"Qui aurait envie que son animal soit égorgé ou déchiqueté ?" : le retour du loup, nouvelle angoisse des éleveurs

Le loup est de retour, et avec lui, les angoisses des éleveurs du secteur. Le canidé a été formellement identifié le 13 octobre dans le secteur de Braud-et-Saint-Louis, en Gironde. À Cézac, dans le secteur, plusieurs attaques ont déjà été recensées.

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Kelly Belly en était certain : le loup est de retour. Ses doutes ont débuté en août 2024, lorsque son troupeau de brebis est attaqué alors qu’il se trouvait dans les marais, pour l’été. L’une d’entre elle a été grièvement blessée. “On voit encore une touffe de laine qui manque. Elle était blessée à la gorge, mais nous avons réussi à la sauver, elle et son petit”, se réjouit l’éleveur ovin, installé à Cézac, à la frontière entre la Charente-maritime et la Gironde.

Une scène d’horreur que l’éleveur souhaite ne plus jamais voir. “Ce sont comme des animaux de compagnie. Qui aurait envie que son animal soit blessé, égorgé, déchiqueté ?”, lance, tout en connaissant la réponse, Kelly Belly. Au total, la préfecture de Gironde établit à trois le nombre d’attaques dans le secteur qui pourraient être imputées au canidé.

"J'ai cru à un canular"

Son instinct était donc bon. Le 13 octobre dernier, l’Office Français de la Biodiversité, autorité en la matière, certifie la présence du loup à Braud-et-Saint-Louis, à 30 km de son exploitation. “Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais à la fois content et soulagé parce qu’on va pouvoir envisager l’avenir pour que nos brebis ne soient plus attaquées”, explique Kelly Belly.

Ça a pris quelques mois après que j’ai lancé l’alerte.

Kelly Belly,

Eleveur ovin à Val-de-Livenne

Des soulagements de courte durée pour l’éleveur qui a immédiatement rapatrié ses bêtes sur l’exploitation, plusieurs semaines en avance. L’urgence des premiers jours a laissé place aux peurs. “On est très inquiets, oui. Je ne sais pas ce que je dois répondre à mes enfants sur le loup. Est-ce qu’on va pouvoir continuer à élever des ovins ? Est-ce qu’on va un jour retourner dans les marais pâturer l’été ?”, interroge l’agriculteur, neuvième génération à la tête de cette propriété.

Cohabitation

À quelques kilomètres, Guillaume Nivelle, gérant de la ferme Califourchon n’en revient toujours pas. “C’est improbable. Quand on me l’a dit, j’ai cru à un canular”, se souvient le président de l’association. Mais très vite, lui aussi a tout fait pour protéger ses bêtes. “La nuit, elles sont enfermées à l’intérieur, et la journée, je fais cohabiter des gros spécimens avec des plus petits”, explique Guillaume Nivelle. Chèvres extra naines, brebis, volailles et même alpagas sont donc protégés par les yacks de Mongolie, zébus de Madagascar ou lamas. 

Les nouveaux-nés se font souvent manger par des renards de grande taille. On a même eu des veaux dévorés par des sangliers.

Guillaume Nivelle,

Gérant de la ferme Califourchon

Connue, la menace n’en reste pas moins inquiétante. “Quand on voit les dégâts que font les autres prédateurs et qu’on sait que le loup est encore plus rapide, oui, il y a davantage de stress”, reconnait le propriétaire de la ferme.

Surcoûts

Malgré la reconnaissance d’une attaque sur ses brebis, de loup ou de chien errant, Kelly Belly n’a pas été indemnisé. “Tous les frais vétérinaires ne m'ont pas été remboursés. Si ça continue, et que d’autres animaux sont blessés, ça va être compliqué”, explique-t-il. Des frais auxquels risquent d’être confrontés les autres éleveurs du secteur. “On n'était déjà pas beaucoup, mais là, il n’y en aura plus du tout”, lâche l’éleveur.

À ces frais s'ajoutent désormais des surcoûts pour protéger les bêtes. “Il va falloir compter plus de foins, d’enrubannage”, explique, fourche en main, Kelly Belly. L’éleveur envisage aussi des mesures à son échelle, comme la mise en place “de clôtures” et l’adoption d’un patou. Pour autant, il espère que des mesures seront prises pour stopper l’animal. “Son habitat n’est pas au milieu des troupeaux”, déclare, laconique, l’éleveur ovin qui estime déjà, qu’à long terme, il devra se séparer de certains animaux pour ne pas “faire exploser les coûts”.

Dans cette zone où les exploitations côtoient des grands espaces verdoyants, les marais ont des airs de “garde-manger”.

Il y a des marcassins, des ragondins, c’est un grand frigo pour le loup. Il ne partira pas tout seul.

Kelly Belly

Eleveur

Dans le secteur, les agriculteurs demandent à ce que l’animal soit “chassé”. “Au moins à 100 km”, lance Guillaume Nivelle. Kelly Belly, lui, espère que l’animal sera capturé et emmené dans un milieu plus approprié. Des mesures qui ne sont pour l’instant pas encore à l’ordre du jour. Tous attendent des nouvelles, avant l’été prochain et ses estives.

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