"Je n'avais pas le choix " : elles ont dépassé l'âge de la retraite, mais continuent de travailler, faute de revenus suffisants

En France, le minimum de pension de retraite s’établit à 746,71 euros. Un montant trop faible pour de nombreux retraités, qui choisissent de poursuivre leur activité, malgré les douleurs et la fatigue liées à l’âge. Le phénomène se retrouve surtout chez les femmes, plus sujettes aux temps partiels.

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Malgré la peau plissée, malgré les cheveux blancs, Rosa s’active comme si elle avait 20 ans. “Si je travaille, je ne vieillis pas”, lance cette femme de ménage, comme pour s’en persuader. Ses 20 bougies pourtant, elle les a soufflées il y a de nombreuses années.

68 ans et demi

À 68 ans “et demi”, elle effectue encore le ménage dans des locaux professionnels. Plusieurs milliers de mètres carrés, et trois étages, qu’elle nettoie trois fois par semaine, en quelques heures, très matinales. “Je me lève à 5 h 45. Je suis au travail à 6 h 30. Un petit café, quelques mots avec les filles qui travaillent avec moi et c’est parti jusqu’à 10 h 45”, liste Rosa. Une matinée intense, qu’elle ponctue obligatoirement d’une sieste. “Je dors trois quarts d’heure parce que mon corps me dit qu’il faut se reposer”, confie-t-elle dans un sourire.

Bientôt, ils vont nous faire faire le ménage avec la canne.

Rosa,

Femme de ménage et retraitée

Ce rythme, Rosa aurait pourtant pu le quitter, en 2018, lorsqu’elle atteint l’âge de partir à la retraite. Un crédit à la consommation de 180 euros mensuels, un second “pour la voiture" de 90 euros, les factures qui s’accumulent chaque mois et la nourriture “qui augmente sans cesse” ont eu raison de ses envies de repos. “Une fois que j’ai tout payé, il ne me reste pas grand-chose sur ma retraite, alors, je travaille”, résume Rosa.

Elle espère définitivement partir à la retraite dans quelques mois, au terme de son crédit à la consommation et d’un déménagement “dans un logement salubre”. “Sans ce crédit, je vais pouvoir avoir un peu de marge pour m’en sortir. La retraite, c’est quand je n’aurai plus de problème d’argent”, explique-t-elle. Dans tous les cas, l’un de ses fils a été clair : “Maman, tu t’arrêtes à 70 ans”. 

Plus la force

Jongler entre les faiblesses de l’âge et celles du porte-monnaie, Nina en a aussi fait son quotidien. À 62 ans, elle aurait dû partir à la retraite en janvier 2024. Mais quand elle a reçu le montant de sa pension, la décision a été immédiate. “J’ai moins de 1000 euros de retraite. Si je veux m’alimenter, je n’avais pas d’autre choix que de reprendre une activité”, souffle-t-elle.

Elle a alors tenté de se ménager “un peu”. Auparavant aide à la personne, Nina s’est reconvertie en aide ménagère “en chèque CESU”. “Au moins, je peux contrôler mes heures, dix par semaine. Je n’ai pas la force physique de faire davantage”, explique Nina, presque à demi-mots. 

Récemment guérie d’une grave maladie et malgré une vie de travail, Nina semble vouloir se cacher. Ou plutôt, dissimuler cette vie double, de travailleuse retraitée. “Ce n’est pas normal de travailler aussi longtemps, mais on n’a pas le choix. Mais au moins, je peux payer mes factures, c’est ce qui tient mon corps”, tente-t-elle de positiver.

Moins de 811 euros par mois

Des femmes aux carrières éprouvantes, des vies à temps partiel qui ne semblent pourtant jamais s’achever. “Ces situations me révoltent. Ce sont des métiers usants et fatigants, certains sont déjà malades avant même l’âge de départ”, fulmine Karima, déléguée CGT chez Adomi. Avec 97% des femmes qui “subissent le temps partiel”, la syndicaliste dénonce une forme de fatalisme. “Comme aujourd’hui ces situations sont de plus en plus nombreuses, on voit ça comme une normalité”, regrette Karima.

Ce n’est pas normal qu’une personne qui a travaillé toute sa vie ne puisse pas bénéficier de sa retraite.

Karima,

Déléguée CGT chez Adomi

Karima espère que le gouvernement “entendra” les revendications de ces professions. À l’occasion de cette journée mondiale du refus de la misère, associations et syndicats tirent la sonnette d’alarme. En 2022, déjà, 9,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, actifs comme retraités. Ce seuil est établi à 811 euros pour une personne seule. 

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