Personnels épuisés, démissions, profession peu attractive : des communes rurales aux grandes villes, en Gironde, aucune ne semble échapper au manque d’accompagnants pour soutenir les enfants en situation de handicap en milieu scolaire.
Le constat est alarmant et pourtant, il n’est pas nouveau. Des enfants sont privés d’écoles à cause de leur handicap et du manque d’accompagnateurs spécialisés. Une situation qui oblige les familles à s’adapter.
C’est le cas de Flore. Elle est la maman d’Apoline. Sa petite fille est scolarisée à l’école élémentaire de Salleboeuf en Gironde.
Ce lundi matin, comme chaque jour, elle va donc chercher son enfant à 10 h 15, après à peine deux heures d’école. Contrairement aux autres enfants, Apoline ne peut y rester davantage. C’est le moment de la récréation, et la petite fille doit déjà partir, car elle n’a pas d’AESH ( accompagnant d'élèves en situation de handicap) ni en classe, ni dans la cour. "Ce serait trop dangereux" confie sa mère.
Un cas loin d’être isolé
Un contexte lourd de conséquences pour les apprentissages. Sa maman s'inquiète de sa progression. "Elle régresse, elle n’évolue pas comme elle devrait. Même si on lui fait faire des activités à la maison, ce n’est pas la même chose", nous dit-elle, une fois rentrée au domicile.
Même angoisse pour Eva, la maman d’Édouard. Le petit garçon est autiste. Il est dans la même école qu’Apoline et comme elle, il n’a pas d’AESH.
Devant la situation, Eva a décidé de prendre les choses en main. Elle a donc trouvé une éducatrice spécialisée TSA (des troubles du spectre de l'autisme). Avec l’accord de l’établissement scolaire, elle a réussi à obtenir son accompagnement. L’éducatrice aide l’enfant dans son quotidien en classe, mais guide aussi les enseignants et l’équipe d’animateurs pour comprendre la pathologie et leur donner des outils. Le tout, aux frais de la famille. Pallier l'absence d'AESH sur le long terme n’est pas tenable. Mais comment faire autrement ?
Manque de professionnels
Les accompagnants d'élèves en situation de handicap ne sont pas assez nombreux ni en Gironde ni en France. La profession, essentiellement composée de femmes, souffre de reconnaissance. Les tâches sont multiples, et les AESH peuvent accompagner plusieurs enfants à la fois, aux pathologies très différentes, dans plusieurs établissements. Les trajets ne sont pas remboursés et le métier mal payé. Ce sont des contrats à temps partiel, d'un maximum de 24 heures par semaine, pour une rémunération d'environ 800 euros par mois, selon les syndicats.
C'est la raison pour laquelle l’Éducation nationale peine à recruter. À cela, il faut ajouter une autre problématique : le nombre de démissions. Trente en Gironde durant l’été 2022, selon la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Un chiffre qui peut paraître anodin, mais qui est loin de l’être au regard des besoins.
Dans un rapport publié le 25 août 2022, la Défenseure des droits alertait sur l'accueil des enfants en situation de handicap dans les salles de classe françaises. Claire Hédon mesurait alors les "avancées" réalisées, mais estimait que c'était encore "largement insuffisant". "L'école inclusive ne fonctionne pas comme elle le devrait."
Le département compte 2700 AESH pour 8 881 élèves en situation de handicap. Parmi ces derniers, 7 019 bénéficient d’un accompagnement à des degrés divers.