Quatre ans après le début du mouvement, des rassemblements étaient organisés dans la région, notamment contre la vie chère ou la réintégration des personnels soignants non vaccinés dans les hôpitaux. Mais la faible mobilisation à Pau comme à Bordeaux ne semblent pas refléter un véritable retour du mouvement.
S'ils souhaitaient une forte mobilisation, elle reste timide ce samedi 7 janvier. A Pau, on comptait au départ de la manifestation prévue à 10 heures Place de Verdun, seulement près de 70 personnes. Ici, les personnes s'étaient rassemblées dans le but de dénoncer la baisse du pouvoir d'achat, mais ils demandaient également la réintégration des personnels soignants non vaccinés dans les hôpitaux.
A Bordeaux, en début d'après-midi, le rassemblement n'avait rien à voir avec les grandes heures du mouvement. Près de 200 personnes avaient répondu à l'appel du mouvement. Un mouvement qui, depuis l'origine, est difficile à cerner tant les revendications comme les représentants sont multiples, mais qui avait réussi à "fédérer" des milliers de mécontents à l'hiver 2018/2019.
Des gouvernants "cyniques et "hors-sol"
Ce "retour" des gilets jaunes, comme l'indiquent nos confrères de FranceInfo, serait motivé par diverses requêtes : dénoncer l'inflation, les réformes des retraites et de l'assurance-chômage, la crise de l'énergie... "Nous appelons les travailleurs syndiqués ou non, les chômeurs, les retraités, à organiser une lutte d'ensemble pour cette année 2023. Car l'actuelle gestion néolibérale du pays, orchestrée par Macron est en train de détruire tous les droits sociaux pour lesquelles les anciennes générations se sont battues", a détaillé au Journal du dimanche l'un des organisateurs de la manifestation à Paris.
Dans le cortège bordelais, Marc Morisset, un élu de Bordeaux Métropole et de Saint-Médard-en-Jalles explique avec vigueur qu'il manifeste depuis juillet 2021. Il se plaint notamment des médias "Il y a énormément de censure". Mais que la colère est toujours là : "les gens en ont marre d'un point de vue social, des inégalités, des injustices et aussi de la gouvernance, de la façon d'aborder les sujets à la fois cynique et hors-sol !" Et le gilet jaune, sans gilet sur le dos ce jour-là en tout cas, de réclamer la destitution d'Emmanuel Macron.
"Quand je vois que le paquet de yaourts est à 1,55 euro ..."
Parmi les manifestants, beaucoup dénoncent la vie chère, le ras-le-bol de ne plus arriver à remplir le cabas pour la famille. Des mamans solos font partie du petit cortège à Pau. La première explique qu'elle est toute seule à élever ses enfants, dont un petit garçon autiste. "Le dossier MDPH (droits et prestations liées au handicap, ndlr) est au point mort. Je suis agent d'entretien, mais je ne peux pas trop travailler parce que je suis aidante pour mon fils... Quand je vois que le paquet de yaourts est à 1,55 euro et bien, moi, je ne mange plus de yaourt ! Je laisse les quatre pour mes enfants".
Côté budget, elle est amère : " Moi, je travaille. Quand on fait l'actualisation avec la CAF, on est dans un monde où on touche moins si on travaille, que si on restait à ne rien faire !"
La deuxième poursuit : "on ne vit plus, on survit (...) et vous allez faire les courses avec la boule au ventre !". Les aides ? "C'est de la poudre de perlimpinpin. C'est pas une fois par an qu'on a besoin, c'est toute l'année".
Cette autre femme se dit retraitée. Elle explique ne pas avoir de souci d'argent, mais qu'elle n'en peut plus : "J'en ai marre de la délinquance. J'en ai marre des hôpitaux qui ne sont pas respectés et qu'on ait pas réintégré les infirmiers et qu'il manque des lits...! (...) Ça faisait longtemps que je voulais revenir (manifester avec les gilets jaunes, ndlr). J'attendais le déclenchement (...) Tant que c'est apolitique, je reviendrais".