Le 1er septembre marquera le début de l'année scolaire 2022-2023. Une rentrée notamment entachée par des problèmes de recrutement. Mais pour les professeurs interrogés en Gironde, le manque d'attractivité de la profession ne date pas d'aujourd'hui, et s'explique par de nombreux facteurs.
A la veille de la rentrée, toujours les mêmes sentiments. La joie de retrouver les élèves est entachée par des conditions d'enseignement qui se détériorent au fil des ans. En ce début d'année scolaire marqué par une hausse du nombre d'enseignants contractuels, des professeurs tirent la sonnette d'alarme. Le déficit d'attractivité du métier et le manque de moyens alloués plongent notre système éducatif dans une situation particulièrement difficile. Plus de 4 000 postes n'ont pas été pourvus cette année aux concours enseignants.
Pour Charlotte Bonneau, professeure de français au collège en Gironde, le problème de recrutement est loin d'être récent. "Je suis assez étonnée qu'on nous parle de rentrée spéciale alors que c'est pas du tout la première fois qu'on n'a pas un professeur devant chaque classe. L'augmentation des contractuels, on le vit depuis des années, j'ai l'impression d'en entendre parler depuis que je suis dans ce métier. On en subit les conséquences depuis longtemps", souffle cette enseignante de 37 ans, qui exerce depuis maintenant 13 ans.
"Revalorisation symbolique"
Pour tenter d'attirer de nouvelles recrues, le ministère de l'Education nationale a annoncé une future revalorisation salariale. A partir de la rentrée 2023, tous les professeurs devraient percevoir au minimum 2 000 euros nets par mois. Mais le problème ne se situe pas qu'au niveau des salaires selon l'enseignante. "On a fait que nous parler de l'école de la confiance mais moi ce que j'aimerais c'est qu'on nous fasse confiance [...] qu'on nous laisse travailler, valoriser nos initiatives et pas nous imposer des choses."
Selon Charlotte Bonneau, la hausse des salaires doit s'accompagner d'une "revalorisation symbolique". "Il faut arrêter de dire qu'on est récalcitrants. Chaque année, on nous rajoute des choses et on accepte, on le fait." Celle-ci évoque aussi la nécessité de mettre en place des aides pour pouvoir accueillir les élèves aux "profils particuliers", notamment ceux en situation de handicap.
Manque de moyens
Une meilleure prise en charge de ces élèves serait envisageable grâce à davantage de moyens, mais ceux-ci manquent cruellement selon Charlotte Laizet, professeure d'histoire-géographie de 42 ans. Un déficit qui ne touche par ailleurs pas que l'Education Nationale.
Les problèmes qui se posent à l'école se posent dans tous les services publics. On est le reflet des maux de la société. Il y a de moins en moins de moyens. La plupart d'entre nous, si on a choisi ce métier, c'est parce qu'on y croit, parce qu'on veut une école qui permette d'émanciper les élèves, de réduire les inégalités... On n'a plus les moyens de le faire.
Charlotte Laizet, enseignante en histoire-géographieFrance 3 Aquitaine
Des évolutions "auxquelles on n'était pas préparés"
Selon Pascal Bourdon, 59 ans, professeur d'histoire-géographie depuis maintenant 37 ans, l'essor des réseaux sociaux a compliqué le processus de socialisation traditionnellement assuré par l'école. "Ces dernières années s'est développée l'individualisation des savoirs par les réseaux sociaux, l'Internet [...] Désormais, on a des individus de plus en plus autocentrés via les réseaux sociaux, entre autres. Mais nous, on doit faire du collectif. C'est une des évolutions que j'ai vues ces 15, 20, 30 dernières années, auxquelles on était pas préparés."
Malgré toutes ces difficultés, les professeurs assureront la rentrée, comme chaque année, pour leurs élèves. A l'instar d'Harold Sabourdy 41 ans, lui aussi enseignant en histoire géographie : "Comme les collègues, on sera devant les classes, demain, avec l'envie de bien faire."