Tags sur les mosquées, le planning familial, les permanences des élus, agressions lors de la marche des fiertés, expédition punitive dans le quartier Saint-Michel, depuis plusieurs mois, les incidents causés par la mouvance identitaire se multiplient à Bordeaux. Constituent-ils un danger pour la démocratie. Dimanche en Politique ouvre le débat.
C'est un jugement très attendu. Mardi 16 mai, le tribunal correctionnel de Bordeaux doit communiquer sa décision dans l'affaire de l'expédition punitive du quartier Saint-Michel au printemps dernier. Huit militants de la mouvance identitaire locale ont comparu fin mars, certains en minimisant les faits à l'audience. Ce fut l'occasion de voir les visages de cette ultradroite qui inquiète au plan national les plus hauts responsables de la lutte anti-terroriste. Et leur idéologie proche du fascisme pour certains.
Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic apporte son analyse. "Je ne sais pas s’ils sont plus nombreux à Bordeaux qu’ailleurs, mais ils sont plus visibles. Il y a toujours eu un noyau dur de cette mouvance ici. Ce qui m’inquiète aussi ce sont les chiffres nationaux. 45% des arrestations liées à cette mouvance en Europe sont en France. Mais à Bordeaux, ils sont aussi en territoire de tolérance zéro. J’ai ainsi systématiquement déposé plainte contre leurs actions."
En tant que maire, je suis dans leur collimateur. Je n'entends pas les louper non plus.
Pierr Hurmic - maire écologiste EELV de BordeauxDimanche en politique
Alors que les manifestations de l'ultradroite sont au cœur de l'actualité en France, interdites d'ailleurs durant ce week-end, la mouvance est active, réactivée depuis une certaine mandature. Le site Rue89Bordeaux enquête régulièrement sur le sujet.
Il y a une nouvelle politique à Bordeaux, un changement de bord qui agite cette mouvance. Elle existait auparavant, mais dans des cercles cachés.
Walid Salem - Directeur du site Rue89BordeauxDimanche en politique
"Depuis trois ans (NDLR: et l'élection du maire écologiste), ces personnes sont sorties du bois et ne cachent pas leur référence historique fasciste. On l'a vu lors du procès de l'affaire de Saint-Michel" poursuit Walid Salem.
Le politologue Jean Petaux partage son avis : "Si on parle des activistes, ils se sont réveillés, notamment sur les réseaux sociaux qui nationalisent les questions locales. Mais si on évoque la droite révolutionnaire, l'action française était très importante avant la deuxième guerre mondiale. Il faut aussi se souvenir que c'est à Bordeaux que la République a fait naufrage en 1940, avec un maire Adrien Marquet qui a été ministre de l'Intérieur de Vichy pendant trois mois".