Journée mondiale de lutte contre le SIDA : moins de dépistage du VIH et des jeunes qui n'ont plus vraiment peur du virus

173 000 personnes vivent avec le VIH en France mais beaucoup ignorent leur séropositivité. Elles pourraient être près de 500 en Gironde. En 2020, le nombre de dépistages est en baisse. Et la nouvelle génération ne le craint plus autant.

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Moins de dépistage de la maladie, c'est l'un des effets pervers de la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le monde depuis fin 2019.  Que ce soit le Cancer ou le VIH, beaucoup ont hésité ou renoncé à se faire dépister en 2020 avec pour conséquence une prise en charge plus tardive.
En France, plus de 6000 personnes découvrent leur séropositivité chaque année. On estime qu'environ 24 000 personnes ignorent leur séropositivité, dont plus de 500 en Gironde.

 

D'après Santé Publique France, le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2020 a ainsi été estimé à 4.856, soit une diminution de 22% par rapport à 2019.
Avec 5,2 millions de sérologies 
VIH réalisées par les laboratoires de biologie médicale, l'activité de dépistage du VIH, qui avait augmenté entre 2013 et 2019, a diminué de 14% entre 2019 et 2020.

Ce manque de dépistages peut également être dû à une moindre contamination, car moins de relations sociales durant les confinements. Mais il peut avoir occasionné un retard au diagnostic et à l'accès aux traitements antiviraux dont l'effet préventif a un impact direct sur la dynamique de l'épidémie.


En effet, en 2020, 30% des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l'infection, ce qui constitue une perte de chance en termes de prise en charge individuelle et un risque de transmission du VIH aux partenaires avant la mise sous traitement antirétroviral.

En Aquitaine, également, on observe une baisse des dépistages de 14% par rapport à 2019. Cette baisse de l’activité de dépistages est accompagnée d’une baisse du nombre de sérologies confirmées positives (-24% par rapport à 2019).

Les jeunes, "Ça les effraie pas du tout et c'est ça le drame !"

Le Dr Arame Mbodje, Directrice de l'association Sida Info Service (SIS) confirme que "tout tourne autour du Covid" et que l'information sur le sida "et les IST en général" est difficile à passer. "Egalement parce que les gens ont peur d'aller dans les centres de dépistage et d'attraper le covid. Cette crainte-là on l'entend au téléphone". "On essaie d'utiliser les réseaux sociaux, quelques affiches dans la rue". Selon elle, c'est une façon de capter le grand public et surtout le jeunes qui "manquent cruellement d'informations".

Ceux qui avaient 18 ans dans les années 80 ont connu une information permanente sur le sujet et l'enjeu de prévention. On aborde dans ces années 2020, la troisième génération depuis l'arrivée du virus. "On est passé d'une maladie où on mourrait tout de suite. C'était la grande peur dans les années 80-90. Quand on était contaminé, on avait très peu d'espoir d'avoir une vie longue. La trithérapie est arrivée dans les années 1995 : les espoirs ont été permis... Les jeunes d'aujourd'hui sont nés en connaissant une maladie chronique, comme le diabète et l'hypertension ! (...) Ça les effraie pas du tout et c'est ça le drame !"

Le Dr Mbodje ajoute que, malheureusement, ils font aussi partie de ces nouvelles contaminations. "On a des gens qui nous appellent, ils ont 25-30 ans, ils viennent d'apprendre leur séropositivité. Ça nous fait mal au cœur".

EN SAVOIR PLUS :

Le site de Sida Info Service (SIS)

Par téléphone au 0800 84 08 00

Sida Info Service à Bordeaux :1 Rue Guérin Tél:05 56 11 02 18

L'information auprès des jeunes

Pour la médecin, les associations sont toujours sur le terrain, mais les programmes de l'Education nationale ne met pas l'accent sur le sida, le VIH, "c'est assez général" et "quand on les interroge (les jeunes, NDLR), ils répondent, on a parlé des IST, vaguement..."

Alors pour sensibiliser, il faut changer d'angle d'attaque, parler de "santé sexuelle et reproductive" et à travers ce thème, "parler de la prévention, des IST dont le VIH". Elle raconte en souriant que l'association a créé un jeu de carte "comme les sept familles" sur les infections sexuellement transmissibles "on en a édité 10 000" et ça marche très bien auprès des jeunes. "On l'a appelé "Les affreuses IST" !" Un jeu-support pédagogique pour mieux connaître les infections suivantes : VIH, hépatite B, syphilis, chlamydia, gonorrhée, herpès et papillomavirus. Car elle explique que s'ils attrapent aussi des chlamydia, des candidoses c'est aussi parce que le préservatif n'était pas utilisé.

Et c'est dommage, dit-elle, car on pourrait leur parler sexualité en général, même s'il y a encore beaucoup de tabous, au collège comme au lycée avec plusieurs axes : "le consentement, la vaccination au Gardasil pour les filles et les garçons (prévention contre le cancer du col de l'utérus /papillomavirus), et les maladies sexuellement transmissibles".
Pour faire prendre conscience aux jeunes, " se dire que, oui, le VIH fait partie des choses que l'on peut éviter".

Elle confirme même que parler préservatif est un peu redevenu tabou "par pour nous et les associations, on en parle, on en distribue!" et aussi "pour éviter les grossesses non désirées!"

Le rôle également de ces associations, c'est la prévention des stigmatisations, l'homophobie, transphobie et ici sérophobie. "Beaucoup ne font pas la différence entre séropositifs et malade du Sida".

"Avec le Covid également, beaucoup de personnes séropositives étant en arrêt maladie parce qu'elles devaient se protéger aussi (immunodéprimées, NDLR), avaient peur d'être discriminées", au travail par le patron  ou les collègues.

Le SIDA, c'est quoi ?

Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) affaiblit le système immunitaire. À un stade avancé, il rend donc l’organisme vulnérable aux infections. Il peut se transmettre par voie sexuelle ou sanguine mais également, de la femme enceinte à son enfant. 

Dans un premier temps, la personne est porteuse du VIH sans être malade : on dit qu'elle est séropositive. Si elle ne suit pas un traitement, son immunité diminue et l'organisme n'est plus en mesure de combattre le VIH et la personne présente des pathologies caractéristiques du sida (syndrome d'immunodéficience acquise).

En savoir plus 

Informer pour éviter la stigmatisation

A la veille de cette 32e journée internationale de lutte contre le Sida, les instances de santé et associations appellent à une mobilisation. Pour éviter de nouvelles contaminations, inciter au dépistage mais aussi pour favoriser l'information autour de cette maladie dont la méconnaissance mène parfois à la stigmatisation des porteurs du virus (séropositifs) comme des malades.

Dans un sondage* sur les connaissances des Français sur le SIDA, on apprend que certains lycéens pensent que la maladie n'existe plus !

Le sondage s'intitule "Sérophobie 2021", l'occasion de rappeler que souvent les peurs se nourrissent d'un manque d'informations. Ainsi si 79% des Français se disent bien informés (ou pensent l'être) sur le sujet, un tiers des 15-24 ans ne partagent pas cet avis... Ce même sondage montre une forme de malaise des personnes interrogées vis-à-vis des personnes séropositives.

Il faut dire que depuis 15 ans, de nombreuses avancées thérapeutiques ont permis de changer le quotidien des personnes séropositives dont le diagnostic n'est plus synonyme d'issu fatale. Et le compte-rendu du sondage nous le rappelle "une personne séropositive sous traitement et dont la charge virale est dite indétectable depuis plus de 6 mois ne peut transmettre le VIH, même lors d’un rapport sexuel sans préservatif. Une réalité scientifique prouvée depuis près de 15 ans !" Mais les anciens schémas et stéréotypes ont la vie dure.

Changer le regard sur la séropositivité, c'est l'enjeu de cette nouvelle campagne "Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre ", pour "déconstruire les idées reçues pour lutter contre les stigmatisations et inciter au dépistage

*L'enquête d’opinion  a été réalisée par l’Institut CSA pour le Crips : « Le rapport des Français(es) au VIH/sida 40 ans après son apparition : évaluation des connaissances et des perceptions ».

Journée internationale et  actions en Gironde

  • Mardi 30 novembre,

De 11h à 17h sur la Place André Meunier à Bordeaux 
De 11h à 14h : Stand d'information et de prévention par les étudiants de l'IUT Carrières sociales

  • Mercredi 1er décembre

De 11h à 17h sur la Place de la Victoire à Bordeaux
Une soupe géante sera servie tout au long de la journée
À 13h : Déroulement du ruban rouge géant & Point presse en présence de Jacques Raynaud

  • Jeudi 2 décembre

De 11h à 17h à l'Université Montaigne/Montesquieu à Pessac 

  • Vendredi 3 décembre

De 8h à 12h au Pôle social Ravezies à Bordeaux
De 14h à 18h au Centre d'Accueil d'Urgence Tregey à Bordeaux

Semaine de dépistage du VIH/SIDA du 29 au 3 décembre 2021

A l'occasion de la 33ème Journée mondiale de lutte contre le sida, le Département de la Gironde avec son Centre Gratuit d'Information de Dépistage et de Diagnostic, le CeGIDD, en étroite collaboration avec le Collectif SIDA 33 et tous les partenaires associatifs, organisent 5 journées de prévention en santé sexuelle avec propositions de dépistages du VIH, rapides, gratuits et confidentiels sur 6 lieux différents :

Des Acteurs de l'information et du dépistage :

  • Le centre dépistage des Infections sexuellement transmissibles (CeGIDD) propose des consultations gratuites, accessibles à toutes et tous, qui permettent le dépistage et le diagnostic du VIH, des hépatites, des Infections Sexuellement Transmissibles (IST), le traitement et la vaccination contre certaines IST. C'est également un lieu d'écoute (18 000 consultations par an).  
  • Les Centres de Planification et d'Education Familiale (CPEF) sont des relais sur le territoire dans la lutte contre le VIH et aussi dans l'accompagnement global en santé sexuelle, en proposant notamment le dépistage et traitement des IST.

En savoir plus sur :

le CeGIDD

les Centres de Planification et d'Education Familiale (CPEF) de Gironde

 

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