Rayons non essentiels fermés dans les supermarchés : les commerçants satisfaits à Bordeaux

Les grandes surfaces n'auront plus l'autorisation de vendre vêtements, livres, dvd, bijoux, déco, maquillage... à partir de mardi. Une solution "plus équitable" approuvée par les commerçants bordelais. Ils redoutent un prolongement du confinement qui les empêcherait d'écouler le stock de Noël.

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"Pendant le premier confinement, la grande distribution s'est gavée pour prendre une expression bordelaise, alors que le petit commerce mourrait à petit feu, c'était l'iniquité absolue" nous fait observer Christian Baulme, le président de la Ronde des Quartiers à Bordeaux. Son association, forte de 1400 adhérents, représente une bonne partie des artisans et commerçants de la ville. 

"Nous on réclamait l'ouverture de tous les magasins. Ce n'est pas possible pour l'instant, on peut comprendre qu'il faut limiter les flux de population, mais il faut que la situation soit la même pour tout le monde. Là, avec la fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces, on est satisfait".

Le click & collect, une solution coûteuse et peu rentable 


Les petits commerces ne peuvent pas recevoir de clients mais ils peuvent organiser une vente à distance. Une solution encouragée par les autorités mais "ce n'est pas si simple" tempère Christian Baulme. "Un commerçant est souvent seul pour tout faire, l'achat, la vente, la compta, les démarches administratives, bancaires etc...et il doit déployer en plus de tout une énorme énergie pour mettre en place un click & collect". 

Il est en effet nécessaire de créer un site internet, de photographier et légender l'ensemble de son stock, de vérifier les commandes, d'organiser les livraisons ... "Ce n'est pas le métier d'un commerçant. Chez nous, les clients veulent voir, toucher, discuter. Et puis vous savez ce que ça coûte ?

Propriétaire d'une quincaillerie dans le quartier de la Victoire, le président de l'association des commerçants bordelais s'est lui-même lancé dans l'expérience. Poussé par la crise sanitaire. "Entre l'achat du matériel, la conception, l'utilisation ça me coûte 30 000 euros" affirme-t-il. "C'est cher, ça représente un travail titanesque, compliqué à mettre en place, pour en retirer 10, 20% du chiffre d'affaires. Ce n'est pas ce qui va sauver les boutiques contraintes de fermer".  

Qui plus est aucune aide n'est accordée pour accompagner la numérisation. Christian Baulme interpelle la Région Nouvelle-Aquitaine. "La Région doit rendre éligible tous les commerçants au fonds européen pour la digitalisation de leurs entreprises. Ce n'est pas le cas pour l'instant. Pour ma part, j'ai fait la demande, je n'ai droit à rien".

Le stock de Noël arrive, pourra-t-il être vendu ?


Ce nouveau confinement intervient alors que tous les commerces ont passé leurs commandes pour la période de Nël. "Nous, à la quincaillerie, on a le droit d'être ouvert mais les clients n'ont pas vraiment le droit de se déplacer. Vendredi dernier, on a perdu 50% de chiffre" témoigne le chef d'entreprise très inquiet pour la suite.

"Si ça dure 15 jours, ça pourra aller mais avec 50% de chiffre, on n'est pas rentable, on perd de l'argent. Très vite ça va se transformer en chômage partiel".

Pour l'instant, son équipe est affairée à la réception, rangement, stockage du matériel acheté pour les ventes de fin d'année. "Comme tous les commerçants, on va recevoir énormément de marchandise. Les gens achètent beaucoup de vêtements, de chaussures, d'équipement pour la maison à la période de Noël. Certains commerçants font 40 à 50% de leur chiffre. S'ils restent fermés jusqu'en janvier, comment ils vont s'en sortir, qu'est qu'ils vont faire de la marchandise ?"

Christian Baulme explique qu'il faudra payer factures et loyers, très élevés à Bordeaux, malgré les aides et les allègements des charges.
 

Il espère qu'une solution de réouverture puisse être trouvée pour la mi-novembre en concertation avec le ministère de l'économie. 

Bruno Le Maire a en effet affirmé qu'il recevrait les différentes fédérations de commerçants ces prochains jours afin de regarder, en fonction des caractéristiques de chaque profession, quelle seraient les règles sanitaires qui permettraient de rouvrir un certain nombre de commerces.

Pierre Hurmic pas entendu

Autant dire que le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, ainsi que les autres maires signataires d'une lettre demandant le maintien des petits commerces, n'a pas été entendu. "Des mesures difficles doivent être socialement acceptées, et la cohasion nationale est nécessaire pour que la lutte contre la pandémie soit efficace sur le terrain... et là il y a une incompréhension et pas seulement des commerçants maus aussi des habitants qui disent ma libraire est fermée alors que le bureau de tabac est ouvert."  a-t-il déclaré chez nos confrères de TV7 ce lundi matin. 
Pierre Hurmic juge donc la position du Permier ministre "pas tout à fait à la hauteur."  mais il souligne pour autant vouloir continuer dans la voie du lobbying auprès du gouvernement. 
 
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