En Gironde, France Horizon a reçu plus de 2500 propositions d'hébergements pour des réfugiés ukrainiens. Un élan de générosité qui a pourtant un coût. Deux mois après le début de la guerre en Ukraine, quelles sont les solutions pour compenser ces frais engagés ?
C'est un vrai sujet, reconnaît Stéphanie Casula, la directrice de France Horizon Gironde. L'association gère toutes les demandes qui passent par la préfecture de la Gironde. Ce vendredi 6 mai 2022, 450 réfugiés ukrainiens ont été logés par son intermédiaire.
Quand on accueille une famille, ça a un coût. Je comprends parfaitement les hébergeurs. Surtout que la situation dure et qu'on ne sait pas pour combien de temps encore
Stéphanie Casula France Horizon
Oleksandra Bertin – Sergeieva présidente de l'association Ukraine Amitié le confirme :
Nous avons écho de familles en difficulté financière qui veulent bien continuer mais en échange de remboursement de leurs frais, nourriture, électricité ….
Selon Stéphanie Casula, les girondins qui hébergent chez eux, ou qui ont mis un logement à disposition ont des scrupules à en parler. "Quand il y a un élan de solidarité, on a du mal ensuite à dire qu'il faut payer".
France Horizon gère encore les arrivées de nouveaux réfugiés même si elles ont diminué et atteignent aujourd'hui un plafond. L'association encourage désormais des contrats entre hébergeurs et hébergés pour fixer le montant et les modalités de la participation.
Stéphanie Casula le rappelle, les réfugiés ukrainiens bénéficient de l'allocation pour demandeurs d'asile (Ada), versée par l'office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) et qui s'élève s'élève à 6,80 euros par jour et par personne. Plus de 70.000 Ukrainiens en bénéficiaient à la fin du mois d'avril, deux mois après le début de la guerre en Ukraine.
"On est sur des montants qui permettent de participer aux frais d'hébergements. Ca fait 8 à 900 euros par mois pour une famille" évalue la directrice de France horizon Gironde.
Le versement est rapide entre quinze jours à un mois. La croix rouge donne des tickets d'achats en attendant. Les réfugiés Ukrainiens n'ont pas besoin de faire une demande d'asile. L'Europe leur accorde un statut de protection temporaire de trois ans qui permet d'accéder au droit de travailler de se loger de bénéficier du système de santé et d'éducation.
Beaucoup sont dans la démarche de chercher un travail et certains en ont d'ailleurs commencé à travailler indique Stéphanie Casula.
La directrice de France Horizon Gironde insiste sur l'importance de contractualiser cet accueil :
"C'est une relation humaine entre l'hébergeur et l'hébergé qui reçoit chez lui ou dans un de ses logements. Il est important qu'ils s'entendent sur les modalités de participation. L'Etat n'a pas à intervenir dans cette relation"
De son côté, L'association Ukraine Amitié a signalé cette demande de compensation des frais engagés à la mairie de Bordeaux et à la préfecture, estimant qu' "il s’agit d’un dispositif d’Etat pour l’accueil des réfugiés. C’est de leur responsabilité."
La Ville de Bordeaux rappelle de son côté qu'elle "participe à la solidarité aux victimes et aux déplacés ukrainiens en attribuant une subvention exceptionnelle de 10.000 € à l’association Ukraine Amitié qui œuvre aux liens entre la France et l’Ukraine".