Il avait eu la main arrachée par une grenade GLI-F4, le 8 décembre 2018 à Bordeaux. Pour Antoine Boudinet, le retrait de cette arme intermédiaire régulièrement accusée de causer des mutilations est un "coup médiatique".
Antoine Boudinet, a perdu une main dans une manifestation de Gilets jaunes à Bordeaux.
Le 8 décembre 2018, sa vie bascule alors qu’il participe à la marche pour le climat et à celle des « gilets jaunes ».
Il se trouve sur la place Pey-Berland, quand il voit un objet rouler près de lui.
Le jeune homme de 27 ans pense à une cartouche de gaz lacrymogène qu’il renvoie par réflexe. Sauf qu’il s’agit d’une grenade de désencerclement (GLI-F4) qui contient de la TNT. Elle explose et lui arrache sa main droite.
Un manifestant présent place Pey Berland évacué avec une main arrachée #Bordeaux #GiletsJaunes (images @gdecaix ) pic.twitter.com/1JbN26qlan
— France3 Aquitaine (@F3Aquitaine) December 8, 2018
Depuis, Antoine se mobilise avec le collectif "Mutilé pour l'exemple". Ils sont une vingtaine comme lui, qui ont subi une blessure grave, lors des manifestation des Gilets jaune à réclamer l'interdiction de l'usage des grenades GLI F4 et du LBD40.
Régulièrement décriée par des manifestants et contestée - sans succès - jusque devant le Conseil d'Etat, pour sa dangerosité, cette petite grenade qui contient 26 g de TNT (17,8 cm de hauteur, 5,6 cm de diamètre, 190 g) a un triple effet lacrymogène, sonore (forte détonation) et de souffle.
"Retrait immédiat"
Invité de France 3 ce dimanche 26 janvier, Christophe Castaner a annoncé son “retrait” immédiat. Les forces de l’ordre françaises étaient les seules encore autorisées à s'en servir dans toute l’Union européenne.Cette annonce est un soulagement pour Antoine Boudinet mais pas entièrement satisfaisant. Et la victoire a un goût amer. "On s'y attendait avec toutes ces polémiques" mais "c'est quand même une bonne nouvelle".
Contacté par l’Agence France-Presse, le jeune homme qui figure sur la liste anticapitaliste de Philippe Poutou (avec le NPA, LFI, des associations et des "gilets jaunes") pour les municipales à Bordeaux, estime que ce "coup médiatique" et cet "effet d'annonce" ne sont "pas suffisants" car "c'est toute la politique du maintien de l'ordre en France qu'il faut réformer".
Cette annonce est en réalité la concrétisation d’une volonté déjà actée au printemps 2018. Des munitions qui ne sont d’ailleurs plus produites depuis 6 ans, dont les stocks devraient être épuisés d’ici à 2021.
La GLI-F4v doit être remplacée par une autre grenade : GM2L, à usage semblable mais sans explosif, ni effet de souffle. Elle doit progressivement venir équiper les forces de l’ordre.