau de ces engins dans les cales de son territoire, du 15 juin au 15 septembre.

Cette décision, qui ne concerne que les particuliers, a été rapidement suivie par Lège-Cap-Ferret. La cale de La Vigne est donc désormais interdite aux propriétaires de jet-skis, tout comme celles d’Arcachon. Pour mettre à l’eau, les conducteurs devront se rendre dans les autres communes du Bassin d’Arcachon.

"Les trois quarts sont au bioéthanol"

Depuis quelques années, les jet-skis sont dans le viseur des municipalités et des riverains. Trop bruyants, trop polluants, ils sont devenus des indésirables. “Je comprends cette décision. Les jet-skis font des nuisances que les bateaux ne font pas. Ils accélèrent fort, hors de l’eau, ce qui fait beaucoup de bruit”, explique un riverain. Non loin, une kayakiste pointe la pollution générée par ces motos des mers. “Vu la faune et la flore du bassin, avoir ces engins, c'est trop. Ça me dérange parce qu’ils polluent”, regrette la cinquantenaire. 

Avec un jet-ski, vous n'allez pas d’un point A à un point B. Ces engins sont là pour tourner toute la journée.

Philippe de Gonneville,

Maire de Lège-Cap-Ferret

Faux, répondent les propriétaires de jet-ski. “Les trois quarts des jet-skis tournent au bioéthanol, 80 % moins polluant. On n’a pas d’hélice, donc on n’abîme pas les fonds marins, on n’a pas non plus d’antifouling qui pollue, on ne refroidit pas le moteur avec l’eau du bassin contrairement aux bateaux. C’est l’embarcation la plus écologique après les voiles”, martèle Sammy Maysonnave, champion de France de jet-ski en 2022.

Même réponse pour le bruit. “On respecte la réglementation, on ne fait pas plus de bruit que les bateaux à moteur”, rappelle Valérie Nortier, directrice d'une concession de jet-ski.

"On craint de se faire gronder par un jet-ski"

De leur côté, les deux maires pointent surtout un problème de sécurité. “Ces engins posent des problèmes d’incivilités. Il y a souvent des conflits entre les usagers de la mer et les pilotes de jet-skis qui ne respectent pas les limitations de vitesses dans les 300m ou les corps-morts”, explique Philippe de Gonneville, le maire de Lège-Cap-Ferret. 

Selon lui, ces incivilités iraient des dépassements de vitesse aux actes de violences envers les gendarmes nautiques qui réglementent la zone. “Il y a eu, il y a deux ans, une atteinte à l’intégrité d’un gendarme de la brigade d’Arès”, souligne Philippe de Gonneville.

Parmi les riverains, la peur de se faire percuter est aussi présente. “J’aime bien me baigner ici, et parfois, on craint de se faire gronder par un jet-ski parce qu’on serait sur une zone de passage. C’est dangereux aussi pour les enfants”, confie Eve Pouzet, une bordelaise qui se rend régulièrement sur les plages du Cap-Ferret.

"On prive les gens d'une liberté"

Des débordements qui seraient pourtant loin de faire légion. Les adeptes de ces motos nautiques contestent une “punition collective” injustifiée. “On dénonce l’injustice, l’acharnement qu’on subit depuis plusieurs années. Leurs arguments sont douteux, on prive les gens d’une liberté au nom d’incivilités commises par certains”, regrette Stéphanie Nortier, directrice de la concession de jet-skis, GSP 33.

Parmi les adeptes, la colère gronde aussi. “Je paie des taxes pour avoir un accès à la mer et utiliser mon jet-ski, et là, on va me l’interdire. Oui, il y a trop de monde l’été sur le bassin, mais pourquoi on n’interdit que les jet-skis ?”, fulmine Pierre Dutter, un bordelais qui fréquente régulièrement le bassin d’Arcachon.

Sur la route, quand une moto commet une infraction, elle a une amende, mais on n'interdit pas à toutes les motos de circuler. Pourquoi ce serait différent pour les jet-skis ?

Valérie Nortier

Propriétaire d'une concession de jet-skis

Première fois en Gironde, des arrêtés municipaux similaires ont cependant déjà été pris à Cannes ainsi que dans le Morbihan. Les deux décisions ont finalement été retoquées par le Conseil d'État. Conscient de cette jurisprudence, le maire de Lège refuse pourtant de céder. “Si l’arrêté est contesté, c’est le juge qui devra se prononcer, mais les problématiques liées à ces engins sont présentes et le bassin est un lieu clos que nous devons protéger”, répond l’édile.

Une action qui ne devrait pas tarder, du côté des conducteurs de jet-skis. Une requête a déjà été transmise au ministère de l'Intérieur, aux préfets de la Gironde ainsi qu’aux services maritimes de la DDTM.

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