Au cœur du bras de fer : la gestion du centre naturiste Euronat. Florence Legrand, la maire sortante de Grayan-et-l'Hôpital en Gironde a été sèchement battue à l'issue des élections municipales ce dimanche 21 janvier. Les électeurs étaient appelés aux urnes après la démission d'une large partie du conseil municipal.
L’hiver n’a pas freiné les habitants de Grayan-et-l’Hôpital, venus nombreux au dépouillement. Ce dimanche soir, le résultat est sans appel dans la petite commune du Médoc et beaucoup laissent éclater leur joie. La liste d’opposition de Jacky Nicaise a remporté l’élection avec 74.4 % des suffrages. Le scrutin a mobilisé de nombreux électeurs avec un taux de participation digne des grands soirs. 80 % de la population s’est déplacée. C’est sept points de plus par rapport à la dernière élection.
La preuve pour celui qui dans quelques jours portera l’écharpe tricolore, que le village a souhaité tourner une page. Dès l’annonce des résultats, Jacky Nicaise n’est pas tendre avec la maire sortante Florence Legrand. "Lorsqu’on gouverne contre la volonté de la population, ça ne peut pas durer éternellement. Quand on a peur de rencontrer la population, comme c’était le cas parce qu’elle avait peur de l’agressivité qu’elle ressentait, n’est-ce pas un échec pour une élue au bout de quatre ans de gouvernance ? Les habitants n’ont pas été dupes. Ils ont bien compris ce qui s’était passé. Elle a pu leur mentir pendant quelques années, mais là, c'est terminé."
Un village coupé en deux
Voilà maintenant plusieurs mois que le village de 1 500 âmes est sous tension. En cause, un litige autour du centre naturiste Euronat, installé sur la commune. La cour régionale des comptes le soupçonne d'avoir bénéficié d'exonérations d'un montant total de 9 millions d'euros.
Le site aurait également pris quelques largesses, notamment en installant des bungalows bien au-delà du nombre autorisé. En clair, des avantages lui auraient été accordés par les municipalités successives. La maire sortante a engagé une procédure judiciaire et demandé la résiliation du bail qui lie la commune à Euronat et a réclamé une augmentation du loyer versée par le centre naturiste.
Si certains habitants estiment qu’elle n’avait peut-être pas tout à fait tort sur le fond, ils réprouvent la méthode qu’ils jugent trop brutale. Parmi eux, Xavier Vandermeiren. Selon lui, le résultat de cette élection partielle signe "le retour à la démocratie".
"Il y a eu un manque de concertation, un manque de confiance vis-à-vis de la population et des décisions qui ont été unilatérales. Ce qui explique sûrement le résultat de ce soir. Je pense qu’elle s’est trompée par rapport à la commune. La commune va revivre, les actions étaient figées. Ça va être un renouveau et aux prochaines vacances, tout sera oublié".
Je ne regrette rien de ce que j'ai dit ou de ce que j'ai fait
Florence Legrand , maire sortante Grayan-et-l'HôpitalFrance 3 Aquitaine
Une critique balayée par la maire défaite, Florence Legrand, qui affirme ne rien regretter. "J’étais obligée de dénoncer ce qui se passait. Sinon j’aurais été considéré comme complice de ce que j’ai vu et je suis donc très heureuse d’avoir dit ce que j’ai dit et fait ce que j’ai fait. Nous avons fait revivre le village, nous avons un bilan exceptionnel. Nous sortons d’une campagne pleine de violence, de manipulation, je fais confiance à la justice pour avancer". Celle qui avait été élue en 2020, s’interroge et se demande si la nouvelle équipe va laisser la justice poursuivre son travail.
Renouer le dialogue avec Euronat
À ce sujet, Jacky Nicaise estime qu’Euronat a été "un écran de fumée qui cachait ses insuffisances" et assure qu’il ne retirera pas la commune de la procédure". En revanche, l’ancien colonel de l’armée, âgé de 74 ans, insiste sur le fait qu’il va falloir renouer le dialogue avec le premier employeur de la commune. "Car ce n’est pas le camping, mais bel et bien Euronat qui est la première rentrée d’argent ! Il faut se rapprocher de cette société, et on fera en sorte qu’elle paie le juste prix, sans la mettre en difficulté !"
Parce que l’enjeu est bien là, ne pas voir partir le plus grand site naturiste d'Europe, installé depuis 1975 dans la station balnéaire.