À Bassens, près de Bordeaux, comme à Bayonne, les dockers bloquent l'accès au port, lieu stratégique.
Le brasero brûle, les palettes aussi. Le scénario se répète sur le port de Bayonne depuis le 19 janvier. La banderole affiche la couleur "Port Mort". Les grévistes dockers sont installés autour du feu pour bloquer l'accès.
Engagé depuis le 19 janvier, le mouvement connait un regain de mobilisation à la lumière des derniers épisodes dans l'hémicycle. Depuis la semaine dernière, dans tous les ports de France, la grève est déclarée pour 72 heures. Plus d'activité du mardi au jeudi soir. Le nombre de jours de blocage s'est accentué depuis le début de la mobilisation. D'abord 24 h, puis 48 h et maintenant 72 heures dans tous les ports de France. Avec toujours le même mort d'ordre.
"On sait ce qu'on veut, on sait ce qu'on attend. On attend le retrait de cette réforme." martèle Dylan Cappelletti, docker syndicat général CGT des dockers de Bayonne.
Alors l'intervention du chef de l'Etat, Emmanuel Macron, n'a pas plus d'effet que ça ce mercredi matin autour du feu.
On n'a rien à secouer de ce qu'il va raconter, Macron. C'est toujours les mêmes paroles, sa politique, elle est véreuse donc il pourra dire ce qu'il veut, on ne va pas l'écouter.
Dylan Cappilletti - CGT Docker BayonneFrance 3 Euskal Herri
Bloquer l'activité
Même stratégie plus au nord, sur le grand port atlantique à l'entrée de Bordeaux. Durant les 72 heures de grève, la journée de mobilisation la plus forte est le mercredi pour une journée "Port Mort".
Les bateaux non déchargés restent à quai. Les camions sont à la queue leu leu.
"100 % de grévistes" annonce Jérémy Barbedette, de la CGT Dockers de Bordeaux. Toutes les
Dockers, grutiers, salariés du port donc manutention, déchargement de navires, travail sous les hangars, tout le port est à l'arrêt.
Ils sont installés depuis les premières heures aux entrées stratégiques pour limiter la manutention sur le site. Ils sont une cinquantaine sur le rond-point pour ralentir la circulation et bloquer les zones de travail.
Ces professionnels sont mobilisés depuis le 19 janvier, dès les premières heures de contestation contre la réforme des retraites. "Depuis le début, on en est à 14/15 jours de grève." Autant dire que ça doit peser lourd sur le porte-monnaie.
C'est un demi mois de salaire en moins.
Jérémy Bernadette - CGT Dockers port de BordeauxFrance 3 Aquitaine
Mais Jérémy Bernadette croît dans le pouvoir de cette mobilisation, "Ces actions donnent de la visibilité."
"Il s'agit de bloquer l'activité pour lancer de messages. En bloquant, les puissants peuvent intervenir auprès du Président". Comprenez les puissants, ceux à qui les marchandises bloquées font défaut, les chefs d'entreprises.
Alors la suite du mouvement ? "On est prêt à durer, on fera au coup par coup, on verra sur le moment"
Objectif dépôt de carburant bloqué
Un peu plus loin, autre blocage, mais pas organisé par les dockers. Ce sont plutôt des représentants de l'intersyndicale placés au rond-point de Saint-Vincent. Le but est bel et bien de limiter l'accès aux dépôts pétroliers de la zone. Résultat, "ça passe au ralenti en direction des dépôts de carburants" d'après notre journaliste Candice Olivari présente sur place. Il est alors 10 h ce mercredi 22 mars.
"Ce qu'on veut, c'est le retrait total de cette réforme, le pouvoir d'achat. " précise Patrick Youf, qui se présente comme Gilet jaune de Bordeaux. Il explique en quelques mots la stratégie.
C'est stopper le carburant. On paralyse une partie de l'économie, c'est fait sciemment dans ce but-là.
Patrick Youf - "Gilet jaune" de la GirondeFrance 3 Aquitaine
Sur le rond-point, les slogans entendus dans les manifestations précédentes résonnent toujours, scandés par quelques-uns. " La retraite à 60 ans, on s'est battus pour la gagner, on se battra pour la garder."
Les camions citernes passent au compte-goutte pour rejoindre le dépôt pétrolier.