Tuberculose bovine : contraints d'abattre toutes leurs bêtes au premier test positif, les éleveurs demandent de diagnostics plus fiables

La campagne de mesures préventives, dite prophylaxie, concernant la tuberculose bovine, démarre le 1ᵉʳ octobre jusqu’au 31 mai. Ces mesures entraînent souvent, en cas de détection de la maladie, l’abattage préventif de tout le cheptel des éleveurs. Des mesures coûteuses contre lesquelles s’insurgent les éleveurs.

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Ce jeudi 12 septembre, au pied de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, les fumigènes rouges colorent l’atmosphère et donne le ton. Les éleveurs bovins du département tirent la sonnette d’alarme, à quelques jours du début de la nouvelle campagne de prophylaxie bovine, qui démarre le 1ᵉʳ octobre. “On veut montrer à Paris qu’on ne peut pas subir de surtransposition sanitaire, on est déjà au point mort”, explique Damien Coustille-Cossou, co-président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques.

L'abattage comme solution

Pour éviter la propagation de cette maladie contagieuse, les éleveurs doivent en effet réaliser, au moins une fois par an, des tests. Si le test à la tuberculine est mis en place depuis longtemps, un second, l’Interféron gamma est désormais utilisé. “Il permet de réduire la durée de blocage des élevages suspectés d’infection et de limiter le nombre d’abattages d’animaux suspects”, précise le ministère de l’Agriculture. En cas de détection de la maladie, l’abattage des animaux contaminés, ainsi que ceux qui auraient été en contact avec eux est obligatoire. 

La seule solution aujourd'hui c’est l'abattage des bêtes.

Damien Coustille-Coussou,

co-président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques

Une vache malade : 200 bêtes abattues 

En Gironde, le cas de Bérénice Walton, en mai 2024, avait ému de nombreux internautes. La jeune éleveuse de Bazadaises avait été contrainte d’abattre ses 200 vaches, afin de mettre en place un vide sanitaire dans son exploitation.“Cette année, le ciel nous tombe sur la tête”, confiait-elle, en mai dernier. Une seule vache avait alors été testée positive. "Nous n’avons plus d’élevage, plus d’activité, les charges et les emprunts courent, sans savoir quand sera versée l’indemnité. C’est incroyable, mais aucune date n’est donnée”, précisait alors l’éleveuse.

Pour limiter les pertes, certaines dérogations peuvent cependant être accordées. C’est le cas de Vincent Chevalarias, à Lusignac, en Dordogne. Il y a quatre ans, une de ses vaches est positive à la maladie. Pourtant, en respectant des règles strictes, il a pu éviter l’abattoir aux 175 vaches de son cheptel : des mesures de confinement et d’interdiction de pâture pour éviter la propagation possible de la maladie. "Il faut que le nombre d'animaux touchés dans le troupeau soit très limité", explique Nicolas Corboz, responsable du Groupement de Défense Sanitaire 24. "Et il faut que l'éleveur empêche la diffusion de la maladie aux élevages voisins, avec la gestion de voisinage du pâturage et la gestion du fumier".

Les éleveurs dont le cheptel est touché ont également “l’obligation de suivre une formation à la biosécurité pour recouvrer un statut indemne. L’obligation vaut également pour les éleveurs des troupeaux en lien épidémiologique de voisinage avec les foyers”, indique le ministère de l’Agriculture.

Véracité des tests en question

Les éleveurs pointent aussi un manque de fiabilité des tests. Ce fut le cas d’un agriculteur de Landignac-le-Long, en Haute-Vienne, en janvier. Il a dû tuer sept bovins et jeté l’intégralité de sa production de lait après la détection de cas dans son exploitation. Mais le résultat était faussé, l'échantillon avait été contaminé en laboratoire. A la dernière minute, l'éleveur a pu préserver le reste de son cheptel. 
“Il faut prendre du recul, bien suivre les analyses et ne pas mal interpréter les résultats pour ne pas faire subir ça aux agriculteurs derrière. Ça va trop vite et les conséquences sont bien plus lourdes que ce que l’on peut imaginer quand on n'est pas dans le monde agricole”, indiquait le producteur laitier.

Ce jeudi matin, devant la préfecture de Pau, les éleveurs demandent à nouveau des contrôles plus précis. “On est aujourd'hui à un point ou la véracité de ces contrôles peut être remise en cause. Nous avons besoin d’expérimentation fiable sur la maladie”, avance Damien Coustille-Cossou.

Faune sauvage

Pour faire face à ces pertes de chiffre d'affaires, les forfaits d’indemnisation ont été revalorisés depuis février 2023. “Ces abattages dits “diagnostiques” ouvrent un droit à une indemnisation de l’État pour inciter les électeurs à éliminer les animaux suspects tout en leur permettant de racheter un bovin de remplacement”, indique le ministère de l’Agriculture.

Insuffisant pour de nombreux éleveurs, pour certains encore en attente d’indemnisation. “La tuberculose est présente partout. C’est une maladie en perpétuel mouvement. On est en contrainte permanente”, indique le co-président des Jeunes agriculteurs du 64, qui indique manifester pour “apporter des éléments techniques et être des supports pour des propositions.”

Eux demandent notamment une évolution des protocoles, avec une accélération du travail sur la faune sauvage, “pour qu'à l’avenir les éleveurs n’aient plus à subir l’abattage de leurs vaches”. “Le travail sur la faune sauvage doit être accéléré, au même rythme que la prophylaxie et la biosécurité, afin que notre territoire soit débarrassé de cette maladie”, détaille le syndicat agricole.

La tuberculose bovine est transmise par voies aériennes au travers de la Mycobacterium bovis, une bactérie qui touche toutes les espèces, celle de l’homme compris. Elle est particulièrement présente dans la faune sauvage, les renards et les blaireaux en premier lieu. En avril 2023, une campagne de vaccination des blaireaux a d’ailleurs été mise en place.
En France, une centaine de cas est détectée chaque année. Un chiffre inférieur à 0,1% de prévalence, qui permet au pays de conserver son statut “indemne”, obligatoire pour commercialiser sa viande à l’étranger.

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