Alors que la forêt fume encore, quatre mois après, comment se prépare l'avenir ? Après ces feux qui ont ravagé 30 000 hectares de forêt durant l'été 2022, comment les sylviculteurs envisagent leur domaine, comment prévenir de tels drames qui laissent des sinistrés démunis ? Sandrine Papin sillonne les secteurs brûlés à la rencontre de ceux qui ont vécu ce traumatisme et qui se projettent sur la forêt et sa défense demain.
Des flammes immenses, un ciel incandescent, des panaches de fumées à perte de vue, tout commence le 12 juillet, La Teste de Buch sur le bassin d’Arcachon puis Landiras, dans le sud Gironde. Deux incendies à moins d'une heure et demie d’intervalle et le début d’une guerre sans merci contre des feux hors norme après des semaines de sécheresse et de températures record. Ces gigantesques incendies resteront longtemps gravés dans nos mémoires.
La forêt défigurée
Le pays découvre la plus grande forêt de résineux d’Europe embrasée. La Teste-de-Buch, Landiras, Belin-Beliet, Saint Magne et bien d’autres communes de Gironde sont la proie des brasiers qui prennent de l'ampleur car le vent est soutenu.
Encore aujourd'hui, du côté du domaine d'Hostens, la terre dégage des fumées, quatre mois après.
Un traumatisme pour longtemps
Dans les villages, les habitants sont sommés de quitter leur maison. Un traumatisme toujours vif. Et maintenant une galère pour les sinistrés pour qui un autre combat a vu le jour : un combat administratif qui risque de durer encore longtemps pour être indemnisé.
Quelle stratégie pour lutter contre les feux
"Agir à feu naissant" dit le responsable de la DFCI ( association de défense de la forêt contre les incendies ), Bruno Lafon. Un changement de stratégie pour la région, habituée à intervenir plutôt au sol. Dorénavant, la solution préconisée vient plutôt du ciel. Les Canadair et les Dash sont indispensables pour attaquer les feux naissants.
Quelle renaissance pour la forêt et la sylviculture ?
Le traumatisme est vif aussi pour les sylviculteurs dans cette forêt qui est source d'emplois dans les secteurs brûlés. Alors le temps presse, la priorité, c'est de sauver le bois touché par les flammes, de le repérer, le couper avant qu’il ne se dégrade, pour mieux le valoriser.
Et puis quelle suite ? Replanter ou laisser la place à la régénération naturelle ? Les pratiques divergent selon les professionnels.
La reconstruction va prendre du temps, au minimum une quarantaine d’années pour reconstituer le paysage dit-on.
D’ici là, le pin maritime doit-il rester le roi de la forêt ? Des scientifiques de renommée internationale travaillent déjà sur le sujet à Bordeaux où des expérimentations sont menées pour savoir quelle espèce peut s'adapter au mieux au contexte climatique et local. Les premiers résultats mettent en avant un pin espagnol, originaire de Barcelone. Il tient la corde.